Lucy in the sky with diamonds

Un projet à 500 millions de dollars pour pérenniser l’activité de Vale dans le grand Sud calédonien. Dénommé Lucy et présenté en début de semaine devant le comité d’information, de concertation et de surveillance (CICS) de la province Sud, ce programme doit permettre de stocker dans un avenir proche les résidus générés par la production de nickel et de manganèse sur le site industriel de Goro. Une réalisation incontournable et novatrice en Nouvelle-Calédonie, si, et seulement si, le géant brésilien prend la décision de poursuivre l’activité.

En cette période de crise des matières première et notamment de crise du nickel, toutes les informations en provenance des trois opérateurs présents en Nouvelle-Calédonie fait l’objet d’une attention minutieuse et d’un regard critique de la part des milieux politiques et économiques. C’est dire si, moins d’une semaine après l’annonce d’un nouveau plan de rigueur et de licenciements par KNS dans le Nord, la présentation de Vale NC a été scrutée dans ses moindres détails.

Au final, rien de nouveau sur le volet majeur à savoir quelles seront les décisions prises par le groupe brésilien au sujet de la pérennité de son activité en Nouvelle-Calédonie.
Daryush Khoshneviss, le directeur de Vale-NC s’est contenté de redire que des décisions seront prises avant la fin de l’année, sans doute entre fin octobre et mi-novembre et que les éléments qui prévaudront à ce choix touchent essentiellement à la capacité de l’industriel à réduire drastiquement ses coûts de production. En revanche et après l’audition par le CICS, les inquiétudes qui pesaient sur les autorisations administratives liées à l’exploitation semblent définitivement levées même si des réserves ont été émises notamment sur les questions de suivi environnemental, en particulier sur la problématique des rejets et de leurs conséquences sur le milieu.

Sans stockage pas de production

C’est dans ce contexte qu’est intervenue la présentation du projet dénommé Lucy, qualifié par ses promoteurs d’impératif pour la poursuite de l’activité industrielle, puisqu’il s’agit de parer à la saturation programmée en 2021 de la zone de stockage des résidus. Or sans stockage pas de production. Sur le plan technique Vale propose, notamment pour des raisons budgétaires, de privilégier l’option « résidus secs » limitant ainsi à 500 millions de dollars une opération initialement chiffrée à 1,7 milliard.

Autre avantage de ce procédé, celui de garantir le stockage sur une période de près de trente ans. Lucy doit aussi permettre de limiter les rejets liquides, moins stables et donc susceptibles de provoquer des fuites dommageables à l’environnement, comme cela a déjà été le cas dans certains cours d’eau, voisins de l’usine, à la suite de fortes pluies.

Mais il y a un hic.

Le procédé proposé par Vale implique une flexibilité accrue en ce qui concerne les rejets de manganèse via l’émissaire marin. Pour faire simple, il n’est viable que dans la mesure où, plusieurs fois par semaine, comme l’indique l’industriel, il faut envisager des pics de dépassement des seuils actuellement en vigueur. Sans surprise, ce point a fait bondir les associations à commencer par EPLP et le WWF qui demanderont des études complémentaires et qui n’hésiteront pas à s’opposer par voie judiciaire au projet s’ils ne sont pas satisfaits des réponses qui leur seront apportées.

Voilà qui ouvre la perspective à de nouvelles batailles juridiques mais aussi à la relance de revendications plus politiques sur l’implantation de l’usine du Sud. Nul doute que ces deux éléments, et les risques qu’ils induisent, seront pris en compte dans les semaines qui viennent quand il s’agira pour Vale de dire s’il poursuit ou s’il met en sommeil son activité en Nouvelle-Calédonie.

Ce n’est donc pas anodin, en cette période d’effondrement de l’offre d’emploi, que soit pris en compte le fait que le projet Lucy représente à brève échéance au moins 150 emplois pérennes et que la construction des zones de stockage sera aussi pourvoyeuse de travail sur une période de 36 mois.

C.V.