L’Éveil océanien prône un « Non, pas maintenant »

Pour la première fois, l’Éveil océanien a donné un positionnement pour le référendum – un « Non, pas maintenant » –, mais il ne participera pas à la campagne en raison de la crise sanitaire et laisse ses électeurs libres de voter ou pas pour cette consultation qui « manque de sens politique », après l’appel à la non-participation des indépendantistes.

« Non, pas maintenant » : voilà l’avis de l’Éveil océanien sur l’indépendance. « Nous avons interrogé nos comités locaux, nos militants depuis le retour de Paris pour savoir s’ils souhaitaient se positionner pour ce référendum et de quelle manière et c’est ce qui est ressorti », a expliqué vendredi dernier son président, Milakulo Tukumuli.

Le parti créé en 2019, « faiseur de roi » (de majorités) dans la politique calédonienne, n’avait pas donné d’avis sur cette question en 2020. Il a obtenu, pour la première fois, une habilitation à participer à la campagne référendaire, de quoi peut-être donner davantage de responsabilités. Et surtout, le mouvement, qui compte désormais des élus au sein des institutions calédoniennes, observe que « nous n’avons pas les capacités économiques et humaines pour assumer notre souveraineté », a souligné Petelo Sao, membre du parti et élu de la province Sud, comme l’a illustré récemment la crise sanitaire pour laquelle la Nouvelle-Calédonie a massivement bénéficié du soutien de la France.

Libre choix aux militants

En revanche, l’Éveil océanien juge toute campagne impossible compte tenu de la crise sanitaire. « C’est techniquement infaisable et les gens n’ont pas la tête à ça. » Le mouvement ne donne pas non plus de consigne de vote : les militants sont libres de leur choix pour l’avenir et de s’exprimer ou non. Car si ce troisième référendum n’est pas contestable juridiquement, il constitue pour l’Éveil océanien un « non-sens politique » puisque les indépendantistes n’y participeront pas.

Pour Milakulo Tukumuli, « son résultat ne pourra pas être pris en compte pour la suite du processus ». « On pourrait plutôt prendre le score du deuxième ou faire la moyenne des deux précédents scrutins », imagine-t-il.

En attendant, le parti appelle l’ensemble des responsables à véhiculer des messages de paix pour le 12 décembre et souhaite qu’ils se retrouvent au lendemain de cette échéance pour travailler sur un projet de société, car l’important est bien « le jour d’après ». Pour cela, Milakulo Tukumuli « demande aux indépendantistes de venir à la table des discussions, car rien ne pourra se faire sans eux ».

Pour la suite, la démarche doit être pragmatique, estime le président. « Les accords ont produit leurs effets. La question n’est plus de savoir si on va être indépendants ou pas, c’est plutôt comment on y arrive. » Il faut voir « quelles compétences on garde et quelles compétences on partage », se départir des oppositions binaires indépendantistes/loyalistes (en se plaçant, par exemple, dans un clivage droite-gauche), « révolutionner les politiques publiques » et, surtout, cesser d’opposer les gens. À noter que le parti se positionne en faveur de l’évolution du corps électoral.

Pour les non-indépendantistes, gageons que ce « Non, pas maintenant » de l’Éveil océanien reste plus apprécié qu’un « Oui, plus tard » qui, finalement, va tout autant à son positionnement.

 

Chloé Maingourd (© C.M.)