Nouvelle-Calédonie, terre de rugby

La coupe a été exposée au Château Royal pour la soirée des partenaires. Le directeur de l’établissement, Renaud Mahé, évoque un honneur et un privilège. « Nos clients étaient ravis, notamment les Néozélandais. On les a prévenus qu’elle serait pour la France cette année ! » Les collaborateurs ont également profité de ce moment pour prendre des clichés : « C’est la chance d’une vie », dit un jeune homme fan de ce sport. / © C.M.

Le territoire a eu la chance d’accueillir le trophée Webb Ellis, du 26 au 30 juillet, dans le cadre de l’organisation de la Coupe du monde de rugby par la France et la venue du président de la République. Sportifs et amateurs n’ont pas boudé leur plaisir.

C’est un « joyau » de 48 cm de hauteur pour 4, 6 kg en argent plaqué or 4 carats. Coût de fabri- cation : entre 60 000 et 70 000 euros et une assurance à faire pâlir ses propriétaires de la World Rugby. Sa valeur réelle ? Inestimable compte tenu de son historique avec les meilleurs joueurs du monde et d’illustres présidents dont Nelson Mandela. Si les champions gardent une copie, l’original reste aux mains de cette organisation.

Elle la confie durant un an au pays organisateur, en l’occurrence la France, qui peut l’exposer au public et promouvoir le sport. Le trophée Webb Ellis est un VIP. En train ou en avion, il ne voyage pas en soute, mais bien en business ou première classe, avec son propre siège. La coupe est soumise aux mêmes formalités qu’un ministre ou un président. Et lorsqu’elle n’est pas en repré- sentation, elle dort dans le coffre-fort d’une banque ou se repose chez son joaillier qui entretient aussi la couronne d’Angleterre.

La venue de la coupe était liée au déplacement du président de la République. / © Ville de Nouméa

PAS TOUCHE !

À ses côtés nuit et jour, Zoltan Sorban, son « garde du corps », responsable logistique à France 2023. Dans le cadre de ses missions, cet homme a la responsabilité de gérer ses déplacements. Il est parfois accompagné d’une équipe de sécurité, de forces de l’ordre. Zoltan n’est pas mécontent de ce travail. « On rencontre un public très varié avec qui on peut échanger. Même les gens qui n’y connaissent pas grand-chose sont attirés par l’objet. Ça crée aussi de l’attention autour du rugby et les gens s’en souviendront sûrement lors de la prochaine coupe. »

À cet instant précis, notre conversation est stoppée nette. Une femme a touché le précieux. Ce qui est formellement interdit, ce droit étant réservé aux seuls champions du monde. Et à Zoltan qui porte des gants. Cela arrive- t-il souvent ? « Pas vraiment. Mais on a des sueurs froides. Le risque est qu’elle puisse tomber. Bien souvent ce sont des adultes qui la touchent par défi ou sentiment de pouvoir alors qu’on vient de leur expliquer que c’est interdit. » Le plus haut personnage de la République, Emmanuel Macron, ne se serait d’ailleurs pas gêné comme le plus grand cuisinier tricolore, Paul Bocuse.

CONTRIBUTION

Le trophée a fini son parcours français par la Nouvelle-Calédonie. Une tournée organisée en même temps que la venue du chef de l’État, accompagné du président de France 2023, Jacques Rivoal, invité à la dernière minute. Le passage d’Emmanuel Macron par Wallis-et-Futuna initialement prévu a été annulé. La coupe n’a donc pas fait le voyage jusqu’au bout, un fait regrettable vue leur implication. « On a réussi à bénéficier de la présence de cette coupe qui n’était pas évidente au début, notamment grâce à nos amis de Wallis-et-Futuna qui sont derrière ce projet à la base avec la commission Outre-mer. On essaye donc au maximum de leur faire honneur », explique Marc Perinet, président de la Ligue de Nouvelle-Calédonie.

La coupe William Webb Ellis porte le nom de l’inventeur du rugby moderne. Sur l’œuvre de l’orfèvre londonien Garrard’s figurent tous les vainqueurs de la coupe depuis 1987. / © C.M.

L’image des joueurs du territoire est bien sûr, dans tous les esprits. « On a quatre joueurs qui figurent dans l’équipe de France à XV (Yoram Meofana, Sipili Falatea, Peato Mauvaka et Romain Taofifenua). Et on a aussi la chance d’en avoir dans les autres équipes de France, en U20 (Brent Liufau), U18 (Elina Folituu) et en rugby à sept (Yolaine Yengo, Nisié Huyard, Sefo Siega). ».

La ligue calédonienne a déroulé un programme pour « essayer un maximum de faire plaisir à tout le monde ». Des rencontres avec la Coupe ont été organisées à Nouméa, au Mont-Dore, à Dumbéa, Pouembout et Bourail. Une dernière opération lors d’un « jour de rugby » organisé à Rivière-Salée était dédiée à plus de 420 jeunes joueurs issus des clubs. « Un grand moment de joie. C’est quelque chose d’extraordinaire d’avoir pu leur offrir cette possibilité », conclut Marc Perinet.

Le trophée est rentré à Paris avant un passage à Londres chez son bijoutier, afin d’être présenté sous son meilleur jour lors du match d’ouverture vendredi 8 septembre : un choc entre le XV de France et les All Blacks au stade de France.

Chloé Maingourd

JEUX DU PACIFIQUE

L’équipe masculine de rugby à sept de Nouvelle- Calédonie devrait passer à côté des Jeux des Salomon en fin d’année. Elle n’a pas été sélectionnée par le CTOS. Une décision que compte combattre la Ligue qui s’estime lésée par l’entrée dans la compétition de l’Australie et de la Nouvelle- Zélande.

Avec Fidji et Samoa, une sélection devient très compliquée. Des joueurs qui devaient partir en France avaient mis leur départ en suspens pour porter le maillot calédonien. « C’est une décision qu’on ne peut pas accepter, indique Marc Perinet. On va se préparer et, au pire, on trouvera un autre tournoi. »

Les filles n’étaient pas en lice – il n’y avait pas d’équipe préparée – malgré les potentiels individuels. Parmi les autres projets, pour les plus jeunes, la relance en octobre du tournoi Griffin’s arrété avec le Covid, et avant cela, le tournoi international de Wallis.

DES ESPOIRS

Le sport compte en Nouvelle-Calédonie un peu plus de 1 000 licenciés. Un chiffre en régression. Parmi les espoirs formulés dans les clubs, comme dans de nombreux sports, faire sortir les équipes afin qu’elles ne jouent pas qu’entre elles. Et offrir à ce sport un nouveau stade.