SLN : Le plan B validé à l’unanimité

Il s’agissait d’une confirmation attendue, mais les choses étant plus claires quand elles sont dites, cette fois-ci, le feuilleton est terminé. Le conseil d’administration de la SLN, réuni en visioconférence entre Nouméa, Paris et Tokyo, a entériné le plan de sauvetage de l’entreprise. Une décision prise dans l’urgence puisque, faute de trésorerie suffisante, l’opérateur historique se serait retrouvé en cessation de paiement d’ici une dizaine de jours.

Non seulement il y avait donc un plan B, mais in fine, c’est lui qui va permettre à la SLN de surmonter la crise et, à la fin du mois, d’honorer les salaires du personnel et les créances de ses fournisseurs et sous-traitants.

Dans les faits, la cession par l’actionnaire japonais Nisshin Steel d’une action à l’État a rendu juridiquement possible l’octroi par ce dernier du prêt de 23,9 milliard de francs CFP, annoncé par le Premier ministre Manuel Valls lors de son passage à Nouméa et confirmé la semaine dernière à l’Assemblée nationale en réponse à une question de la députée Sonia Lagarde.

Il faut donc retenir de ce montage que l’État a clairement pris ses responsabilités après le refus, voire l’affront, infligé par les indépendantistes de permettre à la STCPI, c’est-à-dire l’actionnaire calédonien, de proposer une solution de secours. Au total, ce ne sont donc pas moins de 63 milliards de francs qui seront accordés à la Société Le Nickel pour tenir le choc jusqu’au deuxième semestre 2018.

En effet, outre les 23,9 milliards apportés par l’État, Eramet a déjà consenti un apport de 24 milliards et a confirmé que 17 milliards supplémentaires seraient validés d’ici la fin du mois à l’occasion d’un nouveau conseil d’administration.

Les conditions de ces prêts successifs sont sensiblement les mêmes que ce qui avait été prévu lors de la négociation de l’option STCPI, à savoir un taux d’intérêt de 4 % assorti d’une rémunération complémentaire fixée sur le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (EBITDA) ou, pour faire plus simple, sur le profit généré par l’activité de l’entreprise indépendamment des conditions de son financement, des contraintes fiscales et du renouvellement de l’outil d’exploitation.

État-providence

Le conseil d’administration de cette semaine a malgré tout ajouté une clause à cette formule initiale, dans l’hypothèse où le prêt ne serait pas remboursé au terme des huit ans prévus par le contrat, en fixant une indemnité de 2 % supplémentaires.

L’annonce de la validation de ce plan de sauvetage a immédiatement suscité des réactions de soulagement, à commencer par celle du directeur général de la SLN, Jérôme Fabre, qui a salué une mesure qui va permettre à l’entreprise de passer la crise.

Réactions teintées de prudence aussi du côté des principaux syndicats de la SLN. C’est ainsi que le Soenc nickel, qui semble sortir très nettement en tête des élections générales organisées la semaine dernière sur l’ensemble des sites de l’entreprise, s’il accueille lui aussi avec soulagement le plan de sauvetage, il s’interroge sur les suites qui seront données en matière notamment de négociation des taux d’intérêt validés ce mardi mais aussi sur l’avenir de l’emploi dans la perspective du plan de compétitivité.

En effet, si les 63 milliards de crédits accordés à la SLN peuvent permettre de passer la crise, ils ne sont justifiables auprès de la maison mère Eramet et de l’État que dans la mesure où l’entreprise parviendra à relever le challenge de la compétitivité, c’est-à-dire de produire à l’horizon 2018 à un prix de revient de 4,5 dollars la livre contre 6 dollars aujourd’hui.

Pour y parvenir, il faudra faire des efforts à tous les niveaux de la production, ce qui passe nécessairement par une réduction des effectifs qui devront tourner autour de 1 850 salariés d’ici deux ans contre environ 2 200 aujourd’hui. Dans un deuxième temps, quel que soit l’opérateur et le combustible choisi, il conviendra de lancer le chantier de l’alimentation en énergie de l’usine de Doniambo, faute de quoi tous les efforts consentis ces derniers mois auront été vains.

Enfin, d’un point de vue plus symbolique, puisque le temps est aux symboles, on ne peut s’empêcher de constater dans cette affaire, que malgré les postures de quelques-uns, c’est bien aujourd’hui l’État qui vient au secours de la SLN, de son personnel et plus largement de milliers de Calédoniens.

C’est encore à l’État que le Congrès a demandé cette semaine d’honorer quelque neuf milliards de contrats de développement en faveur des collectivités calédoniennes. À deux ans de la sortie de l’Accord de Nouméa, on peut s’interroger sur ce que signifie ou non l’État-providence en Nouvelle-Calédonie.

C.V.