Inès Della Patrona a participé à son premier Salon des collectionneurs à l’occasion de la 23e édition de l’événement, du vendredi 21 au dimanche 23 juillet à Nouméa, qui regroupait 45 exposants, un record. La jeune femme s’est décidée à se lancer pour partager sa passion. Une immersion dans le monde de Pikachu.
« C’ÉTAIT L’UNIVERS QUI NOUS PLAISAIT »
Il y a eu les pogs, les cartes « Magic : The Gathering », les photos des Spice Girls, tout ce qui avait trait à l’univers de la série japonaise Sailor Moon. « C’était mon premier gros coup de cœur animé. » Inès Della Porta a toujours collectionné. « Ça a commencé très tôt. »
Jusqu’à la découverte du jeu Pokémon, puis des cartes en 1999. Elle a 10 ans. « C’est vraiment là que je suis tombée dedans. » Depuis, elle n’a jamais arrêté, malgré une pause pendant ses études (elle s’est alors également intéressée à la monnaie, notamment les pièces d’euro commémoratives). Enfant de la génération Club Dorothée, qui popularise les mangas, la jeune fille joue aux jeux vidéo, Nintendo, Game Boy, un engouement qu’elle partage avec son frère. « C’était l’univers qui nous plaisait. »
Les films sortent. Même si elle en aime d’autres, Pokémon est sa licence préférée. Et sa plus ancienne collection. « D’abord, j’y jouais, puis je me suis mise à garder les cartes que j’aimais, que je trouvais jolies. Certaines sont de véritables petites œuvres d’art. Ce sont des artistes qui collaborent pour dessiner les illustrations. »
« ÇA ME RELAXE »
Faut-il y voir un signe ? Inès Della Patrona a hérité des carnets de timbres ‒ qu’elle recueille aussi ‒ de son grand-père et de son père. Petit, ce dernier compilait également les cartes Panini. « C’est un peu familial, peut-être que ça court dans les gênes… »
Mais pas seulement. « Je m’assois, j’ouvre un album de cartes ou de timbres, je le regarde, je les enlève, je les trie et les classe quand j’en reçois des nouveaux. C’est un passe-temps agréable, détendant, ça me relaxe et me fait du bien. » Et à ceux qui trouveraient ça un peu bizarre ? Inès répond que c’est une occupation comme une autre. « J’aime autant ça que regarder un film ou me mettre devant un jeu vidéo ou passer une soirée entre amis. C’est quelque chose qui nous fait du bien, peut en faire à d’autres et ne fait de mal à personne, c’est tout bénéfice ! »
Sans cela, la vie serait même « un peu fade ». Car si Inès a d’autres passe-temps, sport, danse, cuisine, etc., ils ne lui procurent pas la même satisfaction. « Pour moi, c’est très important, et cela revêt un aspect nostalgique parce que j’ai commencé petite avec mon frère. »
« JE SUIS ASSEZ SÉLECTIVE »
Inès y consacre un budget mensuel qui varie en fonction de ses trouvailles. Elle achète ses cartes à des particuliers, en voyage, les commande sur Internet, les échange avec d’autres collectionneurs… « Je regarde un peu tous les jours un site japonais pour voir quelles sont les nouveautés, mais sans y passer des heures. »
L’idée est, au fur et à mesure, de compléter ses collections. « Le fait de me dire que je peux en finir une et me consacrer à une autre, c’est assez gratifiant. » Inès fait donc des choix. « Je suis assez sélective. Contrairement à certains, je ne garde pas tout. Par exemple, pour les timbres, c’est thématique, sur les chats domestiques. Pour les Pokémon, je trie en fonction des personnages, de l’esthétique, du jeu… Je ne suis pas une collectionneuse compulsive. »
Grâce à la page Facebook Cartes Pokémon NC, Inès peut échanger sur Pikachu et plus de mille personnages. Elle a même collaboré à un podcast sur Twitch. « C’était enthousiasmant. Moi qui suis assez timide, cela m’a permis de sortir de ma zone de confort, et dans un esprit bienveillant. » Car les collectionneurs en accumulent des connaissances sur leur domaine de prédilection. « Cela peut être la biologie marine quand on s’intéresse aux coquillages, par exemple. Avec l’univers Pokémon, c’est plutôt la culture geek, la génération dans laquelle j’ai grandi. »
« ESSAYER QUELQUE CHOSE DE NOUVEAU »
De nouvelles expériences qui ont conduit celle qui n’osait pas à se lancer. Membre du club philatélique Le Cagou, qui organise le Salon avec l’OPT, depuis quatre ans, c’est sa première participation. « Je me suis dit, “Allez ! Autant essayer quelque chose de nouveau”. J’avais envie de montrer ma collection, d’en parler, de partager. » Et à ceux qui, comme elle, hésiteraient ? « Venez, on est gentils. J’avais un peu l’appréhension que les gens soient un peu snobs, et en fait pas du tout, il n’y a pas de jugement. »
Sur la table, se mêlent figurines, albums, jeux, mangas… Et un cadre avec des cartes qu’Inès affectionne particulièrement. Certaines sont rares, ont une valeur financière ou sentimentale, lui ont été offertes ou sont le résultat d’une recherche intense. « Celle-là, c’est un cadeau de mon frère. Celle-ci, je l’ai depuis que j’ai 10 ans. Cette autre, je la trouve magnifique. Il y en a qui sont comme des petits tableaux. »
Parfois, c’est simplement le fruit du hasard. Inès les a obtenues dans des coffrets. « Quand on ouvre un paquet, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. D’ailleurs, c’est un plaisir aussi, la surprise. Il y en a, je n’aurais pas pu me les payer si je ne les avais pas acquises comme ça. »
« ÇA NE M’A JAMAIS QUITTÉE »
Dracaufeu, Évoli, Floravol, Dedenne… et surtout Pikachu, le petit animal jaune le plus célèbre, mascotte de la licence, ne l’ont « jamais quittée ». Et ne devraient jamais le faire. « Je pense que je vais continuer, les Pokémon existent toujours, ils ont grandi avec nous. »
Mais la passionnée n’est pas exclusive. Elle apprécie aussi le jeu Professeur Layton et bien d’autres. « J’aime avoir un petit mémento, un souvenir physique, un petit objet de ce que j’ai regardé ou joué. » Alors des figurines, Inès en a beaucoup. 300. Elle en expose chez elle et même à son travail. « Des fois, des collègues passent et essaient de voir ce que j’ai changé. C’est un sujet de discussion. » Les cartes, elle ne les compte plus. Comme les timbres. Elle en a des milliers.
Anne-Claire Pophillat