Modalités du référendum : les partis se positionnent

Date du prochain référendum, utilisation du drapeau bleu, blanc, rouge pour la campagne référendaire, les élus du Congrès ont débattu des heures durant pour rendre un avis sur le projet de décret présenté par le Premier ministre. Des échanges qui signent le début de la campagne référendaire et permettent de voir dans quel camp se placent les « petits » groupes politiques.

C’était couru d’avance, vendredi : pendant plus de quatre heures, les discussions entre les élus des différents groupes politiques du boulevard Vauban ont fusé. C’est la question de l’utilisation du drapeau tricolore pendant la campagne référendaire, sur les documents, affiches et circulaires, qui a mis en exergue les plus longs échanges. Les indépendantistes ont indiqué qu’ils étaient contre, prétextant que cette proposition acceptée par Paris était une prise de position politique qui pourrait aller jusqu’à susciter des recours après le deuxième référendum. De leur côté, les partisans du maintien dans la France souhaitent pouvoir tout simplement utiliser le bleu, blanc, rouge au nom de l’égalité de traitement des électeurs.

La campagne est lancée

Les représentants de groupe se sont donc exprimés à tour de rôle sur ce projet qui fait suite, rappelons-le, à un amendement déposé par l’Avenir en confiance. Les indépendantistes ont marqué leur désapprobation, Jacques Lalié étant le plus expressif sur le sujet. « Avec cet amendement, ce n’est pas un amour du drapeau que vous êtes en train de développer, c’est une utilisation. C’est différent », a avancé le représentant du FLNKS aux non-indépendantistes. Réponse de l’Avenir en confiance : il s’agit simplement de rééquilibrer les choses, Virginie Ruffenach précisant que « cet équilibre passe par l’utilisation par chaque camp des couleurs qui représentent ses orientations politiques. Il était inenvisageable que le drapeau bleu, blanc, rouge soit censuré dans le cadre de cette campagne référendaire. » Mais pour Marie-Line Sakilia, du FLNKS, « à partir du moment où l’État français nous oblige à accepter la propagande référendaire avec l’usage par les loyalistes du drapeau bleu, blanc, rouge, il n’y a plus d’égalité, il n’y a plus d’équité ».

Mais au titre justement de l’égalité ou de l’équité pourquoi autoriser un drapeau et pas l’autre ? Pourquoi accepter des couleurs qui servent à faire valoir le « oui » et refuser celles du « non » à l’indépendance ? C’est dans ce sens que Sonia Backes, de l’Avenir en confiance, a tenu à préciser que d’un côté, « on a un camp loyaliste, qui veut que toutes les communautés qui vivent en Nouvelle-Calédonie aient les mêmes droits et les mêmes devoirs et soient toutes traitées sur un pied d’égalité. Et puis on a le projet indépendantiste, qui veut qu’une communauté prenne le dessus sur les autres. Je pense que ce débat sur le drapeau traduit ces projets politiques et la différence de ces projets ». Gil Brial a aussi tenu à prendre la parole pour répondre directement à Jacques Lalié, qui avait indiqué plus tôt que « seul le drapeau indépendantiste pouvait être aimé ». Pour le représentant de l’Avenir en confiance, qui comprend « les valeurs et l’amour que les indépendantistes peuvent porter à leur drapeau », il interdit à Jacques Lalié de « contester l’amour » qu’il a, lui, pour le drapeau tricolore. Et d’ajouter en direction de l’élu indépendantiste : « Vous parlez d’un projet accueillant, où tout le monde a sa place, alors montrez-le ! » Après plus de quatre heures, les élus ont procédé au vote et l’amendement a finalement été accepté : le drapeau bleu, blanc, rouge est donc autorisé. Mais on se doute bien que de probables recours sur la sincérité du scrutin seront engagés.

Non pour la date

Après ces échanges animés, les élus du boulevard Vauban se sont exprimés sur la date du 4 octobre proposée par le Premier ministre. Si les partisans du maintien de la Calédonie dans la France ont rendu un avis favorable, les indépendantistes ont voté contre, affirmant encore qu’il leur fallait plus de temps pour préparer la campagne référendaire. Calédonie ensemble s’est calé une nouvelle fois sur la position du FLNKS et s’est abstenu, permettant ainsi au FLNKS de dégager une majorité pour que le référendum se tienne le 25 octobre au lieu du 4. En agissant de la sorte, « Calédonie ensemble confirme qu’ils sont des supplétifs du FLNKS, a réagi Philippe Blaise de l’Avenir en confiance. Les Calédoniens qui pouvaient douter savent maintenant. »

Dialogue difficile

Ces échanges au Congrès ont démontré une nouvelle fois que pour les indépendantistes tous les moyens sont bons pour gagner la course référendaire, même jusqu’à s’éloigner de tout ce qui a été construit ces trente dernières années en faveur du destin commun. Les « petits » partis se sont également positionnés. Si Générations NC a définitivement confirmé sa présence au sein du front non indépendantiste, à Calédonie ensemble, on joue le jeu du FLNKS en évoquant la « rupture du dialogue ».

Ainsi Philippe Dunoyer explique que ce qui s’est passé est « une mauvaise nouvelle par rapport à la rupture, consacrée maintenant, du dialogue. Ça provoque, et ça provoquera, certainement, des risques sur le résultat du référendum. S’il y a un contentieux sur le décret, il y aura certainement un contentieux sur le résultat du référendum ». Enfin, du côté de l’Éveil océanien, on reste prudent dans son choix, mais lucide, municipales obligent. Milakulo Tukumuli, le chef de groupe et président du parti, déplore le changement « des conditions entre 2018 et 2020. La responsabilité est celle des deux camps et de l’État. Ils devront assumer ainsi les éventuels contentieux suite au résultat ».

D.P.