Le duel de maires écrase l’union loyaliste

« Les communes, qui n’ont quasiment pas de fiscalité propre, sont totalement dépendantes des provinces, de la Nouvelle-Calédonie et de l’État pour le financement », regrette Pascal Vittori. © Y.M.

L’élection de Pascal Vittori à la présidence de l’Association française des maires a pris une tournure très politique.

La quête de l’unité tant réclamée dans le camp non indépendantiste a pris un coup d’arrêt. L’élection du président, pour un an, de l’Association française des maires de Nouvelle-Calédonie s’est achevée, jeudi 25 avril, par la victoire de Pascal Vittori face à Sonia Lagarde.  Derrière le score de six voix contre cinq, apparaît une dimension politique claire qui ne renvoie nullement au mode consensuel souvent promu dans pareille enceinte.

La maire de Nouméa briguait un troisième mandat à la tête de l’AFM-NC. Ses espoirs sont tombés sous le coup d’« une vengeance » diront certains, née du scrutin des sénatoriales en septembre 2023. À l’époque, Sonia Lagarde avait affiché une réserve, ce qui avait fortement déplu à la candidate malheureuse Sonia Backès.

Paradoxe de l’affaire, la maire de La Foa, Florence Rolland, colistière municipale de Nicolas Metzdorf, aujourd’hui député Renaissance, et le premier édile de Païta, en tout cas au moment du vote, Willy Gatuhau, suppléant du parlementaire, ont soutenu Pascal Vittori, et non Sonia Lagarde, pourtant représentante locale du parti présidentiel. Autrement dit, le choc du duel à l’AFM-NC a pu être entendu jusqu’à Paris.

« Des propositions écrites »

Le nouveau président de l’association, originaire de Boulouparis, a d’emblée proposé des idées qui lui « tiennent à cœur, notamment le fait que l’on continue à demander à participer aux discussions sur l’avenir institutionnel et que, dans ce cadre-là, on prépare des propositions écrites à la fois sur les compétences des communes et sur leur financement ».

Ces suggestions sur le papier pourraient être partagées avec l’Association des maires de Nouvelle-Calédonie, de tendance indépendantiste, et adressées au ministre des Outre-mer et au Premier ministre. Des ajustements s’imposent, car « le code des communes n’a quasiment pas évolué depuis l’accord de Nouméa », déplore Pascal Vittori.

« Nous sommes très en retard par rapport aux communes de Métropole au niveau des compétences, ce qui nous pose régulièrement problème en matière d’urbanisme, de sécurité… » Exemple cité, en Nouvelle-Calédonie, un maire ne peut pas décréter un couvre-feu. Autre enjeu majeur, vu l’augmentation des charges, les communes doivent surveiller de près leur trésorerie.

Yann Mainguet