Malgré une saison compliquée Arthur Guillebert ne lâche rien

L’ultime heat de la dernière étape du circuit mondial de freestyle n’a pas pu avoir lieu à Dunkerque, faute de vent, laissant ainsi les quatre finalistes, dont Arthur Guillebert, ex aequo.© Samuel Cardenas / Qatar Airways GKA Kite World Tour

Même si Arthur Guillebert a terminé premier ex aequo de la dernière étape de freestyle du circuit international GKA récemment à Dunkerque, le calédonien d’adoption est mal embarqué pour terminer sur le podium cette saison. La faute, notamment, à une vilaine blessure au genou.

Une victoire partagée, mais une victoire quand même. Éole n’ayant pas été assez généreux lors de cette dernière étape du tour mondial, les ailes des quatre finalistes n’ont pas pu décoller, sur le plan d’eau de Dunkerque, dans le nord de l’Hexagone. Qu’importe pour le Cagou, qui signe ici son retour sur un podium, depuis sa médaille d’argent en Arabie saoudite en octobre 2022.

C’est d’ailleurs lors de cette compétition qu’Arthur Guillebert s’était sérieusement blessé au genou. « J’ai un morceau de ménisque qui a sauté à la suite d’une mauvaise réception », précise-t-il. Mais « Tutur » a serré les dents et a tout de même participé à la dernière manche de la saison, au Brésil, en novembre, terminant aux portes de la finale. « Je me suis fait opérer en décembre dernier, explique le kitesurfeur de 26 ans. J’ai passé quatre mois sans pouvoir aller sur l’eau. »

OBJECTIF TOP 5

Une longue convalescence qui l’a obligé à faire l’impasse sur le premier rendez- vous de l’année, au Qatar, fin janvier. La reprise ? Elle s’est faite directement en Colombie, lieu de la deuxième manche, début mars. Arthur Guillebert est parvenu à se classer à la 7e place, malgré un manque d’entraînement certain.

« J’avais tout de même quelques douleurs résiduelles, alors j’ai décidé de me focaliser davantage sur le big air (lire ci-contre), moins traumatique pour les genoux », précise celui qui navigue non loin de Montpellier, où il s’exerce depuis six ans aux côtés de l’équipe de France.

« Pratiquer les deux disciplines demande plus d’effort à l’entraînement, mais je suis assez polyvalent et j’aime les deux. » Pas encore totalement revenu à son meilleur niveau, Arthur Guillebert a été éliminé au premier tour des deux épreuves de la saison, en avril et en juin. Par contre, il a encore une chance de se placer dans le top 5 en freestyle.

Actuellement 9e alors qu’il n’a participé qu’à deux des trois manches, il pourrait revenir en haut du tableau s’il s’illustre au Brésil, début novembre, et au Qatar, début décembre. « Cette saison, on pourra bénéficier d’une discard. C’est-à-dire que notre pire résultat ne comptera pas, soit ma non-participation de ce début d’année, commente le rider. Ce sera compliqué d’aller chercher un podium, étant donné que les premiers ont déjà trop d’avance, mais je voudrais au moins faire mieux que l’année dernière ». Il avait terminé 6e au terme de trois compétitions.

TRANSMISSION

Sur le circuit mondial depuis six saisons déjà, le jeune homme ne compte pas s’arrêter là. « Je suis au top de mon niveau, alors je vais continuer dans les deux disciplines encore quelques années, si mon corps arrive à suivre. » Avec un diplôme d’État en poche et une solide expérience dans ses bagages, il prévoit par la suite de devenir entraîneur. Un rôle qu’il endosse déjà parfois avec l’équipe de France jeunes, à Montpellier.

Mais il n’oublie pas pour autant la Nouvelle-Calédonie. « Il y a un vrai potentiel chez nous. Il faudrait juste ramener une dynamique de compétition », analyse Arthur Guillebert. Car s’il se sent bien dans le sud métropolitain, il n’exclut pas de poser, de nouveau, ses valises sur son île d’adoption.

Titouan Moal

Freestyle ou big air ?

Les figures de kitesurf évoluent. Depuis 2022, il existe sur le tour mondial GKA deux disciplines différentes : le freestyle et le big air. Si cette dernière existe depuis les débuts du kitesurf, elle redevient populaire et gagne en visibilité sur le circuit international, avec de plus en plus de compétitions. « Le nombre de participants ne cesse d’augmenter. Je pense qu’elle pourrait dépasser le freestyle ces prochaines années », remarque Arthur Guillebert.

La différence ? « En freestyle, on a les pieds accrochés à la planche. Les figures ressemblent plus à celles que l’on pourrait retrouver en wakeboard : elles sont acrobatiques, au ras de l’eau, mais plus techniques et on n’est pas relié à l’aile par le harnais. C’est le contraire en big air, où on va beaucoup plus haut, car on utilise l’aile pour sauter et aussi pour effectuer des figures. Nos pieds ne sont pas attachés à la planche et on peut donc la retirer pour certains tricks. »

Bio express

Natif de Marseille, Arthur Guillebert arrive sur le lagon calédonien
en voilier, avec ses parents, en 2009. C’est là qu’il commence le kitesurf et se spécialise en freestyle. Une progression rapide le propulse sur
la scène internationale : championnats de France et d’Europe juniors, où il se pare d’or en 2014 et 2015. Sa carrière professionnelle débute deux ans plus tard lorsqu’il déménage à Montpellier pour s’entraîner aux côtés des meilleurs rideurs tricolores. Il termine 10e sur le circuit mondial en 2017, puis signe un top 8 en 2018 et une 7e place en 2019. Après la pandémie mondiale, il remporte le titre de champion du monde d’une saison 2021 composée de deux étapes seulement, en gagnant notamment celle à Tarifa, en Espagne.