Les oiseaux, les autres victimes des incendies

Le 16 octobre, Liliane Guisgant partageait la photo d’un siffleur itchong femelle au milieu des cendres. Un cliché pris lors d’un suivi temporel des oiseaux terrestres (le Stot est un programme qui permet de mesurer l’évolution de la présence des oiseaux terrestres sur un espace défini) réalisé par la Société calédonienne d’ornithologie à Koné, derrière l’aérodrome, là où s’est produit un incendie quelques jours auparavant, le 12 octobre.

Le sourd à ventre roux est seul, entouré d’un paysage de désolation, où toute végétation a brûlé. « C’est le grand désastre, on ressent la tristesse, le désespoir et le désarroi de l’oiseau de se retrouver là. Il est venu se poser à ce moment-là, comme ça, il s’est offert à l’objectif », décrit Lilian Guisgant. D’autant que c’est la période de reproduction et de nidification. « Peut-être cette femelle a-t-elle perdu une nichée ? », interroge la vice-trésorière de la SCO.

Perte de repères et stress

Cette photo choc lui permet d’aborder un sujet qui lui tient à cœur et de faire passer un message. « Lorsqu’il y a un feu, on parle beaucoup des plantes, et je voulais voir l’impact sous l’angle de la faune aussi. » Les oiseaux sont assez territoriaux, ils viennent nicher et manger dans le même endroit, poursuit Liliane Guisgant. Ils perdent ainsi en même temps leur territoire et leurs repères. « Cela cause du stress. Ils risquent de manquer de nourriture et d’être amaigris et affaiblis alors qu’il faut passer l’été et faire face aux prédateurs. La fumée aussi est très gênante. »

Les incendies causent aussi des dégâts sur les insectes. Vers de terre, lézards, grenouilles, etc. « C’est une grosse perte pour la biodiversité. Les gens n’ont pas conscience de toutes les conséquences des feux. Il y a un manque de connaissances et d’informations, alors il faut transmettre pour mieux sensibiliser, d’autant que les Calédoniens sont très attachés aux oiseaux. »

Et pour que d’autres espèces reviennent nicher, cela prendra plusieurs années, le temps que la flore reprenne, que les arbres repoussent. « En évitant les incendies, on protège la faune mais aussi la flore. »

 

A.-C.P. (© Liliane Guisgant/SCO)