Mocamana, les précurseurs

L’association de protection de l’environnement s’est lancée dans la compensation carbone volontaire en 2012, grâce à laquelle elle a mis en terre plus de 15 000 arbres. Afin d’accélérer le rythme, elle prône la création d’un label pour attirer davantage d’investisseurs.

L’idée lui est venue il y a une dizaine d’années. Après un démarrage un peu « compliqué » – « les gens ne connaissaient pas trop » – la compensation carbone a pris petit à petit, témoigne Christine Pöllabauer, directrice de Mocamana. D’un à deux millions de francs par an, l’association récolte désormais le double, dont environ 80 % proviennent d’entreprises et le reste de particuliers. Premier avantage, cela donne droit à un crédit d’impôt. « Et puis, c’est positif pour l’image de la société. »

L’argent finance les programmes de restauration menés au Mont-Dore (maquis minier), à Nouville (forêt sèche) et au parc des Grandes Fougères (forêt humide). Ainsi que la micro-forêt urbaine de la Vallée-des-Colons, créée en juillet 2021 avec BNP Paribas, un projet que Mocamana veut développer, à l’aide notamment de sa pépinière, lancée l’an dernier. Une façon de se faire bien voir ? « Il peut y avoir un côté greenwashing, mais certaines d’entre elles travaillent vraiment à réduire leurs rejets, il y a une certaine prise de conscience. »

Mocamana calcule la quantité de dioxyde de carbone émise par les déplacements ou la consommation en électricité afin de savoir combien planter d’arbres pour capter le CO2 produit. Par exemple, un voyage Nouméa/ Paris « représente environ 20 arbres », estime Christine Pöllabauer. Mais tous n’absorbent pas autant de CO2. Cela dépend de leur maturité et de leur espèce – « celles qui en assimilent le plus sont les mangroves ».

Besoin de financements

Cela a un coût. De 300 à 750 francs pour un plant, sans compter « l’éradication des espèces envahissantes, l’entretien, la replantation en cas de destruction et la rémunération du personnel en insertion », soit un prix de revient d’environ 2 000 francs l’unité. D’où le besoin de financements. Si la structure bénéficie du soutien de plusieurs contributeurs, BNP Paribas, Nestlé, OPT, etc., cela ne suffit pas. « Il faudrait créer une certification pour inciter les entreprises à participer davantage, considère Christine Pöllabauer. Cela nous permettrait aussi de nous ouvrir sur l’international, à des structures comme la Fondation Yves Rocher. » Ce qui impliquerait une volonté politique afin de créer un service doté d’agents chargés du contrôle et du suivi de l’ensemble du processus.

 

A.-C.P. (© Mocamana)