Les grimpeurs brillent encore aux France

Max Mengual a glané deux médailles d’argent en U20 et en toutes catégories.© Structure d’escalade de Nouméa

Les jeunes Calédoniens ont décroché cinq médailles dont deux en or, celles de Gabrielle Desbois (U16) et Paco Lehmann (U18), aux championnats de France de vitesse au mois de mars. La ligue y voit une conséquence du bon travail avec Bassa Mawem en Métropole.

Supérieure à ses concurrentes, Gabrielle Desbois était surtout à la lutte avec elle-même, le 23 mars à Tarbes, pour cueillir ce titre de championne de France U16 qui lui tendait les bras. « Je n’arrive pas encore à bien gérer le stress, mais ça s’est bien passé parce que mon prof (Bassa Mawem, NDLR) était derrière moi. Au final, c’était super et j’ai pris beaucoup d’expérience », savoure la licenciée du Gecko Club, qui récolte sa première médaille d’or nationale, après l’argent l’année dernière.

Forte de ses 8 secondes et 629 millièmes en finale, nouveau record personnel qui marque une progression de plus d’une seconde en un an, elle vise désormais la barre des 8 secondes, qui la rapprocherait des meilleures françaises – chez les seniors, cette année, il fallait grimper le mur de 15 mètres en 7’’6 pour décrocher la médaille de bronze.

« Je pense que je peux déjà descendre à 8’’ en faisant un run bien fluide », estime celle qui expérimente actuellement un changement technique pour franchir un autre palier. « J’essaie de skip un move », c’est à dire d’oublier une prise, et d’aller chercher directement celle d’après pour gagner quelques dixièmes de secondes. Gabrielle Desbois espère en faire la démonstration en fin d’année aux championnats d’Europe U16, à Troyes.

MAX MENGUAL ET PACO LEHMANN CHEZ LES SENIORS

Les garçons aussi ont réalisé de belles performances : Paco Lehmann s’est imposé en U18 une semaine après avoir décroché une belle 5e place chez les seniors, juste devant Tomy Papin (6e en 5’’719), échouant aux portes des demi-finales pour une poignée de centièmes de secondes, malgré un excellent 5’’571.

Trois places devant lui, Max Mengual a décroché la médaille d’argent chez les seniors, avec un superbe 5’’567 en quart de finale, avant de s’incliner contre Pierre Rebreyend. Il a également pris la deuxième place en U20, tout comme Alexis Tavan en U18, devant Timy Sigrist (5e) et Moana Prigent (7e). Avec cinq médailles au compteur et plusieurs record personnels battus, les grimpeurs calédoniens ont réussi la campagne des championnats de France 2024.

L’AVANTAGE DE L’ÂGE

« C’est la preuve qu’on a adopté la bonne stratégie », se réjouit Philippe Bocquet, président de la Ligue calédonienne d’escalade, qui a fait le pari, il y a deux ans, de continuer de compter sur Bassa Mawem, parti à Colmar pour y ouvrir sa propre salle d’escalade. Toujours salarié de la ligue, celui qui concourra aux Jeux de Paris 2024 dirige une sorte de pôle calédonien dans l’Est de la France où évoluent Max Mengual, Paco et Sacha Lehmann, Yann Leclercq de Lannoy…

« Depuis deux ans, les résultats sont là. Et les médailles sont d’autant plus méritées que le niveau augmente. Faire premier ou deuxième en 2024, c’est plus difficile qu’il y a dix ans. » Philippe Bocquet ne regrette aucunement d’avoir boudé le pôle espoir outre-mer, basé à La Réunion, qui ne présentait à ses yeux que peu d’avantages pour les Calédoniens, les compétitions principales ayant lieu en Europe. « Quand ils vont en Métropole, les gamins ne sont pas envoyés au hasard. Pour les parents, c’est confortable, c’est rassurant. Et puis Bass a l’avantage de l’âge. » À 39 ans, le meilleur grimpeur français apporte à ses apprentis « une expérience sans commune mesure ».

 


LA DERNIÈRE CHANCE OLYMPIQUE DE BASSA MAWEM

Au mois d’août, Bassa Mawem participera aux Jeux pour la deuxième et dernière fois. Membre de l’équipe de France depuis 2011, il n’a eu sa première chance que dix ans plus tard, à 36 ans, lorsque l’escalade est enfin devenue olympique, à Tokyo. Numéro un mondial, auteur en qualifications d’un 5’’45 qui reste le record olympique, il avait été privé de finale par une blessure au biceps.

Depuis, le niveau a fortement augmenté, la vitesse étant encore une jeune discipline. Le record du monde a été battu sept fois depuis Tokyo pour atteindre 4’’90, performance réalisée par l’Indonésien Leonardo Vedriqq, le 28 avril 2023. Pierre Rebreyend s’est emparé du record de France en 5’’18. Mais Bassa Mawem, qui a annoncé qu’il prendra sa retraite après Paris 2024, vise l’or.

Son frère Mickaël, 33 ans, sacré champion du monde de bloc en août 2023, n’a pas réussi à décrocher son billet pour Paris lors du tournoi de qualification olympique du mois de novembre. Il lui reste une dernière chance, au mois de mai.

 

Gilles Caprais