Sonia Backes : 100 % pour la France, 100 % Calédonienne

Présidente élue des Républicains calédoniens depuis le 7 décembre dernier, Sonia Backes risque de s’attirer les foudres d’une famille loyaliste dépitée de ne pas l’avoir écoutée plus tôt. Tant il peut être préjudiciable en politique d’avoir raison trop tôt. 100 % décomplexée à cet égard, elle saura tenir la barre en ces périodes de houles incertaines. Sans varier de cap. C’est ce qu’elle nous explique…

Quelle année 2018 souhaitez-vous aux Calédoniens en général ? 

Avant tout, je souhaite à chacun le meilleur pour sa santé, le meilleur pour sa famille. Je nous souhaite ensuite à tous que la Nouvelle-Calédonie renoue avec l’espoir et la confiance. Car 2018 sera une année déterminante. Nous avons rendez-vous avec l’histoire et nous nous devons d’être à la hauteur de ce rendez-vous. Il nous appartient à nous, les élus, de redonner confiance aux Calédoniens. Il nous faut dessiner l’avenir, le nôtre, et celui de nos enfants, un avenir serein, dans la paix et la prospérité. Pour que chacun trouve sa place et qu’ensemble, sans distinction, sans discrimination, nous puissions construire la Calédonie de demain : une Calédonie riche de ses diversités et de ses valeurs. Une Calédonie qui rayonne dans le Pacifique et dans le monde grâce à des hommes et des femmes qui privilégient l’intérêt général.

… Et plus particulièrement aux adhérents qui ont rejoint votre parti, Les Républicains calédoniens ? 

à eux, je souhaite avant tout dire merci. Merci pour la confiance qu’ils nous accordent et les nombreux témoignages qu’ils nous adressent. Je veux leur dire que le sens de mon engagement n’a jamais changé. Je suis intimement convaincue que la meilleure option pour la Calédonie reste la France. Ensemble, nous allons tout faire pour que les Calédoniens se retrouvent dans notre projet, dans la République française.

Vous vous définissez comme le seul parti vraiment loyaliste ? Revendiquez-vous également une part d’héritage du mouvement initié par Jacques Lafleur ? 

Il y a aujourd’hui quatre groupes politiques au Congrès. Deux sont indépendantistes, un s’est clairement positionné comme « nationaliste ». Et puis il y a nous, qui n’avons jamais été ambigus sur notre volonté de maintenir la Calédonie dans la France. Les mots ont un sens. En France, qui est une et indivisible, la Nation et l’état c’est la même chose ! Être nationaliste c’est donc, à terme, envisager l’indépendance. C’est le chemin qu’a choisi Calédonie ensemble, avec l’accord tacite des autres membres de la plateforme. Nous, en revanche, sommes fiers de ce que nous défendons : une Calédonie dans la France, dans une société ouverte sur le monde, où l’esprit pionnier retrouve toute sa place.

Concernant plus directement Jacques Lafleur, je pense que nul ne peut se prévaloir de son héritage politique, et certainement pas Philippe Gomès qui l’a trahi le premier. Mais je me revendique de ses idées, de ses convictions et de son amour pour la Nouvelle-Calédonie. Jacques Lafleur nous a cédé en héritage, avec Jean-Marie Tjibaou, une Calédonie en paix, prospère, où il faisait bon vivre. Quelques mois avant de nous quitter, il a prononcé ces mots dont nous avons fait le socle de notre parti politique : « Aucune volonté, aucune idéologie, aucune subversion ne pourra dissoudre entre la Nouvelle-Calédonie et la France les liens de l’histoire, du sang et du cœur ».

Vous l’avez dit, Les Républicains calédoniens feront campagne pour une très large victoire du oui à la France au référendum. Pensez-vous pouvoir convaincre des électeurs indépendantistes de voter en faveur du maintien de la Calédonie dans la République ? 

Je suis convaincue que certains électeurs, qui votent indépendantiste aux élections locales, sont bien conscients de ce qu’ils auraient à perdre en cas d’indépendance.

D’abord sur le plan de la qualité de vie au quotidien. Les bourses, les retraites de solidarité, l’aide médicale, des soins médicaux de qualité… ne pourraient plus être assurés si 168 milliards de transferts de la France venaient à ne plus être versés. Ensuite, sur la garantie des libertés fondamentales : avec une justice non partisane, un passeport qui permet de se déplacer partout dans le monde… Tout cela, c’est la France qui nous l’octroie. Alors oui, certains indépendantistes ont pris conscience de tout cela et ne croient plus aux discours incantatoires de leurs leaders. Et nous allons continuer à nous rendre sur le terrain, partout, pour aller à leur rencontre et expliquer cela sans relâche, jusqu’au référendum.

Objectif ?

évident : une large victoire du camp de la France permettra de construire l’avenir sur des bases solides, de s’approprier enfin les compétences transférées,  et, à l’aune d’une visibilité retrouvée, de fonder un véritable projet de société pour la Calédonie.

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L’après-référendum et la solution québécoise de Sonia Backes

Et maintenant, que va-t-on faire, pour plagier la chanson de Bécaud ? « Une solution existe : elle nous vient du Québec », répondait Sonia Backes dans son ouvrage, Libre, publié en début d’année. Petit rappel. 

De quoi s’agit-il ? « Un nombre significatif de Québécois représentatifs de toutes les communes peut proposer l’organisation d’un référendum d’initiative populaire sur l’indépendance de leur province. La Nouvelle-Calédonie pourrait s’en inspirer. L’engagement référendaire d’initiative populaire, que je propose, pourrait s’articuler ainsi :


La Nouvelle-Calédonie est une collectivité faisant partie intégrante du territoire de la République française avec toute l’autonomie que nous lui connaissons aujourd’hui, aussi longtemps qu’une majorité de Calédoniens n’a pas décidé, par référendum, du contraire.


La revendication indépendantiste n’est pas éteinte et pourrait à l’avenir s’exprimer localement par voie référendaire.


Pour déclencher un référendum local sur l’indépendance, il faut recueillir en mairie la signature de la moitié des personnes inscrites sur les listes électorales. Cette pétition s’organise formellement et en mairie, dans le cadre d’une organisation officielle.

Une solution équilibrée, qui ne stigmatise aucun camp au détriment de l’autre, mais reconnaît aux indépendantistes un possible accès démocratique à leur revendication de pleine souveraineté, évite les échéances anxiogènes et permet de se consacrer pleinement au quotidien des Calédoniens », écrivait Sonia Backes