Le sprint rapproche les habitants des tours

Le club d’athlétisme Track’nc a chronométré une centaine d’enfants sur un 50 mètres en bas de chez eux, samedi 13 mai. Pour la SIC et l’association Mieux vivre à Magenta tours, la portée de l’événement a largement dépassé le cadre du sport.

Au couloir numéro un, Shaiba Buama, de Rivière-Salée. Au couloir numéro deux, Jeanette Wacapo, Lifou. Pas de starting-blocks, pas de piste en tartan, pas de chichi : départ debout pour un 50 mètres en virage, le long de l’allée circulaire. Un instant de silence. Le claquoir retentit jusqu’au sommet des tours. L’écho se perd dans les hurlements des enfants, debout sur les barrières en métal, au plus près des deux sprinteurs.

Jeanette est devant d’une tête, mais Shaiba contrôle la course et la dépasse au finish sans photo. Les deux membres de l’équipe de Nouvelle-Calédonie laissent la place aux petits, impatients de défier leur chrono.

Les entraîneurs du club Track’nc guettent les champions qui s’ignorent. Mais pas d’élitisme en ce lieu : ils espèrent simplement que le frisson du sprint amènera un grand nombre d’enfants à rejoindre le club. Le stade Numa-Daly n’est qu’à 200 mètres. « Il y a une méconnaissance de ce qu’il est possible de faire dans le quartier. Le club existe depuis trois ans, mais on voit très peu d’enfants de Magenta tours et de Magenta aérodrome », constate Félix Cabarrot, qui réalise depuis six mois, le mercredi après-midi, des initiations à l’athlétisme au milieu des tours. Convaincu des vertus de la proximité, il réfléchit déjà à nouer des partenariats similaires avec d’autres associations de quartier.

DES CHRONOS ET DU « SÉRIEUX »

Les sprinteurs se succèdent, deux par deux. Ceux qui attendent font du « ventre et glisse » sur une structure gonflable, jouent au beach tennis, grimpent aux workout, s’essaient au graff ou au parkour, grâce à la dizaine d’associations présentes. Tout autour, les adultes observent la fête.

Ézéquiel Waneux est « dépassé » par la réussite de l’événement. « D’habitude, les parents amènent les enfants au stade et vont faire autre chose. Là, c’est quelque chose de nouveau. Ce n’est pas juste du sport, c’est du vivre ensemble », s’émerveille le président de Mieux vivre à Magenta tours. « Les petits jeunes qui encadrent, ils se sont investis. C’est ce sérieux-là qu’on veut transmettre aux enfants. Le comportement, c’est notre priorité. Pour travailler là-dessus, on a trois ans », soit la durée du partenariat qui lie l’association à la SIC.

Le bailleur social et les bénévoles multiplient les activités, comme les chantiers d’insertion, les rendez-vous du sport et de la culture, ou encore les interventions de l’association Faites le mur. « Les tours de Magenta renvoient une image négative et c’est une image faussée. Il s’y passe de très belles choses », insiste Alexandre Mirault, directeur de l’agence de la SIC.

De nombreux logements ont cependant encore besoin de rénovation, et les habitants se plaignent d’incivilités régulières. « Il y a évidemment des choses qui renvoient à un aspect qui n’est pas très attrayant, c’est vrai, mais aujourd’hui, c’est un endroit plein de vie où des enfants s’amusent quotidiennement. Il faut essayer de changer cette image des tours austères où personne ne vient, car elle ne correspond pas à la réalité. »

Gilles Caprais

L’athlétisme pleure Hugues Davy

Le président de Track’nc, qu’il avait cofondé en 2020, est décédé le 6 mai d’une maladie récemment diagnostiquée. Pour Félix Cabarrot, l’un des responsables du club, « on a perdu un très grand monsieur qui avait des valeurs sportives et humaines ». Hugues Davy s’était fortement impliqué dans le développement de l’athlétisme et du sport scolaire – il présidait l’UNSS depuis 2012. Il était également membre de la conférence des financeurs du sport, créée en 2012.