Ruamm : Les Républicains calédoniens dénoncent la « démission » du gouvernement

Alors que les commissions se poursuivent au Congrès sur l’étude des mesures proposées par le gouvernement pour tenter de sauver le Ruamm, le parti de Sonia Backes ne mâche pas ses mots sur le dossier et parle de « démission politique du gouvernement Germain-Gomès ».

Confronté à un déficit de trésorerie de 9,9 milliards et à un déficit prévisionnel cumulé de 23,7 milliards d’ici la fin de l’année du régime unifié d’assurance maladie- maternité, le gouvernement, selon Grégoire Bernut, des Républicains calédoniens, « est aujourd’hui incapable de maîtriser la situation et, en présentant ce rapport de 78 pages aux élus du Congrès, il évacue ses devoirs et ses prérogatives. D’autant que le gouvernement, devant une telle situation, devrait proposer des textes à voter et non des pistes. L’idée du gouvernement est donc de se laver les mains de la faillite de notre système de santé, qu’il a lui-même provoqué par son incurie ! » Grégoire Bernut ajoutant qu’« il s’agit bien d’une nouvelle illustration de l’incompétence du gouvernement Germain-Gomès. Ces derniers ne sont pas à la hauteur de l’enjeu et de l’urgence ».

Pour les Républicains calédoniens, cela fait « quatre ans que le gouvernement Calédonie ensemble-Germain n’a rien fait et a laissé la situation se diriger dans une impasse budgétaire insurmontable. Mais qu’a-t-il fait pendant ce temps ? Il a tenté de ponctionner les retraités et a fait adopter, par le Congrès, une taxe sur l’alcool présentée comme une ressource supplémentaire de santé qui a en fait été affectée au profit des provinces indépendantistes, les alliés de Calédonie ensemble au Congrès », continue Grégoire Bernut avant de conclure sur ce point : « Il n’est donc aujourd’hui pas acceptable que les Calédoniens et les professionnels de santé payent pour l’incompétence de la gestion de Calédonie ensemble à la tête des institutions. »

Un rapport indigent

Au-delà d’un gouvernement qui est « démissionnaire devant ses responsabilités », les Républicains calédoniens rappellent que la situation du Ruamm fait désormais face à un déficit abyssal, passant en trois ans de 3 à 10 milliards, et pointe du doigt le rapport du gouvernement remis au Congrès. « Un rapport qui manque de transparence, qui est indigent, qui présente des chiffres divergents et où l’on peut légitimement s’interroger sur les intentions d’un gouvernement qui cherche à cacher les informations aux élus du Congrès. »

Le parti de Sonia Backes relève dans ce rapport, souvent décrit comme une « vulgaire liste de courses », qu’il n’y a pas d’information précise sur la situation mensuelle de trésorerie ni sur les exercices antérieurs, pas de prévision sur les prochains, pas de tableau de synthèse sur les montants des économies et des nouvelles recettes envisagées, pas d’information sur les délais de mise en œuvre des différentes mesures, pas de distinction des mesures destinées à faire face à la situation d’urgence absolue, pas d’information sur une quelconque méthode de mise en œuvre, ni sur un planning, ni sur des indicateurs de suivi, pas de plan d’action, ou encore pas de distinction entre plusieurs scénarios alternatifs, pas d’information sur les méthodes utilisées pour évaluer les montants réels des économies et des recettes, etc. « Comment peut-on présenter un tel train de mesures, qui représente potentiellement une énorme ponction sur les ménages et les entreprises, sans en apprécier les conséquences sur la croissance et sur l’emploi ? », avance le parti.

Le mépris des partenaires

Et, comme si cela ne suffisait pas, les Républicains calédoniens enfoncent le clou en parlant de « mépris total » dans la réalisation de ce rapport qui n’a pas eu, selon eux, l’adhésion de tous les partenaires sociaux concernés, les professionnels de santé, les représentants des salariés, des employeurs et des travailleurs indépendants. La plupart des mesures présentées n’ont fait l’objet d’aucune négociation au sens de la recherche d’un accord.

Les cadres du parti avancent que l’on retrouve « bien là la vision autoritaire du gouvernement Calédonie ensemble-Palika qui, non seulement semble se moquer des conséquences économiques de ces propositions, mais également des leurs conséquences sociales et humaines. Malheureusement, nous en avons déjà eu une illustration avec les premiers mouvements sociaux des professionnels de santé… »

Les Républicains calédoniens apportent leur soutien aux professionnels de santé, qui savent tous « que les dépenses de santé progressent plus vite que ne rentrent les cotisations solidaires, en raison du climat profondément dégradé des affaires : conséquence de la politique économique désastreuse du gouvernement – Calédonie ensemble ».

Objectif : taxer plus

Derrière la « manœuvre politicienne » de la transmission de ce rapport, le parti de Sonia Backes fait ressortir une dure réalité qui va venir impacter gravement les ménages calédoniens « au détriment de leur pouvoir d’achat, s’il faut effectivement trouver 10 milliards en urgence pour éviter la faillite de notre système de santé, alors le gouvernement va avoir recours à sa méthode socialiste habituelle : l’augmentation de l’impôt, sous forme d’augmentation de la TSS et de la CSS, comme indiqué dans le rapport. » Les Républicains calédoniens précisant que 10 milliards de prélèvements supplémentaires, c’est un prélèvement de 2 % sur l’ensemble des revenus des Calédoniens, « ce qui représente pour un ménage dont les revenus seraient de 400 000 francs par mois, une perte de 100 000 francs par an. »

Et de conclure : « La réalité du projet politique de l’alliance nationalistes-indépendantistes, c’est donc la socialisation de l’économie et l’appauvrissement de tous. » Les Républicains calédoniens, ne pouvant cautionner cette démarche et la méthode du gouvernement, ne siégeront donc plus dans les commissions spéciales santé sur le Ruamm, commissions qui selon eux « ne permettent pas d’aller vite dans le dossier, alors que le Ruamm sera en cessation de paiement d’ici le troisième ».

C.S.