Oriana Nekotrotro, cadre drehu de la province des Loyauté, a intégré la première promotion de hauts fonctionnaires calédoniens inscrite dans une formation spécifique de l’École nationale d’administration publique (ENAP) du Québec.
La vocation est née d’une transmission spirituelle. Avec un grand-père pasteur et un père diacre à la tribu de Luecila, à Lifou, la disposition à travailler pour « notre prochain » et « la population » est ancrée depuis longtemps. Ainsi, tout naturellement, « la cellule familiale m’a encouragée à servir dans la fonction publique ».
Cheffe du service de la planification et des politiques publiques à la province des Îles Loyauté et maman de quatre enfants, Oriana Nekotrotro a souhaité s’investir dans un nouveau « défi ». La Drehu figure dans la première promotion de vingt hauts fonctionnaires calédoniens engagée dans un programme inédit de formation dispensé par l’École nationale d’administration publique (ENAP) du Québec. Un cursus exigeant essentiellement en visio-conférence, de la mi-mars à début octobre.
La collaboration construite avec l’Institut de formation à l’administration publique (IFAP) à Nouméa, s’inscrit, pour le gouvernement, dans la démarche de modernisation. Selon Oriana Nekotrotro, il faut « continuer à améliorer » les rouages administratifs « pour le bien de nos enfants ».
LA VOIE WADRAWANE
Tout est parti d’un message tombé dans la boîte mail avec la référence de l’ENAP, « l’une des plus grandes écoles d’administration au monde ». Un ancien étudiant, diplômé de cet établissement, est une référence de l’archipel de par sa carrière d’une rare qualité, Jacques Wadrawane, aujourd’hui premier conseiller à la Chambre territoriale des comptes à Nouméa.
« J’ai regardé son parcours, cela m’a interpellée et motivée », se souvient la cadre provinciale. Et puis, le magistrat maréen, ex-sous-préfet, est originaire des Loyauté, comme Oriana Nekotrotro, « petit coup de cœur ». Surtout, la formation proposée collait parfaitement à son souhait de « développement personnel, donc de leadership ».
Son Bac+5 s’est construit pas à pas. Scolarisée à Lifou, puis lycéenne à La Pérouse, la jeune femme de Luecila, titulaire d’un baccalauréat comptabilité et gestion, décroche en 2009 une licence d’économie à l’Université de Nouville. « Je suis plutôt une matheuse » et, avant tout, « j’adore les finances publiques » pour l’incontournable exercice à organiser les priorités dans un objectif de croissance du territoire.
DIRECTION LILLE
Une opportunité se présente, celle d’intégrer tout de suite la province des Îles en tant que cheffe de la section administrative et financière de la direction des sports et loisirs. L’expérience, notamment auprès du président de l’époque, Néko Hnepeune, est passionnante. Une autre occasion surgit : partir en Métropole à l’université de Lille avec le programme Cadres Avenir, pour un master en management et gestion des collectivités territoriales. « Là, je me suis dit, je vais travailler dans l’administration publique », se souvient Oriana Nekotrotro.
Le Master 1 est obtenu, puis un Master 2. Cette formation lui ouvre la porte de la communauté urbaine de Lille Métropole, dotée de 1 200 salariés. La jeune diplômée exerce à la direction des finances, avec le payeur. En cette année 2014, « j’avais démissionné de la province pour aller à Lille, pour me former et apporter plus à la Nouvelle-Calédonie ».
De retour sur le territoire, « j’ai eu de la chance, la plupart de mes entretiens était positif. J’ai choisi la DBAF », la direction du budget et des affaires financières au gouvernement, à Nouméa. Deux ans s’écoulent, son deuxième enfant naît, « je voulais qu’il grandisse à Lifou ». Oriana Nekotrotro s’offre un nouveau défi en rejoignant la base nautique de Wé en tant que responsable administrative et financière, dont la mission est de redresser les comptes. Au bout d’un an, « objectif atteint ».
Et la province des Loyauté n’est jamais loin. La passionnée de chiffres, confirmée en 2019 dans son poste actuel, est en charge du suivi de la feuille de route de la collectivité et du contrôle de gestion. La formation de l’ENAP arrive à point nommé « pour innover, structurer le travail » et s’ouvrir de nouveaux horizons.
DES SÉANCES SUR HUIT MOIS
Vaimu’a Muliava, membre du gouvernement, Valérie Salmon, directrice de l’Institut de formation à l’administration publique (IFAP), et Jacinthe Gagnon, directrice des affaires internationales de l’École nationale d’administration publique (ENAP) du Québec, ont lancé le 14 mars cette première formation destinée aux managers stratégiques. D’une durée totale de 65,5 heures, le programme est réparti en six modules – « leadership authentique », « gestion des équipes » mais aussi « du changement », etc. – dispensés en présentiel et à distance, par des intervenants de l’ENAP, jusqu’en octobre. Ces cours sont financés par la cotisation obligatoire de 1% sur la masse salariale des collectivités payée à l’IFAP.
EN CHIFFRES
Les 20 candidats de la promotion sont issus de :
7 directions de la Nouvelle-Calédonie
5 établissements publics
2 provinces / 3 chambres consulaires
Yann Mainguet
