Mieux dépister l’hypertension artérielle

En Nouvelle-Calédonie plus de 20 % de la population souffre d’hypertension artérielle. À l’occasion de la Journée mondiale, jeudi dernier, le CFLHTA (Comité de lutte contre l’hypertension artérielle) et la SFHTA (Société française d’hypertension artérielle) ont dévoilé de nouveaux outils pour favoriser l’observance*.

Tous les ans, le 15 décembre, c’est la Journée nationale contre l’hypertension artérielle, une maladie chronique qui touche plus de 11 millions de Français et plus de 40 000 Calédoniens, selon l’Agence sanitaire et sociale. Sur le territoire, on sait que les habitudes alimentaires avec une surconsommation de sel sont responsables de cette maladie qui a de graves conséquences sur l’état de santé, avec des accidents cardio-vasculaires trois fois plus élevés qu’en Europe. Les services sanitaires, les professionnels de santé et les personnes touchées par cette maladie seront donc heureux d’apprendre que de nouveaux outils de dépistage d’hypertension viennent de voir le jour.

Améliorer le dépistage

Le CFLHTA et la SFHTA mettent à disposition des outils de dépistage téléchargeables gratuitement. Les applications EVAL-OBS et FLASHS-Observance, téléchargeables sur le site comitehta.org, sont destinées aux professionnels de santé et aux patients souffrant d’hypertension pour un usage d’autodiagnostic afin d’estimer le niveau d’observance. La première application EVAL-OBS utilise la technique de l’échelle visuelle analogique. Le patient place le curseur suivant une gradation allant de « Je n’ai pris aucun comprimé » à « J’ai pris tous les comprimés » pour répondre à la question : « Comment avez-vous pris votre traitement de l’hypertension artérielle pendant le dernier mois ? »

« Grâce au positionnement du curseur sur l’échelle, le médecin ou le patient lui-même va pouvoir déduire une probabilité de la mauvaise observance de la thérapeutique au cours du dernier mois, c’est-à-dire savoir si le traitement a été pris moins de 80 % du temps du traitement sur cette période », explique le Pr Xavier Girerd, cardiologue au CHU de la Pitié-Salpêtrière et trésorier du CFLHTA. L’outil FLASHS-Observance est un calculateur du risque d’inobservance ; en renseignant 10 critères relatifs aux caractéristiques personnelles et à l’état de santé du patient, il est possible de lui attribuer une des trois catégories de risque d’inobservance : faible, fort ou intermédiaire.

Des outils indispensables

Avec ces deux applications, les médecins et les patients peuvent donc mieux observer la maladie, son évolution et surtout la manière dont elle est combattue grâce au bon suivi ou non d’une prescription. Un changement notable quand on sait qu’au bout d’un an de traitement, 35 % des patients ne prennent pas leurs médicaments, un pourcentage qui grimpe à 50 % pour les patients qui ont une prise médicamenteuse multiple en raison du traitement d’autres maladies comme l’hypercholestérolémie et le diabète. Et c’est le cas en Nouvelle-Calédonie. Rappelons qu’une hypertension non traitée peut provoquer de nombreuses complications comme des accidents vasculaires cérébraux infarctus du myocarde, lésions des reins, hémorragies intracrâniennes… D’où l’intérêt de ces deux applications qui observent les patients et leur prise médicamenteuse, et qui en même temps, les sensibilisent. « Il faut que le patient soit le principal acteur de sa maladie, de sa prise en charge », indique le Dr Bernard Vaïsse, président du CFLHTA et cardiologue à l’hôpital de la Timone, à Marseille.

Deux applications téléchargeables sur le site comitehta.org.

C.S.

*La façon dont un patient suit, ou ne suit pas, les prescriptions médicales et coopère à son traitement.


L’hypertension artérielle

Elle se définit par une élévation trop importante de pression dans les artères, élévation qui persiste alors que le sujet est au repos. Quand le cœur se contracte, il agit comme une pompe qui propulse le sang dans toutes les artères pour apporter énergie et oxygène à l’organisme. Le sang, ainsi mis en circulation, exerce une pression sur la paroi des artères. Cette pression ou tension artérielle peut être mesurée, et on l’exprime en millimètres de mercure (mmHg) ou en centimètres de mercure (cmHg).


Deux chiffres à connaître

La pression ou tension artérielle s’exprime par deux valeurs : l’une, dite systolique, correspond à la pression dans les artères au moment où le cœur se contracte (systole) et éjecte le sang dans le réseau artériel (c’est la pression maximale du sang) ; l’autre, dite diastolique, correspond à la pression dans les artères au moment où le cœur se dilate et se remplit, entre deux contractions (c’est la pression minimale du sang). La pression (ou tension) artérielle est normale si elle est inférieure à 14/9 cmHg lorsqu’elle est mesurée en cabinet médical. En pratique, on peut dire que la tension est à 120/80 si les chiffres sont donnés en millimètres de mercure (mmHg) et à 12/8, si cette mesure est exprimée en centimètres de mercure (cmHg).


Les causes de l’hypertension

Certains facteurs peuvent favoriser son apparition. L’hygiène de vie comporte des éléments qui font augmenter la valeur de la tension artérielle : une alimentation riche en sel et pauvre en fruits et légumes, une consommation trop importante d’alcool, une faible activité physique, le surpoids, le tabac et une vie stressante. Il peut également y avoir d’autres facteurs comme des causes héréditaires. Le risque d’hypertension artérielle augmente avec l’âge et atteint 40 % des personnes à 65 ans et 90 % à 85 ans.