« Promouvoir une jeunesse calédonienne active »

Pendant plus d’une semaine, historiens, anthropologues, sociologues, psychologues, psychanalystes et pédopsychiatre se sont retrouvés en Nouvelle- Calédonie pour le 2e Congrès international de psychologie en Océanie (Cipo 2017). Au cœur des discussions et conférences : la jeunesse et ses difficultés.

Brésil, Suisse, Espagne, Mexique, France, Bénin, Papaousie-Nouvelle- Guinée, Italie et Canada… Près d’une vingtaine de conférenciers internationaux et des centaines de participants locaux se sont retrouvés sur le territoire ces derniers jours lors du Cipo 2017, pour échanger, discuter et trouver des solutions aux problèmes psychologiques qui touchent l’Océanie.

Un deuxième congrès qui a tout d’abord permis de réaffirmer que les problématiques psychologiques de l’Océanie sont identiques dans les pays qui composent cette région, mais restent différentes de la Métropole où d’autres régions du globe. Comme le précise Grégoire Thibouville, psychologue clinicien et psychothérapeute, secrétaire scientifique du Collège des psychologues de Nouvelle- Calédonie (CPNC : voir encadré) : « Dans un contexte de mondialisation généralisé, les problématiques restent universelles, mais sont teintées de spécificités locales comme en Nouvelle-Calédonie où l’histoire singulière est marquée par une décolonisation inédite. »

La jeunesse au cœur des attentions

Deux temps forts ont ponctué cet événement : une conférence sur les violences entre générations et l’anniversaire des 10 ans du CPNC. Deux moments forts qui ont débouché « sur la nécessité de promouvoir une jeunesse calédonienne active, travailleuse et marqueuse d’espoir et sur la poursuite des actions menées pour les jeunes en grande difficulté. Ce qui ressort de ce Cipo, c’est qu’il faut impérativement faire plus de prévention dès le premier âge de la vie pour acquérir une bonne santé psychologique. », poursuit le spécialiste. Le représentant du CPNC précise qu’il y a « des mal-être spécifiques de la jeunesse calédonienne dans le monde contemporain. Notre jeunesse ne voit pas clairement quels horizons peuvent être les siens dans un monde globalisé et qui est vécu comme refusant de laisser de la place et des espaces ouverts pour elle et ce dont elle est porteuse ». En ce sens, la délégation calédonienne s’est attachée à rappeler aux psychologues internationaux ce qu’elle a mis en place : les outils pour comprendre la situation locale, comme le travail de groupes en tribu afin d’aider les jeunes en difficulté et en souffrance. Les psychologues calédoniens étant les premiers à mettre en avant ce type de pratique, qui cible la jeunesse, mais qui met aussi en évidence des problèmes intergénérationnels.

Transmettre aux jeunes

Lors de la conférence sur les violences intergénérationnelles, les participants ont pu rendre compte de leurs travaux effectués depuis le premier Cipo, en 2013, et transmettre leur regard sur les sources de la violence en différentes époques et régions du monde. Chaque intervention a été l’occasion de donner des pistes de compréhension et des démarches pour transformer la violence et la faire passer de la violence brute et destructrice à des capacités de figuration symbolique par un travail de pensée ou de culture, comme l’expression artistique. La transmission a également été au cœur des échanges. « Les problématiques intergénérationnelles sont au cœur des préoccupations psychologiques en Calédonie comme en Océanie, car on ne se construit pas sur des vides, des trous dans son histoire. Et pour bien grandir, bien se développer, nous avons besoin des récits de nos aînés. La transmission par les histoires familiales, et sociétales est nécessaire pour combler les trous, les vides en soi. Il est plus que jamais indispensable de structurer notre jeunesse dans un monde qui va de plus en plus vite », conclut Grégoire Thibouville.

Le prochain Cipo se déroulera en 2021 avec pour thème : « Groupes et communautés »


Le CPNC

Le Collège des psychologues de Nouvelle-Calédonie a été fondé en 2007 et compte près de 100 membres dont 50 psychologues et 35 exerçant sur le territoire. Cette association loi 1901 a pour objectif de réunir les psychologues du pays, d’organiser des échanges dans le cadre des pratiques calédoniennes, de mener, puis de diffuser des travaux de recherche en psychologie. Le CPNC a également pour but de développer l’apport de la psychologie auprès des professionnels et de la population de Nouvelle- Calédonie et dans le Pacifique Sud.

C.Sch