Médias : « Caledonia fait primer l’humain et ça marche »

Jaimie Waimo, directeur des programmes, aborde 2022 avec « plus de sérénité ». Moins délicate, la situation financière lui autorise quelques ambitions. Pour que l’audimat continue de grimper, la chaîne s’appuiera sur un JT renforcé et sur l’ambition « pays » qui l’anime depuis le début.

DNC : Caledonia passe de cinq à six journaux télévisés par semaine et ajoute Ça vous parle, un débat de 26 minutes après le JT du mardi. Quelle est votre ambition ?

Jaimie Waimo : Le JT continue de monter en puissance et on l’a effectivement renforcé avec un talk-show présenté par Blandine Guillet, qui permettra d’aborder les sujets d’actualité qui nous interpellent. On aura 26 minutes pour débattre des problématiques de la société calédonienne, que ce soit les morts sur la route ou des sujets beaucoup plus légers. L’idée, c’est de prendre le temps, de donner davantage de profondeur à l’information.

Est-il toujours trop tôt pour parler de concurrence avec le JT de NC La 1ère ?

Je crois que nous avons plutôt une relation complémentaire. On peut traiter les mêmes sujets, mais avec des angles différents et c’est ça, le journalisme. Avoir deux JT, je pense que ça fait appel à l’esprit critique des Calédoniens, ça le développe. Aujourd’hui, dire qu’on voudrait concurrencer le JT de NC La 1ère, ce serait un peu utopique. En termes d’audimat, le 19 h 30 reste très loin devant. Et puis on ne peut pas véritablement les concurrencer tant que l’on a un JT uniquement du lundi au vendredi. Leur invité politique du dimanche soir reste un rendez-vous incontournable. On pourra parler de concurrence le jour où l’on aura sept JT par semaine. On se battra à armes égales et on verra de quoi on est capable. Si on trouve les moyens nécessaires, on pourra essayer de les titiller. C’est bien de se lancer des défis.

 

On pourra parler de concurrence avec NC La 1ère le jour où on aura 7 JT par semaine. »

 

La dernière enquête de Médiamétrie indique que Caledonia a une part d’audience de 6,7 %, contre 4,8 % deux ans plus tôt.

On est satisfait de cette progression. On s’est fait connaître des Calédoniens, les enquêtes de notoriété le montrent aussi. Maintenant, le but est de fidéliser. L’objectif est de continuer à grappiller un point d’audimat par an.

Votre chaîne n’échappe pas aux difficultés financières que connaissent de nombreux médias, de nombreuses entreprises. Quelle est la situation ?

Tant que les provinces Nord et des Îles nous suivront, on tiendra. Si les élus changent, si la stratégie change, on ne sait pas quel sera notre avenir. Il est difficile de mettre en place une politique de développement sur cinq ans, car on n’a pas cette visibilité. On est tributaires des décisions des institutions. En matière de gestion financière, un gros travail d’assainissement a été fait par Ashley (Vindin, le directeur général, NDLR) et on peut aborder 2022 avec plus de sérénité que 2021. On peut espérer remettre des matchs de football à l’antenne, faire des directs sur des événements populaires. Et c’est une bonne nouvelle, parce que parler de proximité depuis un studio, ça a ses limites…

 

Le premier numéro de Ça vous parle a été tourné et diffusé mardi.

 

Depuis sa création, Caledonia a l’ambition d’être une télé « pays ». Le pari est-il gagné ?

Désormais, plus de 50 % de nos téléspectateurs se trouvent en province Sud. C’est révélateur et cela doit encore aller plus loin. On s’est rendu compte que les téléspectateurs du Sud apprécient la tranche d’information et les programmes qui leur font découvrir le reste du pays. Ce n’est pas Koh Lanta ou Le Meilleur Pâtissier… Au contraire, ce sont les gens du Nord et des Îles qui regardent ces émissions. Plus largement, partout où l’on va tourner, les portes sont ouvertes, l’accueil est chaleureux. Et justement, la volonté de Caledonia, c’est de tisser des liens entre communautés. Quand on se connaît, on gomme les raccourcis du style « rentre chez toi ». Ça ne veut pas dire que l’on a une vision utopique, celle d’un pays où tout le monde s’aime tout le temps ! Mais on fait primer l’humain, c’est la ligne éditoriale de Caledonia et on voit que ça marche.

 

Propos recueillis par Gilles Caprais (© G.C.)