NiLab : une activité ralentie depuis décembre

Le laboratoire a analysé plus de 185 000 échantillons de minerai en 2023. La direction informe les salariés des évolutions, précise Karl Bernard, gérant de NiLab : « on leur parle dès qu’il y a du nouveau ». (© NiLab)

En à peine deux mois, la société NiLab, qui analyse les échantillons de minerai, a perdu 40 % de son chiffre d’affaires et a diminué de près d’un tiers ses effectifs. Pour les sous-traitants, dont fait partie le laboratoire basé à Pouembout, les effets de la crise du nickel sont déjà là.

Les sous-traitants le savent. Les prestataires servent souvent de variable d’ajustement. En cas de difficultés, quand les entreprises réduisent leurs coûts, les budgets dédiés aux fournisseurs font partie des premiers à être touchés. C’est le cas des métallurgistes, qui ont rogné leurs investissements dédiés à l’exploration. « D’autant que les usines ont des laboratoires en interne », indique Karl Bernard, gérant de NiLab, qui en a déjà fait les frais par le passé.

En 2016, le seul laboratoire indépendant du territoire, fondé à Pouembout en 2008, traverse une crise dont l’aide octroyée par le Fonds nickel et le chômage partiel lui permettent de sortir. « Cela nous a soutenus pendant un an, puis il y a eu, heureusement, une grosse reprise du secteur en 2019 », se rappelle Karl Bernard.

Huit ans plus tard, NiLab tourne à nouveau au ralenti. Mais cette fois-ci, l’avenir paraît davantage incertain. Il y a d’abord eu une baisse des demandes de Prony Resources, puis l’arrêt de la mine de Poum et, maintenant, l’annonce de la mise en veille à chaud de l’usine de Vavouto, dont l’impact est majeur. Car si, avant, les trois marchés que représentent Prony Resources, KNS et la SLN étaient équilibrés, l’an dernier, Koniambo constituait à elle seule 80 % de l’activité de NiLab. « On a été obligés de ne plus renouveler certains CDD, témoigne le gérant. On avait environ 75 salariés jusqu’au 2e trimestre parce qu’on tournait 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. En décembre, au vu de la baisse de l’activité, on a arrêté les quarts et on est passés à environ 50 employés, puisqu’il y avait moins besoin d’opérateurs. » Leur nombre pourrait baisser à 36.

RÉUNION DE CRISE

L’entreprise, subissant les évolutions du marché, n’a d’autre choix que de s’adapter à la quantité d’échantillons qu’elle reçoit. L’avenant en cours entre la société et Koniambo court jusqu’au 29 février. « On doit poursuivre l’activité jusqu’à la fin du mois. » Après ? « On verra ce qu’il en est », glisse Karl Bernard. Car malgré la mise en veille, les analyses pourraient être poursuivies afin d’évaluer la ressource en vue de l’arrivée d’un éventuel repreneur.

La fusion d’un échantillon avant analyse au laboratoire NiLab. (© NiLab)

La direction a tenu une réunion de crise afin d’identifier les solutions pour que le laboratoire puisse rester en veille le temps d’une reprise de l’activité. La première est de diminuer les charges (échelonner les traites à verser aux banques, repousser les paiements dus à la Cafat ainsi que le loyer, souscrire une puissance plus faible à Enercal).

NiLab envisage tous les scénarios. Et n’exclut pas d’actionner les mêmes leviers que lors de la précédente récession : demander le soutien du Fonds nickel et avoir recours au chômage partiel. Parmi les options considérées, la diversification. « On est tellement spécialisés qu’il faudrait réinvestir et on n’en a pas les moyens. Notre laboratoire ne permet de traiter que du minerai. » En attendant, Karl Bernard s’emploie à gérer la situation au jour le jour.

 

KNS représentait…

30 milliards (250 millions d’euros) de contrats locaux en 2021

450 entreprises sous-traitantes

 

A.-C.P.