Dimanche 10 avril, 218 931 électeurs inscrits sur la liste générale sont attendus dans les 297 bureaux de vote du territoire. L’abstention, traditionnellement importante pour cette élection en Nouvelle-Calédonie, pourrait encore se renforcer.
En 2017, au premier tour, 51,8 % des 189 368 électeurs inscrits ne s’étaient pas déplacés (22,23 % au niveau national) et seulement 47, 19 % au second.
Au contexte d’incertitude, global à toute la France, lié à une campagne évanescente, à l’arrivée de nouvelles figures, au délitement de la confiance envers le pouvoir politique, pourrait s’ajouter la défiance des indépendantistes envers la France dans la lignée du troisième référendum. Leurs responsables n’ont d’ailleurs pas donné de consigne de vote. Le Palika a simplement appelé ses sympathisants à soutenir « un candidat de gauche« .
En 2017, si l’Union calédonienne et le Parti travailliste avaient déjà laissé libre choix à leurs électeurs, le Palika, l’Union progressiste en Mélanésie ou encore le Rassemblement démocratique océanien s’étaient prononcés pour Benoît Hamon (Parti socialiste) qui avait réalisé un score non négligeable de 9,3 %, mieux que ses 4,8 % au niveau national.
En l’absence d’une forte figure du PS, Jean-Luc Mélenchon, qui avait totalisé 8,8 % de voix localement, pourrait récupérer des voix indépendantistes et, globalement, de gauche. Rappelons qu’il a obtenu 11 parrainages locaux pour cette élection, à l’UNI, l’UC, mais aussi l’Éveil océanien. Nous observerons, néanmoins, le poids des Verts qui s’étaient retirés avant le premier tour en 2017.
Vote à droite
mobiliser. Mais de quelle manière ? En 2017, François Fillon était sorti en tête au premier tour avec 31 % des suffrages, suivi par Marine Le Pen (29 %) et Emmanuel Macron (12,7 %).
Le président-candidat bénéficie cette fois d’un plus large soutien politique (23 parrainages d’élus Républicains calédoniens, Générations NC et Calédonie ensemble), d’une plus grande notoriété. De plus, les citoyens loyalistes pourraient montrer leur satisfaction sur le volet institutionnel puisqu’ils ont obtenu gain de cause, à moins de ne pas avoir été en accord avec la gestion de la crise sanitaire ou d’autres dossiers. Autre choix pour eux, Valérie Pécresse, soutenue par le Rassemblement-Tous Calédoniens, ou les candidats de l’extrême droite Marine Le Pen et Éric Zemmour, nouveau venu. Ce dernier pourrait leur coûter des voix.
Le résultat de cette élection pèsera forcément sur le poids des partis aux prochaines législatives, la présidentielle donnant habituellement une première tendance avant un « deuxième match ». Et évidemment pour l’avenir institutionnel du territoire avec, sur ce volet, on peut l’imaginer une forme de continuité à droite voire l’extrême droite sur le processus de discussions, et de nouvelles bases à gauche…
Chloé Maingourd (© AFP)