Les sports nautiques retrouvent « un bon élan »

Au Centre d’activités nautiques de la Côte-Blanche, le club de l’ACPV se satisfait d’avoir réussi à conserver son moniteur. (© Photo archives G.C.)

Marquée par la crise requin, 2023 a été une année extrêmement compliquée pour les clubs, qui ont tenu bon grâce aux subventions de la province Sud. L’horizon semble s’éclaircir : ces dernières semaines, la Ligue calédonienne de voile constate une vague de retour des licenciés.

Aux arrêts forcés, pendant et autour des campagnes d’abattage de requins, ont succédé des reprises en demi-teinte. Certains, comme le Catamaran club de Nouméa, sont parvenus à limiter les dégâts : le CCN est régulièrement parvenu à transférer son activité sur le site des Piroguiers du Mont-Dore, au prix d’une logistique assez complexe.

Mais la plupart des structures, comme l’Association calédonienne de planche à voile (ACPV), ont subi de plein fouet la baisse d’activité. « On a perdu 50 % de nos jeunes. Il nous reste les purs et durs, et je ne pense pas que l’on récupérera les autres dans l’immédiat », anticipe Benoît Demaret, le président de l’ACPV, qui a vécu, « comme tous les bénévoles », une année « usante ». « Heureusement que les prélèvements ont été arrêtés en période de vacances, sinon on était morts… »

Le club a évité le pire en parvenant à conserver son moniteur, dont le salaire a été partiellement financé par les aides de la province Sud (lire par ailleurs), et qui a accepté d’effectuer les tâches d’entretien du Centre d’activités nautiques de la Côte-Blanche (CAN), habituellement sous-traitées. « Il est très difficile de trouver des moniteurs de voile habilités pour l’initiation et la formation des jeunes. On a tout fait pour le conserver, et on est soulagé d’avoir réussi. »

UNE « VIOLENTE » PRISE DE CONSCIENCE

La ligue, qui compte toujours officiellement 1 200 licenciés répartis dans 11 clubs, a vu la fréquentation des plans d’eau chuter dans de fortes proportions. Nouméa est loin d’être la seule commune concernée : dans le Nord, la voile dans un cadre scolaire a été arrêtée jusqu’à la fin de l’année, sur décision du vice-rectorat. « Il y a eu une prise de conscience assez violente, généralisée, de ce risque requin qui avait toujours été présent. On a assisté à une perte de confiance des parents et des coureurs, autant sur les supports légers que sur les individuels », constate amèrement Gilles Enée.

Le président de la Ligue calédonienne de voile se refuse à « juger » les campagnes dirigées par la municipalité de Nouméa, qui ont conduit à l’abattage de près de 130 requins bouledogues et tigres, et à la prise de 200 spécimens d’espèces non ciblées (requins-citrons, gris, nourrices, marteaux…). Mais il regrette vivement une communication « anxiogène » et un « manque de contextualisation » de l’information. « Le risque zéro n’existe nulle part. Il y a toujours eu des requins, et il y en aura toujours. Mais on a des moniteurs formés à la gestion des risques, et ils ne font pas n’importe quoi. »

« ON EST SUR LA BONNE VOIE »

Les campagnes d’abattage ont été stoppées au mois d’octobre, à la suite de deux décisions judiciaires favorables à l’association Ensemble pour la planète (EPLP). Et la fréquentation des clubs de voile n’a pas tardé à reprendre une certaine ampleur. « On est encore loin de la normale, mais les gens reviennent. Il y a un bon élan, même sur la planche à voile. On est sur la bonne voie », se réjouit Gilles Enée, qui estime que « l’opinion publique comptera fortement » dans les décisions qui seront prises en matière de gestion du risque requin pour l’année 2024.

Déterminée à assurer « la protection de ses administrés » par les mêmes mesures de régulation de la population de requins, la mairie de Nouméa espère obtenir gain de cause auprès de la Cour de cassation et reprendre les campagnes d’abattage l’année prochaine.

 

« ON DONNE JUSTE CE QU’IL FAUT »

La province Sud a adopté un dispositif de subventions applicable à vingt-cinq structures (clubs de voile, de plongée, taxi-boats, professeurs de kitesurf) depuis le mois de janvier et jusqu’à fin 2023. « Le dispositif a coûté 49 millions de francs », indique Raphaël Larvor, directeur du Développement économique et du tourisme. « On ne peut pas être une destination touristique sans activités nautiques. On donne juste ce qu’il faut pour que les structures ne disparaissent pas. Et tout reconstruire de zéro nous aurait coûté bien plus cher. »

 

Gilles Caprais