Pacifistes mais déterminés à lutter contre l’obligation vaccinale

Le rassemblement – autorisé – du collectif ReinfoCovid NC, a attiré près de 2 000 personnes selon les autorités le long des quais, à partir du rond-point Mageco. Remontés, les manifestants réclament, entre autres, le retrait de l’obligation vaccinale.

« Le haut-commissariat vient de nous enlever du temps de manifestation car il estime que l’on a commencé plus tôt », regrette Gaëlle Wery, coorganisatrice de l’événement à l’appel du collectif ReinfoCovid NC. A travers cette mesure, Patrice Faure, le haut-commissaire, tient vraisemblablement à rappeler le cadre dans lequel cette mobilisation a pu avoir lieu, à défaut de pouvoir l’interdire. En effet, le Conseil d’État a jugé en 2020 que la liberté de manifester ne pouvait être supprimée, y compris en tant de confinement. Des conditions strictes ont donc été fixées : La durée ne doit pas excéder 1 h 30, le port du masque est obligatoire et les mesures de distanciation doivent être respectées. Si la seconde consigne a plutôt été respectée, la troisième n’était pas évidente à mettre en place étant donné le nombre de participants : 4 000 selon les organisateurs, 2 000 selon la police. Tous demandent le retrait immédiat de l’obligation vaccinale, protestent contre le pass sanitaire à l’étude et réaffirment leur soutien à la liberté de traitements et de prescription des médecins.

« A la SLN, 80 % du personnel n’est pas vacciné. Si l’on renvoi les non vaccinés à la maison, on ne pourra plus faire tourner l’usine. Cela aura un impact sur l’économie et de nombreuses familles ne pourront plus se nourrir », proteste Glen Delathière, délégué d’un des plus importants syndicats à la SLN, le SGTINC, syndicat général des travailleurs de l’industrie de Nouvelle-Calédonie. Georges Wahéo, salarié chez Prony ressources vient compléter ses propos : « On nous met la pression (pour la vaccination, NDLR), il faut dénoncer ce genre d’action », s’insurge-t-il.

Vaccination et religion

Dans l’assemblée, de nombreux manifestants sont également venus défendre leurs convictions religieuses. « Je suis là parce que je trouve que l’obligation vaccinale est contraire à ma foi et ma religion. Je tiens beaucoup à la liberté et je crois que toutes ces lois nous empêchent d’être libre ! », martèle Kahnyappa Gope-Fenepej qui se définit comme un simple citoyen-chrétien. Dans l’assemblée, Corinne, de Poindimié, Adeline de Népoui et Suzanne de Hienghène, toutes croyantes pratiquantes, valident ces propos. « On en a assez de toutes ces obligations que l’on nous impose. Nous, le peuple, on n’en veut pas ! », renchérit Corinne.

Enfin beaucoup protestent contre « l’interdiction de médicaments qui soignent », selon les propos, tenus au micro, par un manifestant en colère. « On est pour l’utilisation des méthodes préventives et les traitements parallèles qui font actuellement leurs preuves dans différents endroits du monde comme à Tokyo par exemple. La vaccination n’est pas le seul traitement », rappelle Gaëlle Wery qui considère personnellement que « l’obligation vaccinale pourrait donner envie à certains de prendre les armes ». Des propos qui laissent perplexes alors que la Calédonie est pleinement mobilisée pour sauver des vies. Immobiles, au soleil, les manifestants semblent parfois remontés. « Assassin ! », « Liberté ! », « Non au pass ! », peut on entendre ici et là entre les interventions micro et les pauses musicales. Vers 11 h 30, la foule s’est toutefois dispersée dans le calme.

Virginie Grizon