Le Palika pose ses bases pour l’exercice 2017

15 jours après l’Union calédonienne, et toujours dans la commune de Pouébo, le Palika a lancé son année à l’occasion d’une assemblée générale dont les objectifs étaient multiples. Il s’agissait en effet à la fois de dresser le bilan des primaires de la gauche tant au plan local que national, de s’interroger sur la situation de Saint-Louis et bien plus largement de la jeunesse mais aussi de préparer le congrès du FLNKS, programmé dans un mois, à Ponérihouen.

Bien, mais peut mieux faire. Si cette formule rappellera à certains, en cette période de rentrée scolaire, les bulletins trimestriels, elle s’applique en l’occurrence aux résultats des primaires de la gauche en Nouvelle-Calédonie. Outre le fait que la participation, au niveau local, n’a visiblement pas été à la hauteur des espérances du Palika, le nom du lauréat laisse le parti de Paul Néaoutyine pour le moins perplexe. Il est vrai que Benoît Hamon est quasi inconnu pour la plupart des Calédoniens, que personne ici ne connaît sa position personnelle sur le dossier calédonien. Pas plus d’ailleurs que n’est connue la position qu’adopteront le parti socialiste et ses alliés sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie pendant la campagne électorale.

En conséquence, le Palika annonce qu’il va demander des éclaircissements tout en espérant, sans toutefois le formuler pour l’instant, que ce candidat à la présidentielle, issu de la gauche de la gauche, prendra parti pour la cause indépendantiste, dans le respect, cela va sans dire, des dispositions prévues par l’Accord de Nouméa. C’est d’autant plus important que le PS local, rebaptisé Les Progressistes, a quelque peu changé son fusil d’épaule ces derniers mois et affirme désormais avec pragmatisme que l’indépendance n’est pas viable pour l’instant.

Dans cette situation, éclaircissements et clarifications semblent donc en effet nécessaires et ce, d’autant plus que le Palika a réaffirmé le week-end dernier qu’il serait présent sur le terrain pour la campagne présidentielle mais aussi qu’il aurait des candidats aux législatives et aux sénatoriales.

La jeunesse au cœur du dispositif

Mais l’horizon pour le Palika, comme pour les autres forces politiques calédoniennes d’ailleurs, ne se limite pas aux échéances électorales de cette année. Toutes les actions, toutes les prises de position sont à prendre en compte dans la perspective du référendum de sortie de l’Accord de Nouméa fin 2018.

En l’occurrence, le Pallika fait preuve d’une constance à toute épreuve en s’inscrivant résolument dans les dispositions de l’Accord. À savoir que 2018 n’est qu’une étape puisqu’en cas de victoire du maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France, le processus prévoit deux autres référendums, deux autres occasions de demander aux Calédoniens de se prononcer pour ou contre l’indépendance.

Il n’est donc pas illogique, dans cette éventualité, de focaliser les efforts et les attentions sur la jeunesse. Ce que n’a pas manqué de faire Paul Néaoutyine en demandant la tenue d’assises de la jeunesse kanak.Ce faisant, le président de la province Nord lance des piques tous azimuts et règle quelques comptes. Envers des non-indépendantistes d’abord, pour les accuser de stigmatiser le jeunes Kanak, et par extension les Kanak en général, que ce soit à Saint-Louis ou plus globalement sur tous les faits de délinquance.

À destination des coutumiers ou plus précisément du Sénat coutumier avec lequel le contentieux est loin d’être éteint. Et Paul Neaoutyine d’ironiser sur le fait que les constats, qui ont abouti à l’élaboration du fameux « plan Marshall », soient partagés à la fois par les autorités coutumières et « la droite locale » et que, dans un cas comme dans l’autre, rien de concret n’est vraiment mis en place. En tant qu’homme politique, responsable d’une collectivité dont les compétences sont très larges, le leader du Palika sous-entend sans doute que son action est plus efficace.

D’autant que, comme il l’avait déjà dit voici plusieurs mois, il minimise les faits de délinquance enregistrés sur le territoire en les comparant à ceux des pays de la région voire des pays industrialisés, sans tenir compte des dernières statistiques nationales qui prouvent, hélas, le contraire. Dans le même temps, il tente de déculpabiliser la jeunesse kanak en renvoyant collectivement la faute sur les responsables politiques dont bizarrement il ne ferait pas partie.

Il y a manifestement, dans les constats exposés le week-end dernier à Pouébo, une volonté de se positionner pour les échéances majeures de 2017 et donc pas mal de langue de bois. La première de ces échéances pour les indépendantistes aura lieu à Ponérihouen dans quelques semaines pour un congrès du FLNKS qui s’annonce capital.

C.V.