Les hôtels ont encore « besoin de soutien »

L’hôtellerie figure parmi les secteurs les plus touchés par la crise. Un soutien des pouvoirs publics est essentiel pour tenir jusqu’à la reprise, estime l’Union des hôtels de Nouvelle-Calédonie.

Si certains établissements de Brousse et des îles ont pu bénéficier d’un report de fréquentation de la clientèle locale bloquée en Nouvelle- Calédonie comme les petites structures, les hôtels haut-de-gamme accueillant la clientèle internationale accusent généralement le coup. Ils ont subi la fermeture des frontières, les confinements et, pour certains, des réquisitions au service des rapatriés, puis des malades et, globalement, n’ont pas pu exercer leur métier. Des emplois ont dû être supprimés. « Le secteur ne doit sa survie qu’aux aides, comme le chômage partiel et les emprunts (ex : PGE), mais ces aides touchent à leur fin et les emprunts sont à rembourser », indique Jean-Pierre Cuenet, président de l’Union des hôtels de Nouvelle-Calédonie (UHNC), affiliée au Medef-NC.

À leurs difficultés s’ajoutent celles de toutes les entreprises et emplois induits qui gravitent autour de l’hôtellerie, les transporteurs, les taxis, les fournisseurs de biens et de services, qui courbent également l’échine.

Levée de la septaine et promotion de la destination

Avec l’assouplissement progressif des restrictions aux frontières et l’ouverture des lignes aériennes, une lumière se profile néanmoins au bout de ce long tunnel. L’ouverture de l’Australie constitue, à ce titre, une première étape. Sauf que pour l’heure, il y aura « plus de Calédoniens partant en Australie que d’Australiens en Calédonie », commente Jean-Pierre Cuenet. La septaine représente un frein total à la venue des touristes et les professionnels demandent son abrogation. « Vous connaissez un touriste qui fera une septaine ? Même à deux jours, c’est impossible quand on sait que beaucoup viennent pour de courts séjours », poursuit-il.

Côté restauration, les établissements ont perdu 30 à 50 % de fréquentation et c’est le pass sanitaire qui pose problème. Pour l’UHNC, il faut aussi anticiper la promotion de la destination à l’international. « Nous demandons aux pouvoirs publics des budgets pour faire la promotion de la Nouvelle-Calédonie et non plus de telle ou telle province mais pour l’instant, il n’y a que des projets dans les tuyaux, rien de très concret. »

Maintenir les outils

En attendant un redémarrage, qui prendra de longs mois, les hôteliers demandent que l’assistance des pouvoirs publics perdure. « Il faudra qu’on ait un soutien pour que l’outil soit toujours là lorsque les touristes reviendront. » Il est d’ailleurs noté que les établissements attelés aux provinces sont soutenus par les collectivités et bénéficient aussi d’avantages, comme les abattements de charges sociales, ce qui n’est pas le cas de tous.

Les hôteliers qui ont été réquisitionnés doivent par ailleurs faire face à des dépenses conséquentes, certains dégâts ayant été occasionnés durant cette période, et demandent qu’ils soient pris en charge. Plus largement, pour améliorer l’avenir du secteur, les professionnels rappellent qu’ils attendent depuis cinq ans une réglementation sur les locations en Airbnb (taxes, limitation du nombre de jours), comme cela se fait ailleurs. La situation, jugent-ils, constitue « une concurrence déloyale alors que les hôtels ont des procédures à respecter, des contrôles, des taxes de nuitée, etc. » Plusieurs axes de travail à développer.

 

Chloé Maingourd (© Archives DNC/A.-C.P.)

 


Mickaël Forrest veut « remobiliser » le secteur

Le membre du gouvernement chargé du tourisme espère que la Nouvelle- Calédonie saura « surfer sur la vague de reprise mondiale ». Il se donne tout d’abord pour mission de « remobiliser » les professionnels : une « démarche de consultation et de coordination » a été lancée fin août. Il compte ensuite « reconstruire » l’image de la Calédonie pour « reconquérir » les voyageurs. « Il faut impulser une dynamique pour offrir des perspectives aux acteurs du tourisme », estime Mickaël Forrest. Quelle direction faut-il prendre ? De masse ou de niche, quel tourisme faut-il privilégier ? « Je n’ai pas de préférence spécifique. Le gouvernement est chargé de vendre l’offre touristique dans sa totale diversité. » Soucieux de « respecter les compétences définies par l’accord », il laisse aux provinces le soin de définir leur politique.

 


Jean-Gabriel Favreau : « On va essayer de fixer les touristes au Sud »

Relancer le tourisme ? « Les deux dernières années n’ont pas été mauvaises en province Sud, loin de là, notamment pour les gîtes, pour le Sheraton aussi. Notre but est plutôt de maintenir la dynamique », lance Jean-Gabriel Favreau, élu de la collectivité chargé du tourisme. Il assume une volonté de concurrencer frontalement les deux autres provinces. « On va essayer de fixer les touristes au Sud. » La future structure de promotion, Sud tourisme, commercialisera des « packages » incluant hébergement, restauration et activités, en visant directement les touristes internationaux, mais aussi les locaux. « On n’empêchera pas les Calédoniens de partir, mais on tentera freiner l’hémorragie. »

 

G.C. (© Archives A.-C.P.)