Port de l’uniforme à l’école : Qu’en pensent les professionnels de santé ?

Le débat du port de l’uniforme à l’école primaire est clos. Les élus de la province Sud ont voté à l’unanimité la généralisation d’une tenue dès la rentrée 2017. Si les politiques sont unanimes comme bon nombre de parents, quid du corps médical ?

Pour les politiques, le message est clair : l’uniforme peut être un bon moyen de masquer les disparités sociales entre les enfants. Tous ne proviennent pas des mêmes milieux et ne sont pas égaux devant la manière de s’habiller. De fait, ces inégalités peuvent générer de sérieux troubles psychologiques : des enfants pourraient être rejetés, d’autres mal dans leur peau. Leurs résultats scolaires s’en ressentiront toujours, ou presque.

Si localement les pédopsychologues et pédopsychiatres veulent s’abstenir sur le sujet pensant qu’il est bien trop « épineux et politique », les spécialistes métropolitains n’ont pas attendu pour se prononcer. Et ils sont plutôt contre.
Pour Marcel Rufo, pédopsychiatre de renom et « fervent défenseur du « polymorphisme », nécessaire à l’émancipation psychologique des jeunes », « nous vivons dans une société de la diversité. Les différences de couleurs, les différences sociales et vestimentaires font partie de la République. Imposer l’uniforme revient, en un sens, à les cristalliser. À montrer du doigt les diversités comme de véritables dangers. La France est polyculturelle et polysociale. Je trouverais dommage de le nier en uniformisant nos jeunes. »

Autre avis qui va dans le même sens, celui du sociologue, Alain Tourraine, qui déclare : « Bien que je comprenne l’esprit de la proposition, je suis contre. Au lieu d’imposer aux enfants un uniforme, je voudrais qu’on leur apprenne, ainsi qu’aux enseignants, l’importance et la beauté du multiculturalisme, de la communication entre les cultures. Il ne s’agit pas de se cacher derrière un uniforme, mais d’apprendre à vivre les uns avec les autres, avec nos différences. Ce serait trop simple si, pour lutter contre le racket, problème grave et compliqué, il suffisait que tout le monde porte la robe monastique et enlève sa montre pour qu’il n’y ait rien à voler. » Voilà qui laisse penseur…

C.S.