Les acteurs économiques dans le flou

La prolongation du confinement est, pour les représentants du monde économique, une mauvaise nouvelle. Mimsy Daly, présidente du Medef, et Frédéric Pratelli, coprésident du syndicat des commerçants, dénoncent l’absence de perspectives et plaident pour une reprise le 11 octobre.

Chez les acteurs du monde économique, l’inquiétude domine, alors que le confinement a été prolongé et que sa possible adaptation à partir du lundi 11 octobre n’a pas encore été annoncée. « La visibilité sur une reprise effective est très faible puisqu’on donne des critères très difficilement atteignables. Le gouvernement reste vague et rien n’est confirmé », déplore Mimsy Daly, présidente du Medef, qui voudrait voir précisés les contours et les modalités d’application du pass sanitaire et de la vaccination obligatoire. « On nous présente le reclassement comme la seule solution pour les employés non vaccinés. Or, c’est très compliqué. Les entrepreneurs sont déboussolés. »

Selon quels critères

Frédéric Pratelli, coprésident du syndicat des commerçants, qui demandait la réouverture des commerces non essentiels lundi dernier, fait part de son incompréhension « alors que tout le reste de l’économie calédonienne fonctionne » et que le syndicat a travaillé sur un protocole de reprise plus strict que lors des précédents confinements. « On a proposé une jauge d’un client pour 20 m2 contre 10 m2 afin d’arriver à gérer les flux dans les magasins. » Le plus important pour Frédéric Pratelli ? Savoir ce qu’il va en être dans les semaines à venir « et non pas de vendredi en vendredi, pour qu’on puisse s’adapter. On ouvre les établissements scolaires, donc on ne comprendrait pas que ce ne soit pas le cas pour nous. On attend de savoir quand et selon quels critères on pourra rouvrir. » D’autant que des commerces pourraient avoir du mal à se maintenir. « Ceux déjà fragiles peinent à se refinancer. Le problème, c’est la trésorerie. Et puis après, c’est la question de l’emploi qui se pose. »

Des aides toujours pas activées

Autre sujet de préoccupation : les aides. Le fonds de compensation n’est toujours pas passé devant le Congrès alors que « les entreprises ont fait des avances, précise Mimsy Daly, et on attend la mise en ligne des formulaires pour le Fonds de solidarité de l’État ». Les deux responsables plaident pour une reprise le 11 octobre. Un courrier a été adressé en ce sens au président du gouvernement, Louis Mapou. Quelles conséquences sur l’économie calédonienne ? « On le verra dans deux à trois mois, déclare Mimsy Daly. On ne pourra pas tenir à bout de bras le tissu économique, il y a un risque qu’on arrive à une obstruction de certaines activités. Ce qui va conditionner la reprise, c’est la capacité de la Nouvelle-Calédonie à financer la crise. Il faut une relance de la consommation et des investissements, sinon elle va durer longtemps. »

 


Pour les artisans, la « casse » est inévitable

La Chambre de métiers et de l’artisanat sort son deuxième bilan après quatre semaines de confinement. Selon la CMA, « la casse au sein du secteur artisanal est inévitable, la survie de l’emploi étant hypothéquée par les charges, pas ou peu de rentrée de liquidités, des trésoreries épuisées et la paupérisation de nombreux artisans ». La chambre consulaire regrette également que les modalités du Fonds de solidarité de l’État ne soient toujours pas arrêtées et que la lourdeur administrative et le cas par cas décidé dans le traitement de la plupart des soutiens incitent de trop nombreuses entreprises à y renoncer, quitte à disparaître.

La CMA souhaite des réponses sur le délai du règlement du chômage partiel, le fonds de compensation en attente d’adoption par le Congrès, l’engagement des établissements bancaires, « restés silencieux », et les modalités de la reprise de l’activité.

 


Des aides exceptionnelles relatives à l’épidémie de Covid-19

Un projet de délibération instaurant des mesures exceptionnelles a été pris par le gouvernement, mais il n’est pas encore passé au Congrès. Il prévoit notamment : la création d’une indemnité de compensation de la perte de revenus ou de salaire pour les personnes positives asymptomatiques ou contact à risque élevé dans l’impossibilité de télétravailler d’un montant de 70 % du salaire brut ; la majoration des allocations familiales (plafonnée à 90 000 francs) pour les travailleurs salariés contraints de garder leurs enfants et dans l’impossibilité de télétravailler, en sus des prestations déjà versées et l’échelonnement des cotisations sociales.

 

En province des Îles

La province a voté un plan d’aide exceptionnelle aux entreprises lors de son assemblée le 1er octobre, qui consiste en la prise en charge des cotisations sociales des salariés et des cotisations Ruamm des dirigeants (hors agriculteurs et pêcheurs).

 


Obligation vaccinale : les syndicats évoquent des « pressions sur les salariés »

Le 27 septembre, FO-CSTC a déposé un préavis de grève générale illimitée à compter du lundi 11 octobre contre l’obligation vaccinale et le pass sanitaire, avec un regroupement devant le gouvernement à Nouméa à partir de 7 heures. « Des salariés subissent des pressions, on parle de licenciements, s’indigne Jérôme Le Pechoux, secrétaire général du syndicat. On demande le retrait de l’obligation vaccinale et des amendes ainsi que la non mise en application du pass. On ne souhaite pas qu’une partie des salariés se sentent ostracisés. » Le préavis s’adresse à tous les employés, du privé comme du public, précise Jérôme Le Pechoux, qui affirme que les gestes barrière seront respectés.

Dans un communiqué en date du 2 octobre, l’USTKE dénonce également une certaine intimidation exercée par des employeurs sur les salariés non vaccinés.

À noter que le Rassemblement national calédonien s’oppose à l’obligation vaccinale. Il dénonce, dans un communiqué, « une atteinte inacceptable des libertés fondamentales et du secret médical », s’oppose « à toute sanction, discrimination ou stigmatisation de toute personne en fonction de son statut vaccinal » et refuse le pass sanitaire.

 

Anne-Claire Pophillat (© A.-C.P.)