Pierre Forest : « Le sport passe désormais au second plan »

Alors que la Nouvelle-Calédonie a été placée en confinement, le milieu sportif est également touché de plein fouet. Entre annulations d’événements, limitation des entraînements et obligations administratives, explications avec le directeur de la Direction de la jeunesse et des sports, Pierre Forest.

DNC : Dans quelle mesure le sport est-il touché ?

Pierre Forest : Le premier impact est administratif. Nous sommes dans une période un peu particulière de renouvellement des assemblées générales dans les ligues et comités, comme tous les quatre ans. Si certains ont déjà effectué leur AG élective, ce n’est pas le cas de tous. Notamment le Comité territorial olympique et sportif, qui devait élire son président et son bureau le 4 avril. Comme c’est une disposition statutaire, chacun doit remporter ses élections. L’autre changement, c’est, bien sûr, que toutes les compétitions sont annulées.

Les sportifs, individuellement, sont aussi touchés…

Forcément, puisque la règle de confinement ne permet pas la pratique du sport, sauf pour un footing autour de la maison et pas très longtemps. Donc ce sont aussi les entraînements qui sont impossibles. C’est difficile de donner des conseils aux sportifs. Ils doivent prendre leur mal en patience. On va dire que, cette année, le sport passe au second plan, tout est entre parenthèses. Aujourd’hui, l’important c’est de bien respecter les consignes de confinement, pour sa santé et celle de ses proches. Et puis, il faut se dire que c’est partout pareil.

C’est-à-dire ?

Je suis en contact avec nos sportifs et encadrants qui sont en Métropole. Antoine Kombouaré, par exemple, ou encore Laurent Calleja, le coach de Teddy Riner. Ce dernier me disait d’ailleurs que Riner est très consciencieux sur son confinement. Il ne croise plus personne et s’est aménagé une salle de sport chez lui.

Justement, la place des sportifs de haut niveau est particulière. Comment sont accompagnés les Calédoniens dans ce cas ?

Pour ceux en Métropole, ils gèrent la situation avec leur structure. Pour ceux qui sont ici, comme Pierre Fairbank, Bassa Mawem ou Thomas Goyard (qui n’est pas retourné en Métropole après les Mondiaux, NDLR), ils peuvent être suivis par la cellule d’accompagnement de la performance et de la santé des sportifs, gérée par Félicia Ballanger, ici, en Nouvelle-Calédonie. C’est un dispositif qui existe aussi le reste du temps et il ne s’agit pas de passe-droit. Les sportifs de haut niveau, comme tout le monde, doivent respecter les mêmes règles de confinement.

Ce confinement est également un coup dur pour les clubs et ligues avec de nombreuses annulations d’événements importants et donc des entrées d’argent en moins.

Oui, forcément. Ça a été le cas pour le Meeting Qantas le week-end dernier, mais il y a aussi le Triathlon BNC qui a été reporté… Pour l’instant, il n’y a rien de prévu par le gouvernement, car l’urgence est d’abord sanitaire. Mais s’il faut donner un conseil, c’est de ne pas engager de frais en ce moment. Comme prévoir les invitations de sportifs étrangers. Je pense que cette année sera une année entre parenthèses. Encore une fois, le mot d’ordre est la patience.

Quel est le rôle de la DJS en ces temps de crise ?

Notre rôle prioritaire est de coordonner l’accueil des enfants du personnel dont le rôle est vital. Je pense au corps médical ou aux forces de l’ordre, entre autres. Surtout que les vacances d’avril arrivent et qu’il est possible que le confinement dure encore un peu. Donc tout est fait pour aider ces personnes qui doivent aller travailler. Et puis, cinq personnes de mon équipe se sont également portées volontaires pour aider à la logistique dans les lieux de confinement. C’est une solidarité entre les directions et services territoriaux. Pour les autres, je dirais qu’un tiers de la DJS est en télétravail.


Thomas Goyard: sélectionné, mais confiné

C’était l’un des secrets les moins bien gardés du sport calédonien. Après sa médaille de bronze au Mondiaux début mars et la validation par le comité olympique français, Thomas Goyard a reçu la confirmation qu’il serait bien le représentant tricolore en RS:X lors des Jeux olympiques. Mais l’autre certitude, c’est que sa préparation sera perturbée, comme pour beaucoup d’autres athlètes dans le monde. S’il avait décidé de ne pas retourner en Métropole pour pouvoir continuer à s’entraîner dans le lagon, il est désormais confiné à la maison, comme tous les Calédoniens !

A.B.