Melbourne : des opportunités à saisir pour le tourisme

Melbourne devrait permettre d’intensifier la reprise des flux touristiques avec Nouméa. Le retour d’Aircalin permet par ailleurs à l’aéroport de rétablir son nombre de sièges à son niveau pré-Covid. C’est le premier à y parvenir en Australie. (© A.-C.P.)

Le secteur se félicite du retour de la ligne de Melbourne, d’autant que l’Australie représente le second marché émetteur de touristes internationaux pour la Nouvelle- Calédonie et que le nombre de visiteurs provenant du pays a augmenté en 2023.

Un bon de 14 %. C’est ce qu’affichent les chiffres de la fréquentation australienne en Nouvelle-Calédonie jusqu’en octobre, par rapport à la même période en 2019. Les acteurs du tourisme espèrent que le retour de la liaison vers Melbourne accentuera le phénomène. Plus « qu’un retour à la normal après le Covid et un signal positif pour l’ensemble du secteur », cela représente « une opportunité » de développement, « puisqu’un tiers des flux touristiques australiens provenait de Melbourne », considère Julie Laronde, directrice de Nouvelle-Calédonie tourisme, agence chargée de la promotion touristique.

Avec Aircalin, NCT a déployé des campagnes de communication à travers la ville aux cinq millions d’habitants depuis le mois d’août pour « susciter l’envie de la population de Melbourne de se déplacer et stimuler le marché », indique Georges Selefen, directeur général de la compagnie aérienne.

Panneaux d’affichage, radio, télé, ventes avec des tour-opérateurs, sensibilisation des médias et agences de voyage à la destination. Une nécessité après plus de trois ans d’absence. « Même si on ne part pas de zéro, il faut refaire sa place parce que la compétition est rude », indique Julie Laronde. Le principal concurrent dans le Pacifique Sud ? Fidji. Afin de se démarquer, NCT valorise les spécificités de la Nouvelle-Calédonie, ce qui en fait une destination à part, à l’opposé du tourisme de masse.

Julie Laronde est directrice de Nouvelle-Calédonie tourisme. (© A.-C.P.)

LES AUSTRALIENS PLUS « AVENTUREUX »

Pour attirer les Australiens, le premier avantage est la proximité. « À 3 h 30 de vol direct, ils peuvent être intéressés, d’autant que ce sont des voyageurs qui ont l’habitude de se rendre à l’étranger. » Le deuxième est que le marché, avec celui de la Nouvelle-Zélande, semble bien répondre à ce que propose le pays, estime Julie Laronde. « Cela correspond à de nouveaux besoins et de nouvelles attentes. »

Le contexte post-Covid n’y est sans doute pas étranger. « Certains Australiens ne veulent plus s’agglutiner sur une plage ou un site touristique. Ils en sont préservés ici et c’est quelque chose que nous mettons en avant. Sans compter une biodiversité exceptionnelle, un lagon classé, des activités outdoor, une culture authentique… Les gens veulent un retour aux sources, se reconnecter à l’essentiel, ce qu’offre la Nouvelle-Calédonie. »

Julie Laronde l’a remarqué dans l’évolution des comportements des touristes après la crise sanitaire. Les Australiens sont de plus en plus nombreux à louer une voiture pour aller dans le Nord, ce qui n’était pas le cas avant, indique la directrice de NCT. « Il y a une envie de découverte et les gens sont devenus plus aventureux. » Autre axe mis en avant, celui de la culture française. « Les habitants de Melbourne sont francophiles, mais on explique que c’est un mélange avec les cultures océaniennes et mélanésiennes. Je pense que c’est ce qui fait notre force, on ne le trouve nulle part ailleurs dans le Pacifique Sud. »

 

Les projets 2024

Première priorité pour Nouvelle- Calédonie tourisme : relancer le marché japonais qui peine à redémarrer – « c’est une tendance mondiale » -, précise Julie Laronde. « On remarque que les Japonais, qui réservaient beaucoup leur voyage avec des tour-opérateurs, prennent de plus en plus leurs billets d’avion directement, donc il faut les accompagner dans leur envie de changement. »

Ensuite, mettre à profit l’agence de représentation installée
en août à Singapour pour « pénétrer le marché et attirer les Singapouriens ». « Tout reste à faire. » L’agence de promotion continuera également à travailler sur le marché historique en provenance de l’Hexagone en misant sur des campagnes auprès du grand public afin d’améliorer la notoriété de la destination. La présence renforcée sur Fidji pourrait permettre de s’ouvrir aux États-Unis. « Un tel marché ne se pénètre pas comme ça, il faut des moyens conséquents et une bonne préparation. Nous sommes en train de regarder cela. »

Une étude sur l’impact économique
des croisières

NCT va lancer une étude sur l’impact économique de la croisière en Nouvelle-Calédonie, « parce qu’il n’y a pas de données objectives » sur le sujet. L’idée est de savoir ce que les croisiéristes dépensent et ce que la filière rapporte en général, avec l’avitaillement, le toucher du paquebot… Les résultats sont attendus d’ici six mois.

Des besoins financiers

Dotée d’un budget d’environ 500 millions de francs, l’agence de promotion manque de moyens financiers. « Les compétiteurs comme Tahiti et Fidji ont des moyens triples, voire quadruples, donc si on en avait un peu plus, ce serait bénéfique », selon Julie Laronde. Mais NCT s’adapte. « On essaie de faire aussi bien avec moins. » La structure a notamment opéré des changements de segmentation de clientèles afin de mieux cibler celles qui correspondent aux produits touristiques proposés par le territoire.

 

Anne-Claire Pophillat