Un vœu pour inciter Vale à rester

Alarmantes ont été les deux dernières déclarations du président de Vale prêt à stopper l’usine du Sud pour « ne plus perdre d’argent ». Dénué de toute velléité polémique et constructif est le vœu déposé par Les Républicains calédoniens sur le bureau de la province Sud pour inciter le géant minier à rester en Nouvelle-Calédonie, en lui garantissant plus de lisibilité et de confiance de la part de son partenaire institutionnel…

Oublier le temps des chantages. – Et rien que ça, ce serait une bonne nouvelle pour l’opérateur étranger : « Que n’a-t-on pas entendu sur Vale durant la dernière mandature ! », se souvient Philippe Blaise, le coprésident de la commission Prony-Pernod, qui avait tourné au « procès » en sorcellerie contre l’industriel. « Voleurs, escrocs, bandits, voilà ce qui a été dit et entendu sur ce groupe, qui a bien du mérite d’être resté chez nous, malgré les chantages aux domaines miniers que la province lui a fait subir », complète Harold Martin… Las de ces polémiques « d’un autre temps », Les Républicains calédoniens veulent tourner la page et adresser « un message fort » au métallurgiste brésilien.

Un soutien affirmé et public. – Ce « message fort » prend la forme d’un vœu que Grégoire Bernut a déposé sur le bureau de l’assemblée de la province Sud. « À ce jour, argumente le chef de groupe, Vale a dépensé huit milliards de dollars (au lieu des 180 initialement prévus) pour construire cette usine qui emploie directement ou indirectement 5 000 personnes. Il s’agit donc pour tous les élus provinciaux d’affirmer publiquement leur soutien à l’usine du Sud. »

Offrir des perspectives à Vale. – En effet, précise Philippe Blaise, « pour retenir les industriels à rester quand ils perdent de l’argent, il faut leur offrir la perspective d’en gagner demain. Et surtout, leur donner une plus grande lisibilité sur nos politiques publiques, qui leur permettra de retrouver une confiance », qui s’est pas mal « effritée » avec le temps. En clair, ponctue Sonia Backes, « ce vœu a vocation à être voté par tous les élus », toutes étiquettes politiques confondues. « L’arrêt ou la mise en sommeil constituerait un drame social et entraînerait une crise des finances publiques dont les effets seraient difficilement maîtrisables. À quelques mois du référendum de sortie de l’Accord de Nouméa, nous ne pouvons en aucun cas nous permettre une telle crise », écrit Grégoire Bernut au président de la province Sud, Philippe Michel, pour appuyer sa proposition de vœu.

Les trois points du vœu. – Précisément, quel est ce vœu ? Outre « le soutien plein et entier des conseillers à l’usine du Sud exploitée par Vale NC et leur souhait réaffirmé de voir l’activité se poursuivre », deux autres points d’importance se rajoutent. D’abord, « la province s’engage à renforcer la sécurité et la continuité de l’exploitation de l’usine en collaboration avec l’État, les communes du Mont-Dore et de Yaté, les syndicats et les collectivités mélanésiennes ». Ensuite, et c’est le plus important, « la province Sud souhaite offrir de nouvelles perspectives aux deux grands industriels que sont Vale et la SLN en travaillant à nouveau à organiser des synergies entre ces deux opérateurs, pour favoriser la réduction de leurs coûts en mutualisant ceux qui peuvent l’être ».

Relancer le partenariat. – « Dans cet esprit, la relance du partenariat Vale-Eramet-SLN, engagé lors de la précédente mandature pour envisager à terme l’exploitation conjointe du massif de Prony-Pernod, pourrait une nouvelle fois représenter une belle opportunité », conclut Grégoire Bernut au nom de son groupe. De telles perspectives permettraient effectivement de reconsidérer les options d’avenir des deux groupes métallurgistes. Et peut-être de faire face plus sereinement aux aléas de la crise des cours du nickel.

Le Nord a su faire…–« Les élus du Nord ont toujours été unis aux côtés de Glencore et de KNS. Et malgré leurs difficultés, on n’a jamais entendu de rumeurs sur la fermeture de l’usine du Nord. Essayons d’en faire autant ! », s’exclame l’élu Républicains calédoniens. Difficile de lui donner tort.

M.Sp.