Soana Lucet, du 6e km aux Jeux olympiques

La Calédonienne et l’équipe de France ont obtenu en début de semaine le sésame pour les Jeux de Tokyo (du 23 juillet au 9 août) lors des qualifications en Autriche. Retour sur une trajectoire hors norme.

C’était il y a moins d’un an. Soana Lucet était une joueuse de l’élite française parmi des dizaines d’autres. Aujourd’hui, la joueuse de 33 ans a pris, encore une fois, une tout autre dimension, avec en poche un ticket pour les Jeux olympiques.

C’est en août dernier, qu’elle tape dans l’œil des cadres techniques de l’équipe de France lors d’une compétition de basket 3 x 3 (trois contre trois). De fil en aiguille, celle qui n’avait alors joué que des compétitions de basket classique s’approche des Bleues. Suffisamment pour être appelée de stage en stage, puis pour le tournoi de qualification olympique, qui se déroulait le week-end dernier à Graz, en Autriche.

Sur place, l’équation était simple : pour obtenir une place aux Jeux olympiques, la France se devait de finir dans les trois premières d’un classement de vingt équipes. Les meilleures d’un ranking mondial arrêté à la fin de l’année 2019. Le constat d’un temps anté-pandémie qui ne voulait plus rien dire, un an et demi plus tard.

Un chemin ardu

Avec des cartes rebattues, Soana Lucet et ses trois coéquipières arrivaient, malgré tout, en Autriche avec l’étiquette de têtes de série N°1. De quoi faire de ce quatuor un candidat sérieux à la qualification, sans en faire pour autant les favorites de la compétition. Surtout face à des Américaines issues de la WNBA, la ligue de basket la plus prestigieuse et relevée de la planète.

Battue d’entrée de jeu par l’équipe des USA, la France n’a pas failli par la suite, enchaînant trois victoires en poule (Uruguay, Allemagne et Indonésie). Les phases finales auront été plus délicates, avec une victoire en quart arrachée à la Hongrie (18-17), puis une autre au Japon en demi-finale (15-14), synonyme de qualification. Si Soana Lucet n’a pas été toujours très adroite lors des matchs de poule, elle a, en revanche, tenu la baraque lors des matchs couperets. Donnant même un avantage décisif aux Bleues lors de la rencontre contre le Japon.

Club fermé

Un ticket pour Tokyo acquis pour la France, pas encore officiellement pour la Calédonienne, puisque la sélection définitive sera connue dans les prochains jours. Mais son absence serait une énorme surprise, voire une injustice, tant Soana Lucet fait partie intégrante du projet olympique depuis maintenant presque un an.

Ce rêve olympique ne coulait pas de source pour la joueuse calédonienne. Elle, qui avait connu le basket au lycée pour suivre ses copines à l’AS 6e km sans trop s’impliquer d’abord, s’était tellement piquée au jeu qu’elle était partie aux États-Unis. Soana Lucet avait intégré le championnat universitaire féminin après avoir été repérée par les recruteurs lors des Oceania 2006 pour ses capacités physiques. Passée par l’équipe des Wildcats d’Arizona, elle avait ensuite commencé sa carrière professionnelle en France, à Arras. Ont suivi des voyages en Europe, notamment en Allemagne, avant un retour en France et en LBF avec La Roche-Vendée. Jamais réellement proche de l’équipe de France, c’est finalement avec le basket 3 x 3 que Soana Lucet doit désormais intégrer le club très prestigieux et très fermé des Calédoniens athlètes olympiques. Ce n’était jamais arrivé en basket.


Une fierté chez les bleues ciel

Elle est devenue le modèle à suivre pour toutes les jeunes de l’AS 6e km, son club formateur. « On a fait un tournoi le week-end dernier et les petites n’ont qu’une seule obsession maintenant : devenir Soana Lucet », s’amuse, pas peu fière, Brigitte Delaveuve, présidente de la section basket de l’AS 6e km. « C’est magique, ajoute-t-elle. On n’arrive pas encore à réaliser qu’une de nos filles va aller aux JO. Avec son parcours si particulier, Soana est devenue un modèle pour les plus jeunes et pour les femmes en général. »


Le 3 x 3 encore en devenir sur le Caillou

Le basket 3 x 3 n’en est qu’à ses débuts en Nouvelle-Calédonie, mais ils sont prometteurs. Si aucune sélection n’avait pu être inscrite lors des Mini- Jeux de 2017 au Vanuatu, faute de championnat territorial, les choses ont bien changé depuis. Inscrites en 2019 aux Jeux de Samoa, les sélections sont une émanation d’un championnat désormais bien en place. Cette année, il commencera le 13 juin et va durer jusqu’en novembre avec sept journées prévues. On saura alors qui succèdera à l’AS 6e km chez les filles et à Rivière-Salée, chez les garçons.

A.B.

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