Médipôle : « des attaques injustes »

Après douze jours de grève, la direction du Médipôle et le syndicat FLS (Front de lutte sociale) ont signé samedi matin un protocole d’accord concernant entre autres l’avenir de plusieurs salariés. Seulement, les mises en cause récurrentes de la structure, relayées notamment sur les réseaux sociaux lors de ce conflit, font « injustement » du mal à l’établissement, jugent la direction et les personnels soignants.

La grève générale lancée par le FLS le 27 février n’aura pas perduré, mais elle laissera indéniablement des traces. À l’origine du conflit, on le rappelle, des revendications non pas salariales, mais de « considération du personnel ». Certains points avaient été discutés positivement dès le début des négociations : les brancards « motorisés », un brancardier de nuit supplémentaire ou encore la prise des repas dans les offices pour certains services, mais d’autres problèmes persistaient. Parmi eux figuraient la demande de réintégration d’un brancardier ou encore la reprise des agents hôteliers dans certains services pour, disait le FLS, « alléger la charge de travail des aide-soignants ».

Au final, l’ensemble des revendications a été traité et une solution
« consensuelle » a pu être apportée à chacune d’entre elles, selon le syndicat. La direction
s’est notamment engagée à ce que le prolongement du contrat du brancardier (visé pour ses « absences répétées » et ses « nombreux désaccords » sur l’organisation) soit examiné par le conseil d’administration. En revanche, il n’est toujours pas question de maintenir les postes d’agents hôteliers qui doivent évoluer vers des postes d’aide-soignant par exemple. Une requalification qui concerne 50 personnes dont quatre récalcitrants.

Dominique Cheveau, directeur du CHT. 

Des mots durs

Si le FLS semble crier victoire sur les réseaux sociaux, il n’y a pas eu de « décisions particulières », selon la direction qui de fait s’interroge sur les motifs réels de cette grève, un « petit conflit » de « 10 grévistes par jour en moyenne » porté par un syndicat récent et « peu représentatif » (6 % des employés syndiqués du CHT), mais qui aura néanmoins entaché la réputation du nouvel hôpital.

« Mouroir », « patients cobayes », « conditions de travail déplorables », « ambiance délétère », « défauts de construction »… Il faut dire que les mots, durs, ont fusé sur les réseaux sociaux et autres forums. Les banderoles installées sur le piquet de grève devant le Médipôle étaient tout aussi évocatrices. On accusait la structure d’avoir fait « 52 morts en un mois de déménagement », on y dénonçait les conditions de travail, la « propagation des microbes », le « harcèlement », le « burn-out », le « manque d’effectifs »… La liste est longue. Et le public, qui, naturellement, se soucie de la qualité des soins de son seul hôpital public, a emboîté le pas.

Retards de prise en charge ?

Dans un contexte déjà compliqué de déménagement, « ils instaurent un doute dans l’esprit des patients et ébranlent la confiance des Calédoniens », s’inquiète Dominique Cheveau, le directeur du CHT Gaston-Bourret. « Ce sont des propos diffamatoires qui impactent injustement les 1 400 soignants et 180 médecins de l’hôpital qui passent leur vie à aider les gens », ajoute le Dr Hala Jenoudet, présidente de la commission médicale d’établissement, l’assemblée qui réunit tous les chefs de service. Pire, la direction et les médecins craignent que cette situation génère un retard dans les prises en charge et un taux de gravité plus important. En clair, que les patients attendent pour se faire soigner. Ce qui constituerait une hérésie, selon le Dr Hala Jenoudet, qui répète qu’après trois mois de mise en service, les soins sont assurés « en toute sécurité » par les mêmes personnels, aux « même compétences » et dans des conditions « de meilleure qualité qu’avant », avec les avantages d’un lieu unique sur les trajets et le confort.

Reste qu’avec un géant à 50 milliards que tout le monde évidemment attend au tournant, la direction admet qu’elle a un devoir de transparence et d’exigence. Elle assure que tous les problèmes techniques sont en phase d’être réglés, mais qu’il faut effectivement gérer les réparations du quotidien (portes, poignées, fenêtres…) et surtout apporter « des améliorations au niveau de l’organisation », encore perfectible notamment aux urgences où l’attente se fait longue. La direction rappelle que 200 postes supplémentaires dont 150 soignants ont été ajoutés, soit une augmentation de 10 % des effectifs en une année contre une hausse de l’activité de 5 % avec 70 lits supplémentaires. Les différentes demandes relatives à l’organisation seront étudiées pour le mois de juin.

C.M.


Dengue : L’unité de soins dédiés fonctionne à plein régime

Il a été décidé voilà deux semaines, après « un week-end épouvantable aux urgences », d’ouvrir une unité spéciale dengue de sept lits au Médipôle, avec un médecin et une équipe paramédicale. Les patients y restent deux jours en moyenne. Cette unité a l’avantage d’apporter une attention très ciblée et de ne pas mobiliser d’autres lits d’hospitalisation. Un nouveau point sera fait mi-avril sur la nécessité ou non de maintenir cette unité.


Un service pour les victimes d’agression en projet

Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie doit collaborer avec l’État et le CHT pour permettre la création d’un Cauva, un Centre d’accueil d’urgence des victimes d’agression, au sein même du Médipôle. Cette structure sera dévolue à l’accueil des victimes d’agressions physique, sexuelle ou psychologique. Les représentants du territoire se sont engagés sur un délai d’un an.