Re-Play, louer ses jouets plutôt que les acheter

Solène Protat prépare les commandes dans le local loué pour stocker les jouets, qu’elle achemine ensuite jusqu’aux points relais, au nombre de six sur le Grand Nouméa. (© D.R.)

Fatiguée d’empiler les jouets, Solène Protat a eu l’idée d’imaginer un service de location de jeux. La plateforme, destinée aux enfants jusqu’à 6 ans, a été lancée le 1er février.

C’est l’histoire d’une jeune maman qui, un jour, a dit stop à l’accumulation de jouets. « J’ai regardé autour de moi et je me suis dit, ce n’est pas possible ! » Pour Solène Protat, engagée par ailleurs dans une démarche zéro déchet – « je faisais les couches lavables » –, « ce n’est pas cohérent ». Mais que faire de tous ces jeux ? La future gérante imagine alors une plateforme dédiée à la location. Les prémisses de Re-Play.

Le principe, simple, fonctionne sur le même modèle que celui d’une bibliothèque. Sauf que les jouets remplacent les livres. L’abonné en choisit un certain nombre en fonction de son forfait mensuel, les récupère à un point relais, puis les ramène le mois d’après et en prend d’autres. Une façon de faciliter la vie des parents, estime la mère de famille, en leur « évitant d’aller dans les magasins », et en offrant une solution « à la problématique
d’encombrement du foyer ».

EN BOIS ET EN CARTON

Le projet se veut avant tout écoresponsable. « Il faut changer un peu notre mentalité si on veut moins puiser dans les ressources de la planète. On n’est pas obligé de posséder un objet pour l’utiliser. » Les jouets sont en bois, en carton ou en matière biosourcée. « Il n’y a pas de plastique, ni d’électronique. » Et c’est économique. « Ça coûte moins cher que d’acheter. Le premier forfait est à 4 000 francs par mois, et ce sont des produits de qualité. »

Jeux d’adresse, éveil musical, construction, manipulation, livres, puzzles… Son catalogue, destiné aux enfants de 0 à 6 ans, est doté de plus de 500 références. « Pour le lancement, j’ai sélectionné des marques qu’on trouve ici et j’ai fait une commande en France pour avoir un stock suffisant. » En outre, la gérante de Re-Play se fournit parfois auprès de particuliers et dans des vide-greniers.

« Il faut changer un peu notre mentalité si on veut moins puiser dans les ressources de la planète. On n’est pas obligé de posséder un objet pour l’utiliser. »

Pour concrétiser son concept, Solène Protat s’engage dans l’entreprenariat, le plus gros challenge pour cette fonctionnaire dans le domaine de la santé. « Je ne savais pas du tout ce que gérer une société signifiait », témoigne celle qui s’embarque dans cette aventure en parallèle de son travail. L’entrepreneuse se fait accompagner par Initiative NC, suit l’itinéraire Créa’Sud et ses ateliers pendant plusieurs mois, puis des formations à la CCI, et participe au concours Women in Tech, dont elle est lauréate, ce qui lui permet d’obtenir un financement pour l’aider à développer son site web. Autre gageure. « C’est une conception différente de celle d’un site de e-commerce, où les gens achètent des jouets qui, de fait, sortent du stock. Là, c’est de la location, donc ils y reviennent. Il fallait mettre en place un système particulier. »

LIVRER EN BROUSSE

Un parcours de plus d’un an et demi ponctué de hauts et de bas. « Des fois on est à fond, et puis le mois d’après, rien ne va comme on l’espérait, et puis ça revient : c’est un peu les montagnes russes. On nous a dit que les moments de rechute faisaient partie du processus, et c’est aussi ça qui en fait tout l’intérêt. Il faut y aller, y croire et ne pas se décourager. » Le coup d’envoi, c’était il y a presque deux mois, le 1er février, date de mise en service du site. Deux clientes s’inscrivent le jour même. « Si j’en ai dix par mois et une centaine sur un an, c’est très bien. » Des structures privées l’ont également contactée pour d’éventuels partenariats. « Je suis curieuse de voir comment ça va évoluer, est-ce que ça va prendre et plaire aux gens. »

Solène Protat rôde son organisation, le traitement des commandes, leur préparation et leur livraison aux points relais. L’objectif est de couvrir la Brousse d’ici la fin de l’année. Pour être plus attractive, la gérante envisage de faire venir des jeux qui ne sont pas vendus sur le territoire. Cette activité, il ne s’agit pas d’en vivre pour l’instant, mais de la faire vivre. « J’espère me tromper, mais je ne pense pas pouvoir me verser un salaire. C’est plutôt un projet qui me tient à cœur, dans lequel j’avais envie de mettre des valeurs. »

Anne-Claire Pophillat

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