Le Medef-NC présente sa feuille de route

Le 17 août, le mouvement patronal a présenté sa feuille de route pour les trois années à venir. Le Medef-NC entend s’imposer comme une force de proposition face aux enjeux à venir. Les dossiers chauds ne manquent pas et nécessiteront un consensus plus large au sein du monde patronal.

L’actualité économique est particulièrement chargée. Mines, réforme de la fiscalité, du système de protection sociale, relance économique après la crise sanitaire dans un contexte de fermeture des frontières… Les enjeux sont importants et marqueront très certainement un tournant de la trajectoire économique, sociale et environnementale calédonienne. À l’instar des organisations professionnelles du monde agricole, les patrons du Medef-NC entendent bien apporter leur pierre à la construction de ce nouvel édifice.

Après deux mois de travail sur la fusion des programmes des deux listes candidates aux dernières élections, le nouveau président, Samuel Hnepeune, a pu présenter la feuille de route pour la mandature qui s’achèvera en 2022. Le projet du Medef-NC se décompose en deux temps, le court et le long terme. À court terme, la relance économique est le dossier prioritaire. Sans surprise, le Medef-NC milite pour toujours plus de simplification administrative de façon à ce que les investissements publics puissent être engagés le plus rapidement possible afin de soutenir le secteur privé. Les responsables du mouvement estiment que la commande publique doit être un relais en cette période de crise et qu’une cellule doit être créée au sein du gouvernement pour identifier et lever les freins au démarrage des grands travaux. L’idée est également de mobiliser les outils fiscaux (en augmentant les plafonds) pour encourager la rénovation des logements.

En matière de relance, le Medef-NC souhaite identifier les missions de l’Autorité de la concurrence qui peuvent constituer un frein au développement économique et mener une réflexion sur les leviers de relance de la consommation intérieure. Comme l’a récemment fait valoir l’économiste Olivier Sudrie, le problème de l’étroitesse du marché calédonien est renforcé par un fort niveau d’inégalité qui écarte une grande partie de la population de la consommation. Pour rappel, l’Isee avait dénombré près de 53 000 personnes vivant sous le seuil de pauvreté en 2008.

Alléger les poids qui pèsent sur l’entreprise

La politique minière est un autre dossier chaud. Si le Medef-NC ne se prononce pas directement pour ou contre la cession de Vale NC à l’industriel australien, il précise qu’il défendra la diversité des modèles et pour ce faire, qu’il est indispensable de donner les moyens aux entreprises de « baisser leurs coûts de revient, de s’adapter aux aléas du marché, d’être agile », arguments mis en avant par les acteurs de la mine eux- mêmes. L’enjeu, comme le rappelle Thibaut Martelin, le troisième vice-président, en charge du développement et de la relance, est le maintien des emplois de la mine et la métallurgie qui représente près d’un emploi sur cinq.

Cette idée libérale se retrouve sur la question de la fiscalité. Les représentants des patrons sont convaincus que la fiscalité directe et la fiscalité indirecte « font payer un lourd tribut à la compétitivité et à la productivité des entreprises ». Sur ce point, le mouvement conserve un positionnement plutôt classique, estimant qu’au moins une partie des cotisations ne devrait pas relever de la fiscalité pesant sur le travail, mais des impôts et donc de la solidarité territoriale. Dans le cadre de la loi de programmation fiscale, le Medef-NC, qui a déjà été consulté par le gouvernement, plaide pour des taux plus faibles et des bases plus larges. Pour encourager la venue d’investisseurs étrangers, l’idée d’un pacte de stabilité fiscale a également été mise sur la table.

Réformer la politique sociale

En matière de compétitivité, au-delà de la question fiscale, les défis sont nombreux. « La période actuelle est tendue, mais il est important d’engager des réformes structurelles afin d’améliorer la compétitivité des entreprises, insiste Danièle Brault- Delahaie, la présidente de la commission des relations sociales. Nous devons aller au bout de la réforme des instances représentatives du personnel. Les discussions ont commencé il y a dix ans et doivent aboutir. Nous devons aussi revoir les règles de l’absentéisme qui représente un poids considérable pour les entreprises. Il faudra également travailler sur la flexibilité et l’annualisation du temps de travail. La compétitivité passe aussi par une meilleure politique par filière. Il faut davantage de synergie entre les différents acteurs. » Pour le Medef-NC, le dispositif de zone franche est également à creuser.

La RSE, responsabilité sociétale et environnementale, est un autre des grands sujets que l’organisation patronale souhaite mettre en avant. « Nous devons valoriser ce qui est fait, explique Mimsy La Selve, la première vice-présidente. Les entreprises sont un des éléments importants de la cohésion sociale. Il faut redonner du sens à ce qu’elles font. Cela peut permettre d’améliorer la qualité de vie. Le bénéfice de cette démarche globale est collectif. »

Outre ces objectifs à court terme, le Medef- NC compte définir une stratégie à plus long terme ainsi qu’un modèle économique et social à un horizon de 10 ans y correspondant. Les grandes thématiques concernent le nickel, la transition énergétique, les nouvelles filières et l’innovation, mais également l’agriculture ou encre l’économie circulaire.

M.D.

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