Le don du sang au goutte à goutte ?

Le don du sang permet chaque année à de nombreux Calédoniens de survivre. Le centre de don qui assure ce service essentiel rendu par des bénévoles est actuellement à Pacific arcade. Il est prévu qu’il déménage au Médipôle en début d’année prochaine, avec le risque de voir chuter le nombre de donneurs. Un risque qui inquiète.

Chaque année, ce sont près de 3 000 malades qui sont transfusés. Autant de malades qui peuvent être soignés, voire sauvés, grâce au don de soi des donneurs volontaires. Et l’éventail des besoins est beaucoup plus large que l’on peut le penser. Les poches de sang sont notamment utilisées pour traiter des victimes d’accidents de la route ou des mamans qui ont saigné lors d’un accouchement, mais pas seulement. Les transfusions sont également utilisées pour traiter la dengue, maladie qui détériore la production de plaquettes contenues dans le sang qui empêche les saignements, les insuffisances rénales, les opérations programmées mais aussi certains cancers dont les traitements empêchent la moelle osseuse – qui produit les cellules du sang – de fonctionner correctement.

Une augmentation des besoins

L’évolution de la médecine et l’augmentation de l’espérance de vie ont eu des conséquences importantes sur la demande de sang. A partir de 2012, les besoins ont considérablement augmenté et sont passé de 5 000 poches par an à 7 000. Et l’ouverture du service de radiothérapie pourrait encore augmenter ces besoins. Auparavant, les personnes atteintes de cancer étaient évasanées et donc transfusées hors du territoire. La récente ouverture du service ne permet toutefois pas encore d’estimer les besoins à venir.

Pour faire face à ces besoins, le centre de don du sang peut compter sur près de 3 000 donneurs réguliers qui permettent d’alimenter l’hôpital, les cliniques, mais aussi les dispensaires et Wallis-et-Futuna. Pour conserver ce niveau de donneur régulier, le centre doit en trouver environ 1 000 nouveaux par an. Un défi relevé d’année en année et qui passe notamment par des opérations de sensibilisation. L’association qui accompagne le service médical du CHT essaye de visiter chaque lycée du Grand Nouméa au moins une fois par an. Elle effectue également d’autres opérations comme la goutte géante qui consiste à regrouper les plus grand nombre de gens pour faire la photo aérienne de la plus grosse goutte de sang possible.

Mais l’ouverture du Médipôle et la réorganisation complète des services de santé calédonien va également concerner le don du sang. Le centre, qui est le seul du territoire, doit déménager en face du Médipôle. Un déménagement qui inquiète en particulier en raison de l’éloignement du futur centre du bassin de donneurs actuels. En règle général, 90 % des donneurs habitent ou travaillent à 15 minutes maximum du lieu de collecte. Pour la très grande majorité, les dons sont effectués soit le matin avant le travail, soit à la pause déjeuner.

Des inquiétudes liées au déménagement

L’association du don du sang s’en inquiète et devrait lancer un sondage auprès des donneurs dans les quinze jours à venir. Le risque « d’hémorragie » est réel, si le sondage permettra d’affiner les chiffres, le centre pourrait perdre jusqu’à 50 % de ses donneurs. Des études métropolitaines confirment l’importance d’avoir des centres de dons près des donneurs. Si les centres de dons sont proches des donneurs, ce n’est en revanche pas forcément le cas des laboratoires.

Le déménagement pose donc des questions quand à la capacité du centre à renouveler ses donneurs. On peut émettre quelques doutes au regard de la position géographique du Médipôle qui est un centre urbain en devenir et dont la population se vide la journée pour se rendre dans les bassins d’emploi. Le futur éloignement du centre de don a également eu des conséquences pour les cliniques. L’éloignement et le temps de trajets parfois plombé par la circulation ont poussé les cliniques à ouvrir un lieu de stockage au sein de la clinique Magnin de façon à pouvoir parer aux urgences.

Les résultats du sondage de l’association des donneurs de sang devraient apporter des éléments de réflexion que la direction du CHT n’avait pas nécessairement pris en compte au moment de la décision du déménagement. En attendant, il faut continuer de donner.

 


15 jours de stock

Le centre de don du sang dispose de 15 jours de stock, ce qui peut paraître important mais peut fondre comme neige au soleil en cas de pic de besoins. Pour récolter une trentaine de poches qui se conservent pendant 42 jours, le centre doit généralement envoyer 300 SMS pour mobiliser les donneurs.

 

Pour donner son sang, vous pouvez vous rendre au centre de don du sang qui se trouve au pied des tours Pacifique Arcade, à l’entrée de Nouméa. Un questionnaire est à remplir avant de passer un entretien avec un médecin. Le centre est ouvert de 7 h 15 à 14 heures du lundi au jeudi et de 7 h 15 à midi les vendredis et les veilles de jours fériés. Pour plus de renseignements appelez le numéro vert 05 51 00 ou le 25 66 61.