Quel Président(e) pour la France demain ?

(FILES) This combination of file photographs created on March 7, 2022, shows, in alphabetical order, French presidential candidates (Top, L-R) LO spokesperson Nathalie Arthaud of "Lutte ouvriere" (LO); French Member of Parliament Nicolas Dupont-Aignan of "Debout la France" (DLF); Paris Mayor Anne Hidalgo of the "Socialist Party" (PS); Member of European Parliament Yannick Jadot of "Europe Ecology ñ Les Verts" (EELV); French Member of Parliament Jean Lassalle of "Resistons !"; French Member of Parliament Marine Le Pen of "Rassemblement National" (RN); (bottom, L-R) French President Emmanuel Macron of "La Republique en Marche (LREM); French Member of Parliament Jean-Luc Melenchon of "La France Insoumise" (LFI); Ile-de-France Regional Council President Valerie Pecresse of "Les Republicains"; Bordeaux Municipal and Metropolitan area Council member Philippe Poutou of the "Nouveau Parti Anticapitaliste" (NPA); PCF National Secretary and French Member of Parliament Fabien Roussel of the "French Communist Party" (PCF); and Reconquete! party leader Eric Zemmour of "Reconquete!". - French voters head to the polls in April 2022 for a presidential election. (Photo by JoÎl SAGET and Eric Feferberg / AFP)

Le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu ce dimanche 10 avril. Deux candidats en sortiront vainqueurs avant d’être départagés au second tour le 24 avril. Cette séquence citoyenne, la préférée des Français, pas forcément des Calédoniens, se déroule dans un climat particulier avec pour conséquence encore beaucoup d’indécision de la part des électeurs. Pour ceux qui hésitent encore, les représentants des comités de soutien en Nouvelle-Calédonie nous disent pourquoi voter pour leur candidat.

Sonia Lagarde-La République en marche

« Le temps est venu d’accorder notre confiance à Emmanuel Macron »

archives A.C.P/ DNC 

« Emmanuel Macron a l’expérience. Il nous a prouvé sa capacité à gérer les conflits et, en particulier, celui de la guerre en Ukraine où il aura tout tenté au nom de la France et de l’Europe pour l’éviter. Son quinquennat n’a pas été un long fleuve tranquille et dans ces temps perturbés, il n’a cessé de nous protéger en nous envoyant les aides financières très conséquentes dont nous avions besoin. Édouard Philippe, son Premier ministre, s’est totalement investi dans le dossier calédonien. Sébastien Lecornu a été à nos côtés tant dans ses multiples déplacements que par les contacts réguliers avec la classe politique locale.
Le voyage du président de la République a laissé des traces et nous a donné pour la première fois de la visibilité quant à notre avenir. Il nous a appelés ensemble à trouver les voies et les moyens d’un vrai vivre ensemble.

Les aides de l’État, ces cinq dernières années, n’ont jamais été aussi fortes. Ce sont des milliards que nous avons obtenus de cette implication qui fut aussi importante pour la SLN, l’usine du Sud et la crise sanitaire. Personne ne peut dire que l’État n’a pas été présent à nos côtés. Nous avons là un président-candidat pleinement investi pour la France et donc pour la Nouvelle-Calédonie. Nous savons ce qu’il a fait et le temps est venu de lui accorder notre confiance. Face à lui, il y a l’inconnu et les promesses. Le temps est donc venu de lui faire comprendre que les Calédoniens ne sont pas des ingrats. Voter Emmanuel Macron sera un signe fort de la part des Calédoniens. »

Guy-Olivier Cuénot – Rassemblement national

« Avec Marine Le Pen, le peuple retrouvera sa liberté »

archives C.M./ DNC 

« Marine Le Pen place la sécurité, le pouvoir d’achat et le bien-être social des citoyens au centre de son programme. Le peuple retrouvera sa liberté, sa cohésion sociale, son pouvoir de décision, notamment par le référendum d’initiative citoyenne et la primauté des lois nationales sur les traités internationaux.

En Nouvelle-Calédonie, les circuits courts et l’autosuffisance alimentaire seront priorisés en favorisant la création d’emploi et le développement des TPE/PME de production et de transformation (pêche, élevage, agriculture). Les taxes sur le nickel (extraction et exportation) permettront la constitution d’un fonds souverain de soutien aux entreprises, qui servira aussi à renflouer la Cafat et le budget des collectivités. Nous prévoyons également la suppression des surtaxes douanières de 10 %, un fonds d’État pour la formation des jeunes, l’amélioration du niveau des retraites en garantissant leur indexation sur l’inflation, un minimum de 120 000 francs pour les plus défavorisés, un prêt à 0 % pour les jeunes familles transformé en subvention dès le troisième enfant. Nous lutterons contre la désertification médicale en Brousse et les Calédoniens auront un numéro de Sécurité sociale national.

