Le foot féminin gagne du terrain

La latérale Laëtita Leme, lors de la victoire (1-0) contre les Samoa, le 21 juin à Lautoka (Fidji), pour le premier match du tournoi de qualification au Mondial U19.© OFC

Les bons résultats de l’Asaf et de la sélection témoignent d’un développement du foot féminin, qui s’est structuré à partir de 2020 sous l’impulsion des fédérations calédonienne et internationale, par la création d’un championnat à 11 et de l’Académie féminine.

L’Asaf a remporté la première édition de la Ligue des champions d’Océanie, le 10 juin à Port- Moresby. La sélection U19 est allée en quarts de finale du tournoi de qualification au Mondial. Ces deux performances, qui rendent déjà mémorable la saison 2023, sont le révélateur d’une montée en puissance préparée au cours des dernières années.

Charlotte Pelletier, ancienne arbitre, a été nommée en 2020 responsable du développement du football féminin à la Fédération calédonienne. Son travail a commencé par l’organisation de « festivals du foot féminin », des journées destinées à accroître le nombre de licenciées qui s’élèvent aujourd’hui à 980.

Sa deuxième mission a consisté à créer un championnat senior à 11 joueuses sur terrain complet, et non plus à huit sur demi-terrain. Lancé avec 10 équipes, il compte désormais 13 clubs répartis en deux divisions. « Le démarrage est très positif. Les filles, les clubs, les responsables étaient demandeurs », constate Charlotte Pelletier, qui se réjouit d’un accueil « vraiment très favorable » au sein du football masculin. « Quand les filles jouent, les garçons restent pour regarder le match. Sur certaines rencontres, on a pas mal de public. »

L’ACADÉMIE, UNE « VOLONTÉ DE LA FIFA »

Deuxième du championnat 2022 derrière l’Asaf, l’Académie de la Fédération calédonienne de football est également le fruit d’une politique de développement. « Le projet était une volonté de la Fifa », la fédération interna- tionale, rappelle Kamali Fitialeata, directeur de l’Académie et entraîneur principal de l’équipe. Constatant l’archi-domination de la Nouvelle-Zélande dans le Pacifique, « la Fifa voulait lancer une académie ailleurs dans la zone ».

Créée en 2020 et installée à Koutio au sein du Cise*, la structure est composée de 20 joueuses âgées de 15 à 18 ans, qui enchaînent quatre entraînements et un match par semaine, en parallèle de leur scolarité. « C’est beaucoup, mais c’est l’exigence nécessaire pour les préparer au haut niveau », indique Kamali Fitialeata. Les meilleures joueuses sont susceptibles de rejoindre les clubs de Métropole et de suivre les traces de Marie-Laure Palene, formée à Païta, qui évolue sous les couleurs du Mans, en 2e division. Le directeur aura de « bonnes nouvelles » à annoncer prochainement.

PÉRENNISER LES FINANCEMENTS

« On voit les fruits de notre travail. Ça fonctionne », se réjouit Kamali Fitialeata. La Fédération calédonienne de football envisage de créer des académies provinciales. « Mais pour cela, il faudra arriver à pérenniser les financements. » Car la Fifa, logiquement, se tournera vers d’autres pays du Pacifique et y dirigera ses fonds de développement.

Pour que la dynamique perdure, estime Charlotte Pelletier, il faudra également « poursuivre le travail de structuration des clubs », qui sont confrontés à des difficultés classiques : nombre d’encadrants, formation de femmes à l’arbitrage, horaires des entraînements, financement des déplacements… Pour devenir « plus compétitif », le football féminin devra trouver des sponsors, des partenaires, ou encore des subventions de l’Agence nationale du sport. Gilles Caprais

*Centre international sport et expertise (Cise).

Gilles Caprais