Quelle économie pour demain ?

C’est la question que pose le colloque économique international qui se tiendra vendredi et samedi à l’université. À la veille de la consultation référendaire, les scientifiques cherchent à étudier les différentes pistes d’évolution de l’économie calédonienne.

Indépendance ou pas indépendance ? C’est exactement la question que ne se poseront pas les chercheurs et les scientifiques qui participeront au colloque, organisé vendredi 15 et samedi 16 septembre, à l’université. Ou du moins pas directement. « Nous restons à notre place d’enseignants-chercheurs économistes, souligne Samuel Gorohouna, maître de conférences en sciences économiques, qui assure la direction scientifique des rencontres. Il s’agit d’étudier les différents scénarios d’après-Accord et leurs impacts sur l’économie calédonienne. Nous ne faisons pas de jugement, mais forcément, en fonction de l’évolution des transferts, s’ils augmentent, diminuent, cela n’aura pas le même impact. »

Un travail scientifique sans parti pris

Ce travail dénué de préjugés pose des questions sur l’avenir de l’économie du territoire, à l’image du travail plus global que mène l’université sur l’évolution de la Nouvelle-Calédonie en matière de droit ou encore de sciences humaines. Il est régulièrement reproché aux chercheurs de rester dans leur coin et que leurs résultats manquent d’applications concrètes. C’est toute l’idée de ce colloque que de créer un dialogue, avec le public, mais aussi avec les groupes politiques du Congrès qui seront invités à présenter leurs visions.

La première journée, plus scientifique et technique, permettra de poser le décor et notamment de décrire le fonctionnement de l’économie calédonienne. Enseignants, chercheurs, mais aussi représentants des institutions se relaieront pour présenter les caractéristiques du système calédonien, des comparaisons avec les pays de la région, en particulier dans le cadre de l’intégration régionale. La monnaie, ainsi que le secteur bancaire et financier feront l’objet d’une session. À chaque fois, les intervenants proposeront différents scénarios et les impacts potentiels pour l’économie calédonienne. À noter que Goeff Bertram, économiste de l’université néo-zélandaise de Wellington, sera présent. Il est à l’origine du modèle économique MIRAB, très utilisé, qui explique comment fonctionnent les petites économies insulaires. Son intervention sera traduite. Des réflexions seront enfin proposées autour de la diversification de l’économie.

Les politiques invités à présenter leur vision économique

Le lendemain sera consacré aux groupes politiques du Congrès. Samuel Gorohouna prévient toutefois, « il ne s’agit pas d’un débat entre eux. Ils ont chacun leur vision économique et leur avis sur les relations avec la France, en particulier en ce qui concerne les transferts, c’est important de questionner leurs projets. »

Si les grandes postures institutionnelles sont relativement claires pour tout le monde, c’est moins le cas du contenu des programmes économiques. C’est précisément ce qui intéresse les chercheurs qui n’en n’ont parfois aucune idée et travaillent sur des hypothèses qui ont peu de chance de faire partie de politiques publiques.

Les quatre groupes du Congrès seront présents : les représentants de la plateforme avec notamment Bernard Deladrière, Philippe Gomès et Gaël Yanno, ceux des Républicains calédoniens avec Philippe Blaise et Grégoire Bernut, l’Uni, représentée par Louis Mapou et l’Union calédonienne avec Roch Wamytan, accompagnés de plusieurs intervenants.

Une chose est sûre, la Calédonie a besoin d’être réformée. Si la plupart de ces réformes sont déjà inscrites dans l’agenda économique et fiscal partagé, d’autres n’y sont pas encore. C’est le cas de la question des investissements étrangers ou encore de l’importance du capital humain, autrement dit de la formation.

M.D.


Le programme

La journée de vendredi commence par une ouverture protocolaire à 8 h 15 dans le grand amphithéâtre. La première session sur les caractéristiques de l’économie calédonienne commencera à 9 h et s’achèvera à 11 h 45. Après la pause déjeuner, la deuxième session traitera des échanges commerciaux et de l’intégration régionale, de 13 h à 14 h.

La troisième session concernera la monnaie, la banque et la finance, entre 14 h 20 et 15 h. La dernière session de la journée permettra de voir quels pourraient être les relais de croissance en dehors du nickel et sera suivie d’une synthèse de la journée, à partir de 16 h.

La journée de samedi débutera à 8 h 15. Les groupes politiques du Congrès sont invités à présenter leur vision économique, notamment sur la question des transferts et de la monnaie. À 11 h, les élus aborderont la question sur les relais de croissance et de compétitivité, dans la situation actuelle et les perspectives. Une synthèse sera proposée à 12 h 20 en guise de conclusion.