Malades chroniques, personnes fragiles : «Continuez à consulter»

C’est le message envoyé par les autorités aux 50 000 malades chroniques et personnes fragiles du territoire qui semblent avoir déserté les hôpitaux et les cabinets médicaux. Ce public, on le sait, est particulièrement à risque face au Covid-19, mais pas seulement.

La Direction des affaires sanitaires et sociales s’inquiète de voir que les Calédoniens consultent beaucoup moins qu’avant. Certains attendent probablement la fin du confinement de peur de contracter le coronavirus ou pensent que les médecins sont mobilisés ailleurs. Un constat particulièrement inquiétant pour les personnes ayant des maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension, l’insuffisance respiratoire, l’insuffisance cardiaque ou touchées par l’obésité, qui constituent des facteurs de comorbidité : elles sont plus exposées que les autres à des complications graves en cas de contamination au Covid-19. La Nouvelle-Calédonie compterait au total 50 000 personnes de condition de santé fragile.

De manière plus générale, « les diagnostics d’entrée dans une maladie chronique peuvent être retardés », souligne la Dass. Et pour les maladies chroniques installées, « on peut craindre une mauvaise observance du traitement, une surveillance moins régulière de l’évolution de la maladie et donc la détection voire la prise en charge plus tardive de décompensation brutale ou de complications diverses ».

En Métropole, les professionnels ont, par exemple, observé une chute drastique des admissions pour AVC ou encore infarctus. Le risque est d’ajouter une autre catastrophe sanitaire au Covid-19, selon Sébastien Mabon, médecin de la Dass.

Des circuits « étanches »

Si vous sentez que vous devez consulter ou si votre médecin vous indique qu’il doit vous voir, il faut lui faire confiance, indiquent les autorités : les mesures sanitaires sont bien respectées. Et là où sont traités les patients du Covid-19, les circuits sont « parfaitement étanches et séparés » pour qu’il n’y ait pas de risque de contracter la maladie. De la même façon, les tests de dépistage se font dans des lieux bien identifiés et séparés du reste du flux des consultations.

Il ne faut pas non plus croire que tous les médecins sont mobilisés sur le Covid-19. À l’hôpital, les professionnels de santé sont là pour éviter des ruptures dans les soins qui pourraient avoir des effets délétères. L’ouverture des cabinets libéraux est, quant à elle, laissée au libre arbitre des professionnels concernés. À charge pour eux d’assurer la continuité des soins par une permanence téléphonique, un accueil sur rendez-vous ou par astreintes organisées sur plusieurs cabinets. Un dispositif de prise en charge par la Cafat des consultations médicales par téléphone est aussi à l’étude.

Les anciennes ordonnances valides

La rupture dans la prise de médicaments est aussi une inquiétude. C’est pourquoi les pharmaciens, prestataires de services et distributeurs de matériel ont été exceptionnellement autorisés à renouveler les ordonnances expirées des patients stabilisés grâce à un traitement lié à une maladie chronique pour lesquels le cabinet médical est fermé. Le patient a, bien sûr, toujours la possibilité de téléphoner à son médecin et de passer récupérer une nouvelle ordonnance si son cabinet est ouvert. Il est simplement demandé de ne pas stocker inutilement plusieurs mois de traitement à l’avance.

C.M. ©C.M. (Sébastien Mabon, Dass).