L’Éveil océanien quitte l’UC-FLNKS

Le parti va sortir de l’intergroupe formé avec l’UC-FLNKS et Nationalistes. Une réaction aux attaques proférées quelques jours plus tôt par Daniel Goa. Une rencontre doit avoir lieu prochainement.

L’Éveil océanien peine toujours à faire comprendre son positionnement à ses partenaires. Après avoir consumé son alliance d’un temps avec les Loyalistes, voici que le torchon brûle avec l’Union calédonienne. On trouve la même source de désaccord : des rapprochements de circonstances qui sont utiles pour former des majorités (le Congrès comptant 25 loyalistes et 26 indépendantistes) et peser dans les institutions, mais toujours une liberté qui a du mal à passer. Milakulo Tukumuli rappelle que c’est pourtant l’essence même de la création du mouvement qui visait à sortir du clivage Oui-Non et de « l’instrumentalisation politique » de la communauté wallisienne et futunienne.

Recadrage

En juillet 2020, l’Éveil océanien intégrait le groupe indépendantiste. L’alliance a permis l’élection de Roch Wamytan à deux reprises, la nomination de Milakulo Tukumuli à la présidence de la commission permanente, et donnait une majorité aux indépendantistes pour les mois à venir. Vaimu’a Muliava était revenu au gouvernement après le départ de Samuel Hnepeune. Seulement, les consignes de vote de leurs partenaires n’ont pas systématiquement été suivies (ils se sont abstenus récemment lors du vote du budget propre). « On continue de voter en notre âme et conscience sur tous les sujets », confirme Milakulo Tukumuli.

Dans son discours d’ouverture du Congrès de l’UC le 1er avril, Daniel Goa a été particulièrement cinglant. Évoquant la réforme fiscale, il a reproché aux membres de l’Éveil océanien d’« hésiter sur un positionnement politique ferme ». Il leur a rappelé qu’ils étaient désormais « assis dans la case et non en dehors comme auparavant », que leur place était « avec (les indépendantistes) et pas au-dessus ». « Le peuple kanak les a reconnus, les reconnaît et il est temps qu’il y ait une réciprocité constante et stable. »

« Bonnes réformes »

L’Éveil océanien s’est étonné de ces « menaces » et regrette que cette situation « fragilise le chemin parcouru ensemble depuis 2019 ». Il a souligné, néanmoins, que Daniel Goa n’en était pas à son coup d’essai puisqu’il avait déjà annoncé en juillet 2021 le retrait de l’EO du groupe. Le parti a donc formulé une demande officielle pour en sortir afin de siéger en non inscrit. Il assure qu’il continuera à accorder sa confiance au gouvernement comme au Congrès pour les « bonnes réformes qui visent à faire avancer le pays » et précise qu’un vote contre le budget aurait d’ailleurs pu créer de l’instabilité.

Lundi en conférence de presse, Daniel Goa a refusé de s’expliquer outre mesure. Il a simplement indiqué que la « discussion se fera avec Milakulo à l’océanienne ». Ce dernier confirme avoir été contacté et qu’il y a « une volonté de se rencontrer prochainement ». Les non-indépendantistes n’ont pas manqué de réagir, Sonia Backes estimant que Daniel Goa a « poussé le racisme jusqu’aux Océaniens », Nicolas Metzdorf parlant d’un « racisme institutionnel ».

Dans un contexte qui reste bipolarisé, l’Éveil océanien, lui-même composé d’élus de différentes sensibilités, devrait assumer pleinement son indépendance et avancer en solitaire. Mais au fond, il a besoin des autres ponctuellement pour exister et il leur est aussi trop utile.

 

C.M. (© Archives DNC)