« On retrouve notre baie des Citrons »

Le jour de l’ouverture de la zone de baignade étendue, mercredi 6 décembre, quelques centaines de personnes étaient présentes à la baie des Citrons. (© G.C.)

Fermée par un filet anti-requin de 750 mètres, la grande zone de baignade de la baie des Citrons a été inaugurée mercredi 6 décembre. La mairie de Nouméa n’a pas changé d’avis et compte reprendre les campagnes d’abattage en 2024 si la justice les autorise.

« La nage en petit bassin, c’était bien, mais c’était limité… » Jean-Jacques Annonier attendait avec impatience l’ouverture de la grande zone de baignade de la baie des Citrons, tout comme sa compagne, qui s’est jetée à l’eau dès potron-minet. « On retrouve le plaisir de se baigner sans crainte. On sait qu’il y avait beaucoup de psychologique… Mais cette zone de baignade sécurisée change bien les choses, soyons honnêtes. On retrouve notre baie des Citrons. »

Edwige, habitante du quartier, est du même avis. « On ne pouvait pas vraiment se baigner depuis près d’un an et avant, on était un peu stressé… Avoir ce grand espace de baignade, c’est retrouver un peu de liberté. Après, j’espère qu’il n’y a pas de conséquences pour les espèces marines. J’espère qu’on verra toujours de belles choses à la baie des Citrons. »

Sous les bouées jaunes, le filet de 750 mètres de long est composé de mailles en inox de 36 centimètres de diamètre. Un temps, une barrière plus naturelle était envisagée. « Le petit entre et sort à sa guise, le gros ne peut pas entrer », assure Romain Paireau, secrétaire général de la mairie de Nouméa, qui préfère « barrière » à « filet ». « Le terme de filet peut laisser penser qu’il y a des prises accessoires. On est plutôt sur une technologie de barrière d’exclusion, qui rend impossible la prise de tortues ou de dauphins. »

ABATTAGES : « ON EST DANS UNE GESTION DE CRISE »

L’ouverture de la deuxième zone de baignade à l’anse Vata était attendue pour vendredi, avec le transfert du filet provisoire de la baie des Citrons. La structure définitive devrait être installée au mois de mars et s’inscrit, pour la mairie, dans « une démarche globale » de réhabilitation de l’image de Nouméa. « Après la gestion de crise avec les régulations [de la population de requins], l’idée était d’offrir des zones de baignade sécurisées, aussi bien aux habitants qu’aux touristes. » Les attaques mortelles avaient « impacté négativement la destination Nouvelle-Calédonie. On est en train de lui redonner une image positive ».

Et pour achever de rassurer les baigneurs, la mairie a créé 15 postes de maîtres-nageurs pour une surveillance toute la semaine. « Ça représente un budget important, mais c’est le prix de la sécurité. »

La création de ces deux zones de baignade n’entame en rien la détermination de la mairie de Nouméa de reprendre les campagnes d’abattage qui ont, en 2023, conduit à la pêche de près de 120 requins bouledogues et tigres, mais également à celle d’environ 200 spécimens non ciblés (requins-citrons, gris, nourrices, marteaux…).

Saisi par l’association Ensemble pour la planète (EPLP), le juge des référés, qui statue dans l’urgence, a ordonné la suspension des campagnes dans l’attente de décisions du tribunal administratif, attendues en fin d’année. « L’objectif est bien de pouvoir continuer à faire des opérations de prélèvement », confirme Romain Paireau, qui envisage « un rythme différent », soit une campagne d’abattage par trimestre (et non plus par mois), « afin de réguler la surpopulation », qu’EPLP l’accuse de ne pas connaître précisément, faute d’études suffisantes. « On fait diminuer le risque pour permettre que les activités nautiques se déroulent dans un climat de sécurité plus satisfaisant, plaide le secrétaire général. On est dans une gestion de crise, de protection de la vie humaine. Si on nous interdit de prélever à l’avenir, un levier de réduction du risque nous sera retiré. »

 

UN PROJET À 164 MILLIONS DE FRANCS

Côté baie des Citrons, la fourniture, la pose et l’entretien du filet pour les premières années représentent un coût de 91 millions de francs, dont 61,5 apportés par l’État au titre du Fonds exceptionnel d’investissement 2022, indique la mairie.

Pour la structure qui sera installée en mars de la plage du Château Royal à l’anse Vata, l’addition s’élève à 73 millions, dont 60 venus de Paris au titre du Fonds d’intervention maritime 2023.

 

Gilles Caprais