Politique – Avant de tirer un trait sur 2016….

sparkling trails of light drawing out the numbers 2017 in glowing light to welcome in the new year

L’heure est venue de tourner la page de l’année 2016 pour se tourner vers 2017, année électorale majeure pour la vie de notre pays. Mais avant de se projeter vers les enjeux qui s’annoncent et les nuages qui s’amoncellent, arrêtons-nous un instant sur l’exercice écoulé pour constater que la stabilité politique apparente de nos institutions calédoniennes a caché tout au long de cette année, des fractures profondes et durables qui constitueront à n’en pas douter les lignes de démarcations des différentes formations politiques dans les deux ans qui nous séparent de la sortie de l’accord de Nouméa.

Deux thématiques majeures resteront dans tous les esprits au sortir de cette année 2016. En premier lieu la question des listes électorales et principalement pour la première fois depuis 1998, l’établissement de la liste référendaire d’une part et, d’autre part, l’explosion de la délinquance. Or il est incontestable aujourd’hui que ces deux éléments sont corrélés mais aussi qu’ils sont loin d’avoir trouvé leur épilogue cette année.

En effet, sur fond de préparation de l’avenir institutionnel et en dépit de la poursuite de la mission des experts, de la visite de Manuel Valls en qualité de Premier Ministre, de deux missions des Nations Unies et de pas de moins de deux comités des signataires, rien n’est acté. D’un côté, une bonne partie de la famille indépendantiste continue d’exiger de l’Etat qu’il inscrive automatiquement tous les kanak sur ladite liste, de l’autre, les non-indépendantistes et le Palika soutiennent, bon an mal an, qu’il faut en premier lieu être inscrit ou s’inscrire sur la liste générale pour faire valoir ses droits à l’inscription sur la liste référendaire.

Finalement l’année écoulée n’aura guère permis d’avancer sur ce point et les positions semblent figées, ce qui ne va pas sans faire peser une menace sérieuse sur le caractère incontestable du résultat de la consultation prévue pour 2018. Cette incertitude convoque au banc de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie le retour à la violence d’inspiration politique.

C’est là l’autre fait saillant de l’exercice écoulé et, si Saint-Louis cristallise toutes les attentions en raison de la gravité des évènements qui s’y sont déroulés jusqu’à ces derniers jours, le reste de la Nouvelle-Calédonie n’est pas épargnée que ce soit dans les autres communes de l’agglomération mais aussi, plus insidieusement peut-être encore dans les petites communes de l’intérieur.

Ce climat délétère lié à une crise économique bien réelle a tendance à ruiner le moral des consommateurs et des investisseurs. Le monde économique n’est pas épargné non plus par les orientations socialisantes et l’organisation d’un matraquage fiscal à grande échelle conduit tant au gouvernement qu’au Congrès par Calédonie ensemble et ses alliés de circonstance.

Un risque d’éparpillement

Fort à propos, l’État a largement mis la main au portefeuille pour sauver en une seule année les trois usines métallurgiques, c’est dire à la fois l’ampleur de la crise mais aussi le risque que représenterait pour tous les Calédoniens, le passage d’une crise économique à une crise sociale puis finalement politique. Les « Socialistes » au pouvoir l’ont très bien compris et, dans la perspective probable d’une alternance en mai prochain, ils ont ouvert les vannes tout en se gardant bien de prendre une quelconque position sur ce que doit être l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, sanctuarisant en la matière et même si l’expression est éculée, une position d’équidistance.

Localement, au gré des aléas, l’Union Calédonienne a choisi de se positionner en garant de l’orthodoxie indépendantiste, comme au premier jour de la revendication, quitte à remettre en cause les nécessaires concessions survenues tant en 1988 qu’en 1998, la fin prévalant sur les moyens.

Le Palika pour sa part, se veut fidèle à sa stratégie et dit vouloir mettre en œuvre jusqu’au bout l’accord de Nouméa tout en envisageant pour demain une indépendance guidée par les principes dogmatiques du socialisme romantique des années 60, ce qui n’est pas contradictoire avec une certaines violence politique et économique.

Au centre de l’échiquier, Calédonie ensemble a proposé en cette année 2016 un visage ambiguë entre subjugation par le pouvoir en place à Paris et prise de position électoraliste dans la perspective des présidentielles. Ce choix n’a pour l’instant pas été le bon, mais les échéances restent à venir.

Que dire enfin des Républicains, si ce n’est qu’à ce jour, ils se sont très majoritairement ralliés au panache blanc de François Fillon, dont la victoire aux primaires de la droite et du centre a été large et incontestable y compris dans les bureaux de vote locaux.

En cette fin d’année, cette belle unanimité vacille. Ce n’est sans doute pas une surprise, mais faute d’avoir su se doter d’une organisation et d’un véritable appareil, la « coordination des Républicains de Nouvelle-Calédonie » pourrait bien se déliter sur fond de désignation des candidats pour les législatives de l’an prochain. En refusant toute idée d’une primaire locale, qui seule légitimerait le choix des hommes et des femmes qui représenteront la Nouvelle-Calédonie au Parlement, le Rassemblement sème les ferments d’un nouveau schisme, mais à quelle fin et dans l’intérêt de qui ?

Vivement 2017 pour le savoir.

C.V.