« Sauter au-dessus du Cœur de Voh, c’est du jamais-vu ! »

Parachutiste depuis quinze ans et ancien compétiteur, Matthieu Chaillot s’apprête à vivre une aventure exceptionnelle. À partir du 3 février, lui et plusieurs membres de l’équipe de France de parachutisme, effectueront une cinquantaine de sauts au-dessus du Caillou. Le but, rapporter des images inédites qui seront au centre d’un documentaire intitulé 45 secondes d’éternité .

 

 

 

 

 

 

 

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DNC : Pendant un mois, l’équipe de 45 secondes d’éternité va effectuer une cinquantaine de sauts. Comment est né ce projet ?

Matthieu Chaillot : L’idée vient de Sébastien Chambet, entraîneur de l’équipe de France de parachutisme, venu plusieurs fois en Calédonie, notamment pour assurer des formations au centre école de parachutisme de Calédonie. Il est aussi ce que l’on appelle « vidéoman », c’est- à-dire qu’il filme les sauts à l’aide d’une caméra embarquée. Il nous a tout de suite dit : « Ce serait bien qu’on vienne faire de belles images ici ». Après, on a mûri le projet ensemble avec le réalisateur, Thomas Escudié. C’est un travail de longue haleine, la préparation a duré près de deux ans.

DNC : Pourquoi ce titre, 45 secondes d’éternité, et qui sont les parachutistes qui participent au projet ?

Matthieu Chaillot : 45 secondes, c’est tout simplement la durée moyenne d’un saut ! Outre Sébastien Chambet, il y aura deux membres de l’équipe de France de freefly, qui est une discipline artistique, et plusieurs Calédoniens expérimentés, dont moi. Pendant la chute, on réalise des figures qui sont chorégraphiées. C’est ce que l’on donnera à voir, côté sportif.

DNC : Le film nous promet des images inédites, notamment un saut au-dessus du Cœur de Voh, comment s’est passée l’organisation ?

Matthieu Chaillot : On a beaucoup discuté et on discute encore ! Outre les nombreuses demandes administratives (provinces, communes, Aviation civile, etc.), on est aussi allé à la rencontre des autorités coutumières pour obtenir leur autorisation. Tout n’est pas encore arrêté, mais l’accueil a été enthousiaste et on espère beaucoup des rencontres avec les populations. Car le but du film n’est pas seulement de montrer les exploits des parachutistes et des paysages magnifiques. Le réalisateur Thomas Escudié et Sébastien Chambet ont voulu dès le départ que le documentaire présente aussi la culture kanak et le mode de vie des Calédoniens. C’est pour cela qu’il y aura aussi des tournages à terre, avant et après les sauts.

DNC : Y a-t-il un moment que vous attendez plus que les autres ?

Matthieu Chaillot : Je vais pouvoir sauter dans des lieux où ça ne s’est jamais fait, mais oui, il y a un saut que j’attends avec impatience : c’est celui de Voh ! Sauter au-dessus du Cœur, c’est du jamais-vu !

DNC : Quels sont les moyens techniques utilisés ?

Matthieu Chaillot : Nous serons équipés de casques munis de caméras, ce qui permettra d’avoir des points de vue différents, et pour le saut au-dessus du Cœur de Voh, il y aura également un hélicoptère équipé d’une caméra Cineflex, qui permet de tourner des images extrêmement stables et en haute définition.

DNC : Comment le projet a-t-il été financé ?

Matthieu Chaillot : Le film se fait sur fonds propres. Mais nous avons aussi lancé une cagnotte participative sur le site Kisskissbankbank, qui nous a permis d’obtenir 700 000 francs. C’est satisfaisant car ça montre l’intérêt du public pour notre projet. La province Sud nous a aussi apporté son soutien. Reste que le budget est très serré et que, pour le moment, nous cherchons encore un distributeur.

C. Mannevy.

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52 minutes d’exception

Le documentaire 45 secondes d’éternité se veut un film événement. Loin des vidéos de saut que l’on peut voir sur Internet, le projet entend avant tout raconter une aventure humaine.

Dans le jargon des parachutistes, le projet 45 secondes d’éternité est un « flytrip ». Sébastien Chambet, ancien champion du monde et entraîneur de l’équipe de France de freefly, et ses deux compères de compétition, Jim Gares et Vincent Cotte, parcourent régulièrement la planète afin de pratiquer leur passion. Mais derrière l’aventure et l’exploit technique, les membres de l’équipe ont imaginé un film qui parle aussi du partage. Le partage de leur passion du parachutisme, mais aussi de la culture kanak et de l’histoire du pays.

Tantôt dans les airs, tantôt sur terre, le réalisateur suivra les parachutistes dans toutes les étapes de leurs exploits sportifs (préparation, sauts), mais recueillera aussi leurs impressions à chaud, à l’issue de ces sauts dans des sites exceptionnels. Les rencontres avec les populations et la réalisation de gestes coutumiers seront également filmées afin de faire découvrir les traditions calédoniennes. Les Calédoniens raconteront eux-mêmes l’histoire des lieux visités.

Ces moments de partage, vous pouvez également y participer en venant assister aux sauts. Le programme exact, dépendant notamment de la météo, sera dévoilé sur la page Facebook du projet 45 secondes d’éternité.

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Le freefly, sport de haut vol

Apparu dans les années 1990, le freefly est une discipline du parachutisme qui consiste à effectuer des figures dans toutes les dimensions : tête en bas, tête en haut, sur le dos, dans l’angle, sur le ventre, etc… Depuis 2000, cette discipline est reconnue par la Fédération aéronautique internationale et possède ses propres championnats du monde. En compétition une équipe est composée de trois freeflyers. L’un est vidéoman, c’est-à-dire qu’il a la charge de filmer les évolutions des deux autres performeurs, tout en participant lui- même à la chorégraphie aérienne. Extrêmement technique, le freefly ne peut être pratiqué que par des parachutistes de haut niveau.