Philippe Dunoyer, le dernier cumulard de l’Assemblée

Les recours déposés par Manuel Millar (candidat malheureux aux 155 voix dans la 2e circonscription) auraient été écartés par le Conseil constitutionnel. Rien n’empêche plus le gouvernement de se renouveler, comme le Congrès la semaine dernière. Sauf que cela contrecarre les plans de Philippe Dunoyer, dernier cumulard de la République…

Un choix. – Pour mémoire, les recours de Manuel Millar visaient à l’annulation des deux scrutins législatifs, de la première et de la deuxième circonscription : rien de moins. Mais surtout et tant qu’ils n’étaient pas examinés par le Conseil constitutionnel, ils dispensaient Philippe Dunoyer de choisir entre son mandat de député et sa casquette de membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, en charge notamment du budget…
No man’s land. – Le député nouvellement élu se trouvait donc dans une sorte de no man’s land juridique, qui empêchait de facto la formation d’un nouveau gouvernement, dans la foulée du renouvellement du bureau du Congrès. Plutôt une aubaine pour Calédonie ensemble, le parti au pouvoir qui peinait à trouver un successeur à Philippe Germain pour la présidence du gouvernement.
Recours rejetés. – Ces recours maintenant examinés et rejetés, rien ne s’oppose plus à la démission de Philippe Dunoyer de l’exécutif calédonien, devenu depuis le dernier cumulard de l’Assemblée nationale. Un peu malgré lui, beaucoup aussi au plus grand bénéfice de son parti : car il dispose encore théoriquement d’un mois pour « choisir » le mandat qu’il souhaite conserver. Et dans le laps de temps, il aura, comme il l’a déjà indiqué à la presse, le temps de préparer et de défendre le budget supplémentaire de la Calédonie au Congrès.
Un contretemps bien utile. – En clair, ce contretemps sert donc les intérêts du parti gomésien, qui pourra tricoter un budget sur mesure, grâce à Philippe Dunoyer qui reste provisoirement aux manettes. Et surtout en soigner la présentation, de façon à lisser les chiffres, qui pourraient traduire une dégradation des déficits publics consécutifs à la crise économique. Mais aussi à la politique fiscale suivie depuis deux ans.
« Crash budgétaire ». – Le compte administratif 2016, récemment transmis aux élus du Congrès « montre, affirmait Grégoire Bernut la semaine dernière, que nos recettes fiscales sont en chute libre : les recettes des impôts directs sont passées de 69,7 Mds en 2015 à 65 Mds en 2016,soit une chute de 6,67 % ; les recettes des impôts indirects sont passées de 120,7 Mds à 116,2 Mds, soit une chute de 3,69 %. Et, au global, le trou d’air de nos recettes fiscales entre 2015 et 2016 est de 6,7 Mds ». En clair, s’alarmait le vice-président des Républicains calédoniens au Congrès, « pour la première fois de notre histoire, le cumul de tous les budgets, propre, de répartition et de reversement, est dans le rouge. Aussi, le crash budgétaire n’est pas loin ! ».
Regrets ? – Il faudra et du talent et une sacrée force de persuasion au nouveau député Dunoyer pour convaincre les élus du Congrès du bien-fondé de poursuivre la même politique budgétaire. De quoi certainement regretter de cumuler les deux portefeuilles…