Manon Brasseur, toujours à fond

Plongée dans le travail, la triathlète pensait faire l’impasse sur la saison 2022. Elle a finalement remporté l’argent aux Mini-Jeux du Pacifique, puis le tour de Calédonie cycliste, pris la présidence de son club ainsi que des responsabilités au sein de la ligue.

Déjà officier de sapeurs-pompiers, promue cheffe de service à la Sécurité, Manon Brasseur s’apprêtait à faire une croix sur sa saison 2022. Tant pis pour la présélection aux Mini-Jeux. « Je ne me sentais pas capable d’y aller, j’étais trop loin de mon niveau de début 2021. »

Mais ses copines en ont décidé autrement. La discussion décisive a eu lieu au bord de la piscine de Magenta. Natalia Prado s’est déclarée entraîneuse de course à pied, Marc’Harid Laidet a pris en charge le cyclisme, et Alizée Marcellin la natation. Elles l’ont poussée, et il n’en fallait pas beaucoup plus pour que Manon Brasseur reprenne son allure effrénée, l’entraînement à raison de 15 heures par semaine. « Elle fait toujours les choses à fond. S’il faut se lever à 3 h 30 du matin pour pouvoir faire sa séance, elle va le faire. Elle est impressionnante », constate Marc’Harid Laidet.

À ce rythme-là, les performances de Manon ont rapidement retrouvé leur meilleur niveau. La licenciée du Cercle des triathlètes de Nouvelle-Calédonie a décroché la médaille d’argent à Saipan, devant sa compatriote Charlotte Robin, trois ans seulement après sa découverte de la discipline ‒ et de la compétition tout court.

LE COLLECTIF AVANT TOUT

« J’avais fait du handball, de la natation… Mais la compétition, ça ne m’avait jamais attirée. Le fait de se confronter à d’autres personnes, je trouvais ça difficile à gérer. » Elle y a pris goût, mais revendique toujours une préférence pour le « dépassement de soi », le « sport plaisir », la cohésion. Des valeurs omniprésentes dans Au Tour d’Elles, dont elle a remporté la 6e édition, au mois d’octobre.

 

S’il faut se lever à 3 h 30 du matin pour pouvoir faire sa séance, elle va le faire. Elle est impressionnante.

 

Pour les défendre, Manon Brasseur a carrément pris la présidence du CTNC cette année, avant de rejoindre le comité directeur de la ligue de triathlon. « Ses rendez-vous au comité passent avant ses entraînements. Elle fait passer le collectif avant tout », insiste Marc’Harid Laidet. Si la championne a pris des responsabilités aussi rapidement, c’est « parce qu’elle fait l’unanimité ». « Elle tient compte de l’avis de chacun, elle arrive à apaiser les discussions. Elle est appréciée de tout le monde. »

L’IRONMAN DANS LE VISEUR

Pour finir son année sportive en beauté, Manon Brasseur participera à un semi Ironman ce week-end à Taupo, en Nouvelle- Zélande : 1,9 kilomètre de natation, 90 km de vélo et 21 de course à pied. Ce sera sa deuxième expérience sur les longues distances, et certainement pas la dernière. « J’aimerais faire un Ironman, un jour. D’ici trois à cinq ans, si c’est compatible avec ma vie de famille. » Pour préparer l’épreuve reine du triathlon, il faudra monter à près de 25 heures d’entraînement hebdomadaires, au milieu d’une vie déjà bien remplie. « Je veux me fixer des objectifs atteignables pour ne pas être déçue à la fin. Mais je sais que c’est faisable. »

« Anything is possible », elle l’a fait graver sur sa peau. En plus de sa détermination sans faille, Manon pourra compter sur les bons conseils de Mathieu Szalamacha, qui a pris la suite de Damien Bouteiller en tant qu’entraîneur.

À plus court terme, elle espère vivre les Jeux du Pacifique qui auront lieu en 2023 aux îles Salomon. « Le vivre, rien qu’une fois, ce serait magnifique. »

Deuxième tour cycliste, deuxième podium : une 3e place sur le Tour des Vahinés, en novembre à Tahiti.

 

Gilles Caprais (© Vahine Photos)