Les bailleurs veulent impliquer les habitants

Benoît Naturel, directeur de la SIC

« On ne traite plus seulement le logement, mais l’insertion urbaine et le lien social »

La SIC, Société immobilière de Calédonie, est le plus gros opérateur social du territoire. Son parc, constitué de 11 200 logements, héberge plus de 30 000 locataires, soit un Calédonien sur neuf, et une partie, notamment celle construite avant 1980 (Saint-Quentin, Boutonnet, N’Géa, etc.) est vétuste.

Outre la maintenance et l’entretien quotidien, la SIC suit un programme sur trois ans en ciblant des résidences prioritaires « plutôt que de saupoudrer des travaux à différents endroits », indique Benoît Naturel, pour davantage d’efficacité. Sont par exemple concernés Tuband, Dumbéa-sur-Mer et les Villages de Magenta, des « sites en perte d’attractivité avec de l’insatisfaction des locataires et de la vacance ». L’intervention peut aller « d’un changement de toiture à la remise à niveau de parties communes, voire complète d’un bâtiment ».

Surtout, le bailleur, et c’est nouveau, planche sur le renouvellement urbain. « On ne traite plus seulement le logement, mais les pourtours d’immeubles, l’insertion urbaine et le lien social. » Cela se traduit par des projets à plus long terme définis dans le cadre d’un plan stratégique afin de définir les besoins, notamment en termes de financement. Ils concernent la réhabilitation des bâtiments, mais pas seulement.

Exemple aux Tours de Magenta avec le lancement d’un chantier d’insertion, le montage d’un snack associatif et l’installation d’une jeune entreprise. La SIC évoque également la mise en place de gardiens ou de concierges. Tout cela en lien avec l’association Mieux Vivre à Magenta Tours. « On a aussi renouvelé les marchés d’entretien des espaces verts et des parties communes pour leur permettre de se structurer en GIE afin qu’ils puissent y répondre. Le pari c’est de se dire que si ce sont des gens de la résidence qui entretiennent, ce sera mieux respecté. » Le bailleur souhaite s’en inspirer pour d’autres résidences.

 

Jean-Loup Leclercq, directeur du FSH

« On veut faire participer les habitants à la rénovation »

Créé en 1964 afin de loger les salariés, le FSH, Fonds social de l’habitat, financé en partie par les cotisations prélevées sur les salaires (« les 2 % du FSH »), gère 3 200 logements. Des opérations de construction sont en cours à Magenta à la place de l’ancienne université, en face du Médipôle et à Koutio, pour le futur siège social du bailleur et 150 logements. Dans ses cartons, le FSH a le projet Sakamoto, en phase d’étude, la réalisation de 180 maisons pour de l’accession à la propriété.

Mais, le bailleur n’échappe pas au vieillissement de son parc. C’est le cas à Riverstar, à Rivière-Salée. « On veut faire participer les habitants à la réflexion, indique Jean-Loup Leclercq. L’idée, c’est de voir avec eux comment agrandir les appartements, mieux végétaliser, ce qu’on fait des espaces communs, qui sont indispensables, mais souvent sources de nuisances, et des parkings. » Une philosophie différente que les bailleurs s’attachent à mettre en avant. « On parle désormais d’habitat, on met la personne au centre, on n’est plus uniquement dans une problématique technique, mais aussi sociale. »

 

Sacha Benisti, directeur de la SEM Agglo

« On doit animer les quartiers en y apportant des activités »

Avec ses 2 070 logements, la SEM Agglo est le plus petit et le plus jeune des trois bailleurs. Même si son parc est récent, « il vieillit vite en raison de la construction, de l’entretien, de l’implication plus ou moins importante des locataires ou encore des intempéries, comme avec les dernières pluies », développe Sacha Benisti.

Dans le cadre de la nouvelle approche du logement social, le bailleur va élaborer un PPIE, un plan pluriannuel d’investissement et d’entretien, sur dix ans. Un montant de 2,6 milliards de francs doit y être consacré pour la sécurisation et la résidentialisation qui, outre l’amélioration du bâti, comprend notamment « l’animation des quartiers en y apportant du sport, en favorisant l’aide aux devoirs et en réduisant la fracture numérique en mettant à disposition des locaux et du matériel ».

Autre volonté, inclure l’aspect environnemental et « construire plus écologique en faisant du solaire, en récupérant l’eau de pluie et en s’assurant de la qualité des matériaux utilisés ». Les bailleurs en ont marre de la mauvaise image qui leur colle à la peau. « On nous voit comme des constructeurs de ghettos et on veut en sortir. »

Pour financer tout cela, la SEM doit être recapitalisée à hauteur d’un milliard de francs par la province Sud et la Banque des territoires. L’opérateur travaille aussi à mutualiser les coûts avec ses confrères. « On réfléchit à une centrale d’achat commune pour obtenir des prix plus intéressants ou encore à créer un centre d’appel commun. » Et cherche d’autres financements. La SEM Agglo a notamment été lauréate de Mouv’Outremer pour un projet qu’elle va développer sur le site de la Briqueterie, au Mont-Dore. « On a proposé d’aménager un grand terrain municipal situé à côté en un parc de santé avec des jardins vivriers. C’est financé par l’AFD. »

 

Anne-Claire Pophillat (© Archives DNC/A.-C.P., FSH et Niko Vincent)