Objectif +10 % de touristes en 2024

Nouvelle-Calédonie Tourisme (NCT), agence de promotion touristique internationale de la Nouvelle-Calédonie, et le gouvernement ont présenté les ambitions pour le secteur, un des piliers de l'économie du territoire. (© A-C.P.)

La fréquentation touristique a presque retrouvé son niveau de 2019, année record, avec 125 895 visiteurs en 2023. L’ambition du gouvernement est de poursuivre sur cette lancée.

♦ 2023 : UNE BONNE PERFORMANCE

Visiblement, la stratégie de relance de Nouvelle-Calédonie Tourisme (NCT), agence de promotion touristique internationale de la Nouvelle-Calédonie, après deux ans de fermeture des frontières, a porté ses fruits. L’objectif fixé a même été dépassé : « on voulait reconquérir 75 % des flux de 2019, on a finalement atteint 96 % », annonce Julie Laronde, directrice de NCT, lors de la conférence de presse de présentation des résultats de 2023, mardi 11 mars. Près de 126 000 visiteurs ont été accueillis cette année (131 201 en 2019). Une reprise portée par l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la France, qui sont par ailleurs les trois principaux marchés émetteurs de touristes. En revanche, les Japonais ne reviennent toujours pas (-67 %). « C’est une tendance mondiale, explique Julie Laronde, en raison notamment de la levée tardive des restrictions sanitaires et d’une crise économique avec la chute du yen. » Le premier motif de voyage est les vacances (46 %). Ceux qui se déplacent pour les amis et la famille représentent 22 %. « On croit souvent que c’est le tourisme affinitaire qui est prédominant, mais ce n’est pas le cas. »

DES ACTIONS QUI ONT PAYÉ

L’an dernier, NCT s’est attelée à renforcer les marchés de proximité, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, porté notamment par la réouverture de la ligne Melbourne en décembre. Autre volet de son action : des opérations ciblées dans l’Hexagone, « sur des marchés de niche à fort potentiel », la plongée, le kitesurf, le windsurf, la randonnée, et les catégories CSP++ avec un fort pouvoir d’achat. Afin d’intensifier sa présence à Singapour, NCT a recruté une agence de représentation dédiée au territoire au mois d’août. « On est la seule île du Pacifique Sud avec Fidji à avoir une connexion directe. C’est un vrai plus. L’idée est de planter une petite graine dans l’esprit des Singapouriens pour que la Nouvelle-Calédonie devienne une destination connue. » Une agence a aussi été engagée au Japon, en juillet 2023, pour soutenir la reprise du tourisme, qui peine à repartir.

LE SUCCÈS DE LA CROISIÈRE

La Nouvelle-Calédonie a récupéré son nombre de croisiéristes de 2019 (343 703) avec seulement deux escales, Nouméa et Lifou. L’Île des Pins est toujours fermée, et Maré commence à peine à se rouvrir aux paquebots de petite capacité avec l’accueil d’un navire de luxe début février. Le nombre prévu d’arrivées de bateaux est en progression en 2024, et le gouvernement prospecte en vue de trouver de nouvelles escales. Une étude d’impact du secteur de la croisière va également être lancée pour mesurer ses retombées économiques (dépenses des croisiéristes, touchers de bateau, frais de port, avitaillements, etc.) Le résultat est attendu dans un an environ.

NCT s’intéresse désormais au potentiel représenté par la plaisance. 1 630 plaisanciers étrangers (toutes les marinas excepté Port du Sud) ont navigué dans les eaux calédoniennes en 2023, 38 % d’Australie, 16 % de Nouvelle- Zélande et 10 % de France. « Il faut les prendre en compte, parce qu’ils restent entre un à trois mois et consomment, ce qui engendre des recettes touristiques », note Julie Laronde.

LES OBJECTIFS 2024

Cette année, la principale ambition est d’accroître la fréquentation touristique de 10 % (puis de 7 % en 2025), soit environ 12 000 touristes en plus, en poursuivant la dynamique de croissance de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, en accélérant la relance du marché japonais, en renforçant la notoriété de la Nouvelle-Calédonie en France, et en se diversifiant. NCT lorgne sur la Malaisie. « On va sonder Kuala Lumpur, où on devrait mener une opération. » Et puis il y a les États-Unis, à présent accessibles avec Fiji Airways, qui dessert Los Angeles et San Francisco. « On va voir avec eux comment on peut pénétrer le marché américain. »

Un observatoire du tourisme devrait aussi voir le jour afin de disposer de données (taux de remplissage des hôtels, dépenses des touristes internationaux, etc.).

L’autre axe poursuivi est le développement de l’autofinancement, avec la mise en place d’une taxe croisière. Dans le projet de loi du gouvernement, il est question de 1 500 francs lors du premier arrêt à Nouméa, puis de 500 francs au second. Passé en commission le 21 février, le texte doit maintenant être examiné par le Congrès. L’autre taxe concerne la location de meublés saisonniers. Il s’agirait de fixer un pourcentage (à déterminer) sur le montant de la nuitée, qui serait reversé aux services fiscaux.

5 123 EMPLOIS

Le tourisme représente une opportunité « à développer, d’autant plus avec les difficultés que rencontre le nickel », estime le membre du gouvernement Mickaël Forrest. NCT estime que la filière rapporte près de 29 milliards de francs à l’économie, un chiffre sans doute « largement sous-estimé », selon Julie Laronde, car la dernière enquête sur le sujet date de 2009. Le tourisme génère 5 123 emplois directs (environ 20 000 emplois indirects) et représente 2 314 entreprises. Enfin, le secteur « est un investissement profitable pour le pays », insiste Julie Laronde. « Si on se compare aux voisins, Tahiti Tourisme, c’est 48 employés et un budget de promotion internationale d’un milliard de francs pour 304 000 visiteurs étrangers. NCT, c’est 11 employés et un budget de 350 millions pour 469 598 touristes [croisiéristes compris, NDLR]. »

Anne-Claire Pophillat

Nouvelle-Calédonie Tourisme a inauguré un nouvel espace de promotion touristique vendredi 8 mars, à la gare maritime, qui propose un condensé de la diversité de la Nouvelle-Calédonie. « Le temps d’une escale est très court, les croisiéristes ne peuvent pas découvrir tout ce que le territoire a à offrir, commente Julie Laronde, directrice de NCT. L’idée est de leur montrer ce qu’ils vont rater pour les inciter à revenir en tourisme de séjour. » (© A-C.P.)