Pour fêter ses vingt-cinq ans, le Festival de cinéma a mis les petits plats dans les grands. Cette année, les spectateurs vont vivre leur amour du septième art autrement : séances spéciales, soirées musicales, expositions… De très belles surprises en perspective pour cette édition anniversaire.
Delphine Ollier Vindin s’en souvient comme si c’était hier. Le tout premier Festival de cinéma de La Foa, c’était juste « incroyable ». C’était l’époque du fax, du 35 millimètres. Leur invité Jean-Pierre Jeunet avait atterri le matin même dans l’avion qui transportait les films.
La déléguée générale de l’événement sourit à ce souvenir. Un autre lui revient : la « standing ovation » pour Jane Campion, en 2004. « C’était magnifique. On était tellement émus de l’accueillir. » Quand l’équipe la sollicite, elle était en tournée en Europe pour son long métrage In the cut. « Elle avait été harcelée par les journalistes. Elle voulait savoir s’il y n’avait pas trop de paparazzis ici », rit-elle en y repensant.
Que de précieux moments qui remontent à la surface à l’approche des 25 ans du Festival. 25 ans de grands films, de rencontres magiques, de talents révélés. 25 ans qui méritent d’être dignement célébrés. C’est pourquoi une édition spéciale, « particulière », attend les spectateurs, du 30 juin au 9 juillet. Cette année, place à la nouveauté. « On avait envie de faire des propositions différentes. Les éditions anniversaires permettent d’explorer, de tenter », confie Delphine Ollier Vindin.
EN DEHORS DES SALLES
Normalement tourné exclusivement vers le cinéma d’auteur, l’événement a décidé d’ouvrir « les portes et les fenêtres » afin de toucher un autre public. Et si, après s’être enfermés dans les salles, les cinéphiles se retrouvaient pour s’amuser autour du septième art ? Rendez-vous à la Bodega de Nouméa, dimanche 2 juillet. La piste de danse est réservée aux amoureux de bandes originales.
Les amateurs d’un environnement « plus doux, plus feutré » sont attendus, eux, à l’Art Factory, jeudi 29 juin. « L’idée, c’est de créer des moments où on peut, sans voir de films, parler cinéma. Que les festivaliers se retrouvent. Que cette énergie circule en dehors des salles », explique Delphine Ollier Vindin.
Une séance en plein air est programmée au parc urbain de Sainte-Marie, vendredi 23 juin, avec le film En corps. Quant aux fans de John Travolta et Olivia Newton-John, ils devraient apprécier la séance projetée au drive-in du Pont-des-Français. Retour vers le passé avec… Grease, bien sûr, comédie musicale mythique de la fin des années 1970, qui est à redécouvrir à bord de sa voiture, vendredi 7 juillet.
Un temps de lecture, en hommage au romancier Jean Teulé, se déroulera également samedi 8 juillet, à l’Art Factory, avec la compagnie L’Eau salée. Ces rendez-vous différents, « inhabituels », tenaient vraiment à cœur à l’équipe du Festival. Qui continue toujours de faire la part belle au cinéma calédonien.
2023, UN BON CRU
Après des années de crise sanitaire, peu réjouissantes dans le monde de la création et de la production audiovisuelle, l’année 2023 vient effacer tous ces mauvais souvenirs. « Il y a vraiment de très jolies choses. C’est très réconfortant de se dire que cet événement, même s’il venait à disparaître, le cinéma calédonien, lui, va poursuivre sa route. Dans dix ans, je suis sûre qu’on aura quelques longs métrages », assure Delphine Ollier Vindin.
Huit films sont en compétition dans la catégorie des courts métrages, soit 3 h 10 à visionner vendredi 7 juillet, au Cinécity. « C’est plutôt un bon cru même du côté des jeunes talents. L’année dernière, on avait moins de films, car tout avait pris du retard. C’est une édition bien dodue avec du contenu, de la qualité technique », se réjouit la déléguée générale.
Les talents d’ici, révélés ces 24 dernières années, sont mis en lumière à travers l’exposition de la photographe Clotilde Richalet Szuch : 25 portraits de réalisateur.trice.s calédonien.ne.s, actuellement visible à la mairie de La Foa et sur les grilles de l’hôtel de ville de Nouméa.
Pour fêter ce quart de siècle, des films de tous horizons sont aussi à l’affiche : des pépites asiatiques, une échappée tunisienne, des histoires de couples… Le Festival de La Foa n’a pas fini de faire voyager et rêver les spectateurs.
La réalisatrice et actrice Valérie Donzelli est l’invitée d’honneur de cette 25e édition. Plusieurs de ses films sont programmés tels que La guerre est déclarée, Main dans la main et son dernier en date, présenté à Cannes, L’amour et les forêts. Des échanges sont prévus à l’issue des séances.
Edwige Blanchon
