Les Républicains calédoniens, les nouveaux loyalistes

Le congrès fondateur du parti politique Les Républicains calédoniens s’est tenu jeudi dernier au Nouvata. Sonia Backes a été plébiscitée à la présidence par les premiers adhérents du nouveau mouvement avec 98 % de oui. Pour son nom et surtout la clarté de l’engagement de sa ligne politique : tricolore et assumée.

L’espoir des militants. – Le score de Sonia Backes est certes sans appel, mais il marque surtout l’espoir que placent les nouveaux militants (les 800 places assises de la salle étaient occupées…) en un parti, nouveau. Avec Sonia Backes, pas d’ambages sur le sujet, elle le proclame dès son élection : « La Calédonie, elle coule dans mes veines, c’est ma terre, c’est mon foyer, c’est mon chez moi. Je n’en ai pas d’autre. La France, c’est ma patrie, c’est ma nation. Et je suis ère d’être calédonienne et ère d’être française ! ».

Filiation historique. – Nouveau parti politique, mais en filiation directe avec le mouvement lancé en son temps par Jacques Lafleur, comme l’a rappelé sa fille, Isabelle, à la tribune des Républicains calédoniens. Un parti, qui affiche l’ambition d’une Calédonie libérale, qui dit sans ambiguïté son appartenance à la France et à la République, mais qui veut « imaginer et construire », avec ses adhérents, « la Calédonie que nous voulons dans 30 ans pour nos enfants », selon la formule de Sonia Backes.

Gare au nationalisme calédonien. – Et pour la jeune présidente, le paysage politique vient récemment, sinon de s’éclaircir tout au moins de se clarifier : d’un côté les indépendantistes et à côté d’eux, « ceux qui affirment aujourd’hui leur nationalisme », la plateforme emmenée par Calédonie ensemble. « Ceux-là, poursuit Sonia Backes, font reculer notre appartenance à la République sans pour autant faire reculer les ambitions des indépendantistes. » Et la nouvelle présidente de claquer : « Ce n’est pas en leur cédant sur l’article 27, sur la participation aux manœuvres de l’armée, ou en créant une banque centrale locale que les indépendantistes seront moins indépendantistes ! » Cette nouvelle donne fait finalement des Républicains calédoniens « le seul parti vraiment loyaliste » sur la scène politique locale.

Construire n’est pas briser le rêve indépendantiste. – Ce que souhaitent les nouveaux Républicains, c’est une Calédonie débarrassée de l’incertitude institutionnelle permanente, « qui, au lendemain du référendum, ne dirait pas aux indépendantistes : vous avez perdu, n’en parlons plus ! Ce qui raviverait les tensions que nous avons connues il y a trente ans », dit Sonia Backes. Les indépendantistes ne cesseront pas du jour au lendemain d’être indépendantistes, et « il n’y a rien de pire que briser un rêve. Laisser rêver, ça ne coûte rien ! La contrepartie à cet espoir, poursuit-elle, tant qu’il n’y a pas de majorité pour l’indépendance, c’est, on reste dans la République et on construit ensemble le projet de société calédonienne ».

Pour éviter les référendums à répétition. – Une façon d’éviter, selon elle, les deuxième ou troisième référendums prévus par l’Accord, et déjà exposée, en début d’année, dans son ouvrage, Libre. La solution vient du Québec et porte un nom : « Le droit permanent à l’autodétermination ».

Simple, explicite Sonia Backes : « Si plus de la moitié des électeurs souhaite qu’un référendum ait lieu, il peut avoir lieu. » Cette solution « équilibrée » permettrait « d’assainir le débat » et de « se consacrer pleinement au quotidien des Calédoniens ». Ainsi qu’au projet d’avenir qu’entendent proposer Les Républicains calédoniens pour l’après-référendum. « Une feuille blanche ou presque », dit Sonia Backes, qui se tourne vers la salle comble pour l’écrire…


Cadres et quadras

Aux côtés de la présidente Sonia Backes, le parti s’est doté de trois vice-présidents : Simon Loueckhote, Valérie Laroque- Daly et Alesio Saliga. Par ailleurs, Les Républicains calédoniens comptent sur l’expérience de trois secrétaires généraux pour porter la parole et les propositions du jeune mouvement : Grégoire Bernut et Philippe Blaise, élus au Congrès, ainsi que Willy Gatuhau, premier adjoint au maire de Païta. Marc Zeisel, adjoint au maire de Nouméa, est, pour sa part, chargé de coordonner les travaux des nouveaux militants sur le projet de société qu’ils entendent défendre.


Référendum le 28 octobre 2018

N’oubliant pas son rôle de chef de groupe boulevard Vauban, Sonia Backes a également annoncé à ses troupes que, suite aux injonctions du Premier ministre et comme le demandaient depuis plusieurs mois Les Républicains calédoniens, le Congrès proposera très prochainement le dimanche 28 octobre 2018 pour la tenue d’un référendum. Qui sera binaire, comme l’a souligné Édouard Philippe : pour ou contre l’indépendance.


L’héritage de Jacques Lafleur

« Personne ne peut se prévaloir de l’héritage de Jacques Lafleur, a dit Sonia Backes. Mais je me revendique de ses idées, de ses convictions et de son amour pour la Nouvelle-Calédonie. Jacques Lafleur nous a cédé en héritage, avec Jean- Marie Tjibaou, une Calédonie en paix, prospère, où il faisait bon vivre. Avant de se prévaloir de son héritage, soyons-en collectivement dignes. » Et la nouvelle présidente de conclure son propos : « Je voudrais que nous fassions de ces mots, qu’il a prononcés quelques mois avant de nous quitter, le socle de notre parti : aucune volonté, aucune idéologie, aucune subversion ne pourra dissoudre entre la Nouvelle-Calédonie et la France les liens de l’histoire, du sang et du cœur. »

M.Sp