Le Medef exhorte à l’action

Le Medef a organisé son assemblée générale le mercredi 25 octobre. L’occasion de revenir sur les grands dossiers de l’année écoulée mais surtout les grands défis qui attendent les partenaires sociaux dans les mois à venir. Pour le mouvement patronal, la priorité des priorités reste toutefois la relance de l’économie dans un contexte de crise.

« Le cœur du problème reste la relance de l’économie ». Daniel Ochida, l’un des co-présidents du Medef n’y va pas par quatre chemins pour décrire la priorité des chefs d’entreprises calédoniens, à l’occasion de l’assemblée générale du mouvement patronal. Mais les dossiers mis sur la table à l’occasion de cette réunion ne manquent pas. Au menu des discussions, les membres du Medef auront à se prononcer sur la troisième réforme des statuts du mouvement en dix ans. Une réforme validée par trois fois en comité restreint et qui devait recevoir l’assentiment final d’au moins deux tiers des participants à l’assemblée. L’idée est de permettre un fonctionnement plus fluide pour gagner en réactivité, notamment face aux propositions des partis politiques.

L’après-2018

Les présidents du Medef ont également souhaité insister sur l’après-2018. Les chefs d’entreprise s’inquiètent du devenir de l’économie calédonienne et notamment des transferts de la métropole. Les quelque 135 milliards de francs versés chaque année sont au centre des préoccupations du patronat qui a lancé une réflexion sur les implications des futurs scénarii. Mais une chose est sûre, le modèle économique et social est à bout de souffle et il va falloir en changer.

Sur le plan social

Le rapport d’activité sera l’occasion d’aborder la question de la réforme des instances représentatives du personnel. Une représentativité qui oppose souvent les partenaires sociaux mais plus encore au moment où le Medef a décidé de se mettre en retrait du Conseil du dialogue social. Le Medef reproche au gouvernement de favoriser une autre organisation patronale alors même plusieurs décisions de justice lui ont donné raison. Le gouvernement n’applique donc pas les décisions de justice, sauf pour la Cafat où des astreintes journalières ont poussé l’exécutif a redonné un siège supplémentaire au Medef. En parallèle de la mise en place de la TGC, deux accords interprofessionnels sont en cours de négociation autour du volet social de la compétitivité. Si un consensus a pu être trouvé sur la moitié des sujets, un tiers suscitent de profondes divergences, en particulier sur les questions mensualisation du temps de travail ou encore sur les heures supplémentaires.

L’emploi et la formation

Le Medef salue la réforme du contrat unique d’alternance qui devrait entrer en vigueur en 2019. Seul bémol à cette réforme, l’obligation que ce contrat débouche sur un contrat en CDI. Dans un contexte peu favorable à l’embauche, les patrons redoutent que cette obligation ne constitue un frein au recours à ce dispositif. En ce qui concerne le FIAF, le Fonds interprofessionnel d’assurance formation, Valérie Zaoui, co-présidente en charge du dossier, souligne que la mise en place se passe relativement bien. En six mois d’activité, le fonds s’est occupé de près de 200 dossiers. Elle souligne toutefois que la mission d’accompagnement qui incombe au fonds, en plus du fait de collecter et financer les formations, devra être développée. Sur la question du handicap, le Medef est plutôt critique. S’ils ne refusent pas de payer, les patrons jugent totalement hypocrite l’amende qui est appliquée aux entreprises qui cherchent des employés handicapés sans succès. Comme le souligne les patrons, il n’est pas si facile de recruter des personnes handicapées, d’autant plus que la province Sud, par exemple, a supprimé il y a deux ans la cellule qui accompagnaient ces personnes dans leur recherche d’emploi. Le côté moralisateur de l’amende ferait ainsi préférer une taxe à l’amende, d’autant plus que l’argent ne sert pas, par exemple, à faciliter l’accès à l’emploi des personnes handicapées mais est reversé dans le budget général de la prise en charge du handicap.

La protection sociale dans le rouge

Le Medef continue de tirer la sonnette d’alarme concernant la situation de la protection sociale. En dehors du régime des retraites, tous les régimes sont dans le rouge. Pour l’année 2016, les pertes avoisinent les 7 milliards de francs. En les cumulant sur les dernières années, elles atteignent 18 milliards de francs. Le mouvement pose légitimement la question : « quand est-ce que le gouvernement prendra le taureau par les cornes ? ». Les résultats présentés par le Medef intègrent les compensations dues par le gouvernement, notamment pour les exonérations de charges sociales sur les bas salaires, compensations que le gouvernement ne verse pas, ce qui génèrent des problèmes de trésorerie pour la Cafat. Le mouvement patronal souligne que 83 % des prestations sociales sont couvertes par les cotisations sociales, un poids très important qu’il conviendrait d’alléger par un transfert vers la fiscalité. Le Medef questionne également le rôle de l’Agence sanitaire et sociale qui capte désormais l’intégralité des ressources financières avant de les répartir mais de manière peu transparente. Une réalité notamment décrite par la Chambre territoriale des comptes dans un de ses rapports.

Au niveau économique

Daniel Ochida, rappelle que le travail sur la compétitivité prix a été fait du côté patronal. « Nous n’y reviendrons pas, maintenant, nous attendons que les syndicats fassent leur travail sur le volet social. Mais depuis le 15 juin, c’est le silence radio », note le co-président. Et si ce dossier n’aboutit pas, c’est toute la chaîne qui risque de dysfonctionner. La compétitivité des entreprises est une des garanties pour contenir l’inflation lors de l’instauration de la TGC en juillet prochain. Le risque est grand puisque cette compétitivité devra être mise en œuvre au mois de juin. Mais d’ici là, une loi d’une vingtaine d’articles devra être adoptée, ce qui est loin d’être gagné.

La TGC qui inquiète également les patrons sur le point particulier des taxes déjà perçues sur les stocks. Si la marche à blanc devait permettre de rembourser les taxes aux entreprises, il semblerait que les recettes soient en deçà des espérances et le gouvernement aurait plus ou moins sous-entendu qu’elles pourraient avoir à « s’asseoir dessus ».