Nous supprimerons les dispositions discriminatoires selon le statut médical, les mesures liberticides et les entraves à la libre circulation. Les liaisons entre collectivités ultramarines et la Métropole seront améliorées, notamment avec la réouverture d’une ligne aérienne entre la Nouvelle-Calédonie et La Réunion. Nous assurerons une politique pénale de tolérance zéro en matière de sécurité, renforcerons les moyens des forces de l’ordre et protégerons les ressources de notre espace maritime par le déploiement de moyens aériens et navals. »

Laurent Lhermitte – Union populaire (La France insoumise)

« Jean-Luc Mélenchon sera un artisan de la paix »

archives C.M./ DNC 

« Le capitalisme nous mène indubitablement à la guerre. Il nous faut quelqu’un comme lui pour faire une autre répartition des richesses dans ce contexte de crise de surproduction, qui a déjà mené à deux guerres mondiales. Il sera un partisan de la paix et de l’harmonie entre les êtres humains et la nature. On se sent très loin de l’Ukraine, mais ce qui se passe actuellement en Europe pourrait très bien devenir une réalité dans le Pacifique. Il y a des tensions croissantes entre la Chine et les États-Unis, autour de Taïwan notamment. Jean-Luc Mélenchon sera un facilitateur de paix et s’opposera à toute fermeture de bureau de diplomates, dont nous avons grand besoin.

En ce qui concerne la Nouvelle-Calédonie, il est favorable à l’accompagnement du pays pour mener à son terme l’Accord de Nouméa, en facilitant le dialogue avec toutes les parties intéressées, en évitant de se battre au sujet des compétences qui n’ont pas été transférées. Quant aux compétences transférées, il s’agira de ne pas s’immiscer mais de permettre le financement. Par exemple, comme tous les étudiants de France, les Calédoniens pourront bénéficier d’une allocation mensuelle de 1 063 € (127 000 francs, NDLR) financée par l’État, si la Nouvelle-Calédonie l’accepte. La convocation d’une assemblée constituante pour passer à une VIe République et l’instauration d’un référendum d’initiative citoyenne permettront de redonner aux gens le goût de la politique. »

Virginie Ruffenach- Les Républicains

« Le dossier calédonien sera une priorité du mandat de Valérie Pécresse »

archives DNC 

« Les Calédoniens ont besoin que l’État se réengage. Ils ont été livrés à eux-mêmes sans solution d’avenir trop longtemps. Si les Calédoniens lui font confiance, Valérie Pécresse compte ouvrir juste après les élec- tions législatives, en juillet, un cycle de six mois de discussions avec les responsables politiques et les forces vives pour écrire une feuille de route calédonienne dans la République française. Ces discussions dresseront les lignes du plan national de réinvestissement de l’État en Nouvelle-Calédonie. Le territoire doit renouer avec la croissance et l’investissement. Valérie Pécresse est convaincue que l’avenir institutionnel et la paix sont indissociables du développement économique. Il faut réconcilier les investisseurs avec le territoire, favoriser les énergies renouvelables, la biodiversité calédonienne. Elle souhaite une expertise sur le déploiement d’une base navale en Nouvelle-Calédonie, le territoire étant au cœur d’intérêts stratégiques internationaux. Elle veut faire de la Nouvelle-Calédonie le poste avancé de la France et de l’Europe dans le Pacifique.

Les discussions définiront le nouveau schéma institutionnel. Valérie Pécresse s’inscrit dans un principe de différenciation territoriale en fonction des réalités de chaque territoire en privilégiant le rôle efficace des provinces et des communes, proches des populations. Ces discussions devront aussi régler la lancinante question du corps électoral calédonien, qui doit être revu pour donner leur place à ceux qui construisent la Nouvelle-Calédonie. Le dossier calédonien sera une priorité de son mandat. Sa vision de la Nouvelle-Calédonie est une terre française et calédonienne, européenne et ouverte sur le Pacifique, rompant avec les fantômes de l’histoire et tournée vers l’avenir. »

Simon Loueckhote- Reconquête !

« Éric Zemmour est le candidat qui dit les choses »

archives  C.M./ DNC

« Il est tout nouveau sur la scène politique. Il n’a pas d’appareil politique, contrairement à tous les autres candidats. Il connaît la France et tous ses problèmes. Excellent débatteur, il n’a jamais tremblé devant les journalistes, chroniqueurs, philosophes et autres spécialistes de questions diverses allant de l’économie au social en passant par les questions ayant trait aux civilisations.

Éric Zemmour est le candidat qui dit les choses et n’a peur de rien. Seul l’intérêt des Français compte pour lui. Éric Zemmour, c’est le général de Gaulle, le physique et l’intonation de la voix en moins. Il salue le choix des Calédoniens qui, par trois fois, ont refusé l’accession à la pleine souveraineté. Les indépendantistes en appellent à la tenue d’un quatrième référendum organisé par l’ONU. Éric Zemmour rejette cette idée. L’ONU n’a pas à s’immiscer dans les affaires de la France. La Nouvelle-Calédonie est fran- çaise et la France est en capacité d’organiser des consultations conformes à l’esprit et à la lettre de la Constitution.

Des voix s’élèvent pour demander la suppression du corps électoral gelé ou encore des provinces, du gouvernement ou encore envisager une autre modalité de répartition des dotations budgétaires. Éric Zemmour souhaite répondre à toutes ces questions et d’autres à venir dans la sérénité. La Nouvelle-Calédonie sera au cœur de son action. Il s’engage à ce que son avenir soit définitivement réglé durant son quinquennat. Il note que rien ne pourra se faire hors du dialogue. »


Les autres candidats

Sept autres personnalités dont la campagne n’a pas été menée par un porte-parole officiel en Calédonie, sont en lice pour l’élection présidentielle. Une majorité est encartée sur le côté gauche de l’échiquier politique dont l’éclatement s’est accentué ces dernières années. Voici en quelques lignes ce qui les distingue.

Yannick Jadot – Europe écologie-Les Verts

Thomas SAMSON / AFP

Le député européen de 54 ans plaide pour une République climatique au service du social. Les outre-mer doivent tendre vers l’autonomie énergétique et alimentaire. Il veut contrôler les prix des produits de première nécessité et des centrales d’achat, est ouvert à la définition de statuts spécifiques pour les territoires qui le souhaitent. Pour lui, le troisième référendum calédonien était « légal, mais pas légitime », le processus a été « forcé » pour récupérer une partie de l’électorat.
Parmi ses propositions au niveau national : la fermeture progressive des réacteurs nucléaires, 10 milliards d’euros par an pour la rénovation des bâtiments, l’interdiction de la vente des véhicules thermiques neufs en 2030, la fin de l’élevage industriel, deux fois moins d’engrais et pesticides de synthèse d’ici 2027, une alimentation 100 % bio et locale dans les cantines. Il souhaite instaurer un impôt sur la fortune (ISF) climatique pour financer la transition écologique et porter le Smic à 1 500 euros (178 000 francs).

Fabien Roussel – Parti communiste

Thomas COEX / AFP

Le secrétaire national du PCF et député du Nord, 52 ans, s’est fermement opposé à la tenue du référendum du 12 décembre en Nouvelle-Calédonie, une décision digne « d’un empire colonial méprisant les peuples colonisés ». Dans cette campagne, la première pour le parti depuis 2008, il a réussi à se faire connaître grâce à des phrases percutantes et se démarque à gauche, en défendant le nucléaire. Il porte un programme « des jours heureux », à coups de « bon vin, bonne viande et bon fromage ». Il défend un Smic à 1 500 euros (178 000 francs), l’augmentation des salaires de la fonction publique de 30 %, le prélèvement à la source des bénéfices des multinationales pour réinvestir dans les services publics.

Jean Lassalle- Résistons !

Thomas COEX / AFP

Jean Lassalle, qui ne s’est pas exprimé sur la Nouvelle-Calédonie, compte « renforcer les liens » avec les territoires d’outre-mer, « ces merveilleux bouts de France ». « Nous avons trop souvent livré les territoires ultramarins à eux-mêmes, confrontés à des problèmes qu’ils ne peuvent résoudre seuls », dit la profession de foi de Jean Lassalle, décidé à ôter « ce sentiment diffus d’abandon ». Il est notamment question de « travailler à la prévention des ouragans et des tempêtes ». Jean Lassalle veut faire des campagnes une « grande cause nationale », leur affecter trois milliards d’euros (360 milliards de francs), notamment pour soutenir l’agriculture.

Anne Hidalgo- Parti socialiste

Thomas COEX / AFP

La maire de Paris, 62 ans, défend une plus grande autonomie des outre-mer, notamment en matière alimentaire. Elle souhaite un plan de rattrapage économique pour ces collectivités, la réduction de l’octroi de mer (taxe sur les produits importés), une « agence du retour » pour que les jeunes puissent revenir chez eux dans des conditions optimales. Elle souhaite aussi mettre l’outre-mer à la pointe de l’action écologique. Au niveau national, elle défend l’augmentation des salaires, la hausse du Smic, la retraite à 62 ans, le minimum jeunesse, la baisse de la TVA sur les carburants et un ISF climatique. Pour restaurer l’école, elle propose, notamment, l’abrogation de Parcoursup, un plan de mixité pour les collèges.

Nicolas Dupont-Aignan – Debout la France

Xavier Duvot/ Hans Lucas via AFP

« Il faut tourner la page du feuilleton institutionnel, qui vous distrait des vrais enjeux », a lancé le candidat aux Calédoniens, dans une vidéo diffusée le 30 mars, le candidat qui bénéficie localement d’un petit groupe de soutien, surtout actif via la distribution de tracts. « Heureux » du résultat des trois consultations, Nicolas Dupont-Aignan, opposé à un quatrième référendum d’autodétermination, veut que la Nouvelle-Calédonie « retrouve un corps électoral digne », le gel étant le fait d’une « démocratie bizarre ». Côté économique, « il faut que les ressources naturelles qui sont exploitées en Calédonie reviennent au territoire », dit-il, évoquant « un fonds souverain ».