Les commerçants partagés sur la question de la réouverture

Si le syndicat des commerçants plaide pour une réouverture rapide des commerces dits non essentiels, les gérants sont partagés sur la question. Certains s’inquiètent de la situation sanitaire et préfèreraient rester confinés. D’autres souhaitent une reprise immédiate de l’activité.

Après plus de trois semaines de confinement, le syndicat des commerçants tire la sonnette d’alarme. « Une petite minorité de nos adhérents s’en sort encore, mais dans l’ensemble, ils sont à l’agonie avec une baisse de chiffre d’affaires massive », déplore Édouard Calvet, coprésident de l’organisation qui regroupe environ 300 enseignes, principalement des commerces dit non essentiels. Entre ceux qui n’ont pas du tout travaillé et les autres qui sont parvenus à maintenir 50 % de leur volume d’activité, la fourchette est large. « Certains pourraient mettre la clef sous la porte immédiatement. Pour les autres, ça prendra un peu plus de temps », s’inquiète le commerçant.

Quasiment pas de revenu

Karelle Le Berre et son mari sont tous deux gérants de la boutique Sajou et leur situation est particulièrement compliquée, car la famille ne touche quasiment pas de revenu. Ils accumulent des dettes à chaque confinement et n’ont toujours pas touché le chômage partiel de 2020. Malgré cette situation tendue, ils estiment ne pas être prêts à rouvrir immédiatement. « Étant donné l’ampleur de la crise et le non-respect du confinement, je pense qu’il serait plus prudent de rester fermé. Je ne veux pas faire prendre de risque à mes clients et mes salariés. Et puis honnêtement, est-ce que les gens viendraient acheter des jouets maintenant ? », s’interroge Karelle Le Berre. Comme beaucoup de commerçants, elle est partagée entre le besoin et la raison. « Économiquement, ça ferait du bien à tout le monde, mais humainement, j’ai peur que ça ne rende la situation encore plus compliquée. »

Didier Lamielle, gérant de JouéClub, a décidé d’ouvrir certaines de ses boutiques vendredi malgré l’interdiction.

 

Résistance

Didier Lamielle, gérant de JouéClub, lui, a un avis plus tranché : il ne supporte plus cette situation. Responsable de 14 sociétés, il ne s’estime pas trop mal loti, mais il a décidé de passer à l’action en envoyant cette semaine une lettre aux médias et au haut-commissariat dans laquelle il dénonce ce qu’il considère comme une injustice. « Je trouve complètement aberrant qu’on ne puisse pas reprendre notre activité alors que beaucoup de commerces dits essentiels sont ouverts et que ça circule partout. Qu’est-ce qu’on fait ? On attend le chômage partiel qui arrive un an après ? », peste le commerçant qui a reçu, il y a seulement 15 jours, l’allocation Covid de 2020. En colère, il a décidé d’entrer en résistance en ouvrant quelques-uns de ses magasins vendredi matin. « On a du gel, des masques et on limite le nombre d’entrées à seulement quelques personnes. La jauge métropolitaine indique qu’on le droit d’accepter un client pour huit mètres carrés. J’aurais théoriquement le droit d’en faire entrer 100, mais je vais limiter à 15 sur JouéClub. J’estime que cela ne représente pas une menace, ni pour les salariés, ni pour les clients », explique-t-il.

Le syndicat des commerçants milite auprès du gouvernement pour une reprise de l’activité le 4 octobre. « Que ce soit avec une obligation de vaccination, un pass sanitaire ou autre chose, indique Édouard Calvet, l’essentiel pour nous est de reprendre l’activité. C’est vital pour notre économie. »

 


Le chômage partiel prolongé de deux mois

L’allocation de chômage partiel spécifique dite « allocation Covid-19 », qui devait s’arrêter au 31 octobre, est prolongée de deux mois, soit jusqu’au 31 décembre. Les élus du Congrès ont favorablement accueilli cette mesure qui vient soutenir les secteurs durablement touchés. Milakulo Tukumuli, de l’Éveil océanien, a fait remarquer à ce sujet qu’une centaine d’entreprises auraient perçues illégalement les allocations Covid du premier confinement. Des vérifications devraient être effectuées dans les prochains mois. Si les faits sont avérés, les entreprises concernées pourraient être pénalisées.

 

Virginie Grizon (©V.G.